les petites voix de Joann Sfar : étude stylistique des bandes dessinées de Joann Sfar
Mémoire
par
Delphine - Réveillac
Sous la direction de Dürrenmatt, Jacques
Master 12009-2010- Université Toulouse Le Mirail- Lettres, philosophie, et musique
Toulouse- France
Étude stylistique des bandes dessinées de Joann Sfar des années 2000, à travers le concept de "voix". La première partie porte sur la narration : celle-ci se développe sur plusieurs niveaux qui entrent en résonance voire en conflit. La deuxième partie porte sur l’intertextualité et la façon dont Sfar exploite ses références culturelles.
mots-clés : narration ; intertextualité ; conte ; animaux ; Sfar, Joann ; Blain, Christophe
Sfar désigne à plusieurs reprises ses personnages comme autant de "petites voix" qui demandent à s'exprimer. Mais il y a chez Sfar des personnages différents qui ont le même visage, et des visages différents qui sont autant d’aspects d’un même personnage. Le concept de « voix » est donc plus flou et plus large qu’il n’en a l’air. C’est précisément ce que ce mémoire tente d’éclaircir. Il ne s’agit pas d'une analyse exhaustive de chacune des œuvres du corpus, mais d'un aperçu du travail de Sfar à travers certains points qui lui sont spécifiques, en particulier sa manière personnelle d’exploiter et d'explorer les ressources de la bande dessinée. Les voix, ce sont d’abord celles qui racontent, or il se trouve que chez Sfar la dimension narrative est particulièrement importante. Nous proposons donc dans un premier temps une analyse des voix narratives chez Sfar. Il y a dans les œuvres de Sfar de multiples voix qui cohabitent et se font le relais, auprès du lecteur, d’autres voix. Ces autres voix sont issues de l’intertextualité qui constitue le deuxième aspect fondamental des œuvres de Sfar. Ces deux angles de la narration et de l’intertextualité sont par ailleurs au cœur des études littéraires, justifiant ainsi l’intérêt de l’étude des bandes dessinées dans le cadre d’études de Lettres. La bande dessinée telle que la conçoit Sfar exploite à fond les champs du possible en matière de narration et d’intertextualité. Elle ouvre des voies nouvelles jouant sur la temporalité de la lecture : tension entre récit et tableau, mais aussi jeu sur la simultanéité entre image et texte. Elle ouvre ainsi sur une littérature à plusieurs plans, pas seulement plan de l’écrit/plan du dessin, mais aussi plan de la planche, plan de la case, et à l’intérieur de la case les différents plans de l’image, le récit se déroulant au premier plan, mais aussi en arrière plan, celui que l’on remarque à la deuxième lecture. La bande dessinée de Sfar invite à la lecture, à la contemplation, et à la relecture.