Solitude et regard dans Tout Seul de Chabouté et Les Yeux du chat de Mœbius et Jodorowsky
Mémoire
par
Clio - Levoyer
Sous la direction de Degenève, Jonathan
Maîtrise2010-2011- Université Paris 3- Littérature & linguistique françaises et latines
Paris- France
Mémoire reprenant les bases de la narration en bande dessinée à travers le rapprochement de deux albums ("Tout Seul" et "Les Yeux du chat") qui s’avère extrêmement fructueux tant sur des questions purement narratives que du point de vue symbolique.
mots-clés : regard ; solitude ; silence ; Chabouté, Christophe ; Giraud, Jean ; Moebius ; Jodorowsky, Alejandro
Les bandes dessinées se sont ouvertes en France aux adultes dans les années 70. Aujourd'hui, de nombreux albums ne se limitent pas à une certaine catégorie de lecteurs, mais offrent plusieurs niveaux de compréhension qui font leur richesse et leur profondeur. Le silence, une des caractéristiques qui unifie notre corpus, était initialement utilisé, en BD, dans les œuvres d'humour. Avec Mœbius, il devient une revendication graphique qui s'est normalisée avec le temps. Les deux albums qui nous occuperont – Tout Seul de Chabouté et Les Yeux du chat de Mœbius et Jodorowsky – sans être tout à fait muets, comportent peu de texte et s'appuient beaucoup sur l'image pour la narration de leur histoire. Leurs deux protagonistes (autour desquels ont relèvera peu d'autres personnages) souffrent de ce qu'ils voient ou ne voient pas : pour le héros de Chabouté, la vue porte trop loin (la mer immense, du haut de son phare, ne lui permet par de poser son regard sur quelque chose) ; pour celui des Yeux du chat, c'est l'inverse, sa cécité lui interdit toute perception oculaire. A cela s'ajoute leur isolement qui constitue leur second problème majeur. Tout Seul souffre d'une solitude existentielle, étant à l'écart du monde, et l'aveugle, lui, ressasse, enfermé dans son handicap, le traumatisme de la perte de ses yeux dans un rituel absurde. C'est pourquoi ce travail portera sur le regard et la solitude dans ce corpus. La bande dessinée repose avant tout sur le visuel, du fait de la présence de l'image, et offre comme tout livre l'expérience solitaire de la lecture. Ces thèmes étaient donc particulièrement intéressant à étudier à travers ce médium.