fables du « moi » dans la bande dessinée contemporaine
Mémoire
par
Samuel - Bessin
Sous la direction de Linares, Serge
Master 12009-2010- Université Rouen- Lettres Modernes
Rouen- France
Ce travail interroge les spécificités de l’approche autobiographique dans la bande dessinée contemporaine, ses apports artistiques et idéologiques.
mots-clés : autobiographie ; autofiction ; Larcenet, Manu ; Ka, Olivier ; Vivès, Bastien
« L'écriture de soi en bande dessinée poursuit-elle, comme le laisse croire l'emploi parfois abusif de « bande dessinée autobiographique » par la critique journalistique, les mêmes chimères théoriques que la littérature ? Médium en vogue, la bande dessinée se dote avec une remarquable célérité d'un appareil critique de plus en plus varié et auscultant la moindre de ses ramifications, de l'hybridation entre le texte et l'image à l'étude de son marché. Néanmoins, en raison de la nécessité pressante de rendre compte de mutations aussi brutales qu'hétéroclites, elle est contrainte d'emprunter à d'autres médiums des concepts immédiatement exploitables, délaissant parfois l'histoire de la formation du concept et sa relation au médium d'origine. L'usage arbitraire du concept d'autobiographie en bande dessinée paraît ainsi occulter l'initiative structuraliste qui le fonde selon des procédés stylistiques et des pratiques extrêmement codifiés, propres au roman d'influence réaliste. Ainsi, il est nécessaire de redéfinir ces concepts de sorte qu'ils soient applicables, sans la dénaturer, à la bande dessinée afin d'en mieux cerner les spécificités et les apports artistiques et idéologiques. En observant, de paire, le sort fait à l'espace autobiographique dans la littérature contemporaine – ainsi que sa critique – et l'appropriation particulière du récit de soi par la bande dessinée, il s'agit d'appréhender une des nombreuses veines d'écriture du « moi » en bande dessinée dans une perspective moins générique qu'heuristique. _ Ce mémoire n'est donc pas consacré à l'étude minutieuse des structures internes communes d'un corpus précisément autobiographique, mais participe à la définition d'un courant d'idée plus effus, porteur d'une nouvelle affirmation du « moi », propre à la bande dessinée mais parallèle, voire perméable, au développement littéraire et extra-littéraire de l'écriture autofictionnelle. Ainsi, c'est autour de cette idée « d'approximativement », récurrente dans l'œuvre de Lewis Trondheim, que l'on se propose d'étudier les implications d'une esthétique graphique et narrative à tendance hyperonymique, altérant la précision du biographique par son élargissement sémantique, dans l'élaboration d'une définition du « moi » par son éclatement dans le non-moi fictionnel. »