le nouveau musée de la bande dessinée de la ville d’Angoulême réalisé par Jean-François Bodin
Mémoire
par
Charlotte - Casset
Sous la direction de Massu, Claude
master 12009-2010- Université Paris 1- Histoire de l'Art
Paris- France
Ce travail universitaire aborde les problématiques de la mise en exposition de la bande dessinée en s’appuyant sur l’analyse du second musée de la bande dessinée d’Angoulême, ouvert en juin 2009. A travers un long processus d’analyses et de comparaisons entre expositions passées et musées (entres autres), ce mémoire met en exergue les raisons pour lesquelles le nouveau musée, unique en France, se présente comme étant le résultat d’un long processus de respectabilité et d’intellectualisation.
mots-clés : musée ; Angoulême ; exposition ; scénographie ; statut culturel ; muséographie ; Bodin, Jean-François ; Castro, Roland ; Remond, Jean ; Deshoulières, Dominique ; Magelis
Cette étude aborde la question d’un musée de bande dessinée en tant que tel, avec tout ce que cela induit comme réflexion patrimoniale mais aussi architecturale, muséographique, muséologique, sociologique et historique. C’est une analyse, et de l’architecture, et de l’exposition, s’imbriquant inéluctablement pour présenter une collection de neuvième art. Ainsi, la réflexion est plus portée sur la relation entre la bande dessinée et d’autres entités de différentes échelles, telles que la ville, le quartier, le musée, la salle d’exposition, le visiteur, l’œuvre. La ville d’Angoulême est mondialement reconnue comme étant la «capitale de la bande dessinée» par l’intermédiaire d’un évènement éphémère de 4 jours, le Festival International de la Bande Dessinée. Progressivement, la ville a pérennisé et affirmé cette identité culturelle à travers, notamment, le Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image. Réalisée par Roland Castro et Jean Remond au début des années 1990, cette institution donnait naissance au premier musée français dédié uniquement au neuvième art. Pourtant reconnu immédiatement comme emblème de la ville, ce musée s’est malheureusement très vite trouvé inadapté à la conservation et la présentation des collections. En seulement une dizaine d’années, ses espaces d’expositions ferment pour être requalifiés et transférés dans un lieu plus digne. C’est ainsi que naît un second musée de la bande dessinée dans la même ville. Inauguré le 19 juin 2009, le nouveau musée d’Angoulême résulte d’un long travail réfléchi et expérimental d’une dizaine d’années. L’aménagement du nouveau musée de la bande dessinée a été confié à Jean-François Bodin, architecte-muséographe primé de références. Par l’intermédiaire de cet art séquentiel si particulier, il a instauré de nouveaux codes scénographiques et muséographiques afin de l’affirmer en tant qu’art à part entière et ainsi lui conférer une plus haute respectabilité. _ L’architecte n’avait pas beaucoup de référents sur lesquels s’appuyer pour définir un parti pris singulier et répondre aux horizons d’attente des récepteurs. Le seul musée en activité voué au neuvième art se trouve à Bruxelles, fief de cet art reconnu comme tel. Hormis cette institution belge, quelques expositions s’étaient tenues en France depuis les années 1960. _ La comparaison de ces différentes scénographies permet d’établir un parallèle entre l’évolution de la typologie des expositions et l’évolution de la considération du public vis-à-vis de cet art. La bande dessinée est un art et un phénomène culturel complexe. L’exposer l’est également : la planche originale est une matrice destinée d’abord à n’être qu’un moule pour le produit fini qu’est l’album. Elle ne constitue qu’un fragment d’une œuvre consommable. Exposée dans un musée, la planche est détournée de sa fonction initiale afin d’être contemplée et acquérir désormais le statut d’œuvre d’art à part entière. La bande dessinée est née il y a plus d’un siècle mais cela ne fait qu’une cinquantaine d’années qu’elle est exposée et moins d’une dizaine d’années qu’elle a ce réel statut d’exception.