un inventaire des pandémies dans la bd :
de la peste à la covid-19
[Février 2021]
« Des jours de terreur vont venir !... La fin du monde est proche !… Tout le monde va périr !.. Et les survivants […] auront la peste, la rougeole et le choléra !...... Oui, nous aurons la peste !... La peste bubonique !... Et le choléra !... Et ce sera la fin du monde […] »
Hergé, L’Étoile mystérieuse, 1941.
Peste, rougeole et choléra dont nous menace le prophète fou Philippulus ne sont ni placés sur un même plan par la bande dessinée ni au premier rang des préoccupations. Ce ne sont plus la rougeole et le choléra, mais les grippes qui le disputent à la peste. Histoire d’aggraver les choses, le 9e art se complaît désormais à forger des maladies chimériques, comme la bactérie de la peste mêlée à une salmonelle hospitalière dans le manga Contamination [1] ou encore, fabriqué en laboratoire, un virus combinant les caractéristiques de la variole porcine, de la grippe aviaire et du sida [2].
Sylvain Ricard et Rica,
Virus, t. 1, Incubation, Delcourt, 2019.
Les maladies virales faisaient déjà peur au milieu du XXe siècle. Dans Le Pèlerin, en 1956, le « virus à action éphémère mais foudroyante, qui détruit radicalement toutes les cellules vivantes » dans Pat’apouf et le virus de la mort, de Gervy, était dit « mille fois plus redoutable que les effets de la plus puissante des bombes atomiques » [3]. Aujourd’hui, les fléaux sanitaires sont en passe de l’emporter sur les autres terreurs de notre temps, les catastrophes nucléaires et climatiques, quand ils ne s’enchevêtrent pas, ajoutant encore à l’atmosphère de fin du monde.
Depuis les grandes peurs liées aux alertes grippales des années 2000-2010, le nombre d’albums, de comic books et surtout de mangas portant sur des pandémies apocalyptiques de futurs immédiat, lointain ou de mondes dystopiques est en forte recrudescence. L’idée du virus « mutant », à laquelle le coronavirus est en train de nous familiariser, au cœur de plusieurs scénarios [4], a été développée dans la série Tanatha, visionnaire : « Non seulement le vaccin n’a pas été trouvé, mais, par le fait de la pression évolutive, le virus a muté, de sorte qu’il en existe à présent un peu plus d’une centaine de variantes, toutes aussi implacables les unes que les autres » [5]. En vérité, la BD a pleinement anticipé, mieux que les politiques, les risques sanitaires du XXIe siècle.
Elle a aussi fait preuve de beaucoup d’imagination. Les virus de papier savent cibler leur public : ils touchent tantôt les femmes, tantôt les jeunes, tantôt seulement les hommes, [6] ce qui entraîne l’idée terrifiante, émise dans Le Pavillon des hommes, que « C’est le monde entier qui va finir par disparaître » [7] et impose, comme dans Y Le dernier homme, l’impératif biologique de se reproduire pour « empêcher l’extinction de l’espèce humaine ».
Tous ces virus qui condamnent l’humanité à la disparition ont vocation à s’abattre sur la planète à plus ou moins long terme : dès 2020 pour Zoo York City, où un virus fulgurant dénommé Césium 6 métamorphose les humains en bêtes [8], en 2030 pour Soleil froid [9], dans un XXIe siècle punk-rock dans Janski Beeeats, où un « virus ultra-contagieux » transforme la population en mutants cannibales [10], en 2140 pour Soon [11], en 5612 dans le Cycle de Nibiru, où l’humanité anémiée s’entretue pour le contrôle du sang… [12]
I. Quand les épidémies ravagent la BD
Pour décimer l’espèce humaine, les scénaristes de BD ont à leur disposition un panel historique complet de fléaux sanitaires. Ils ne s’en contentent plus. S’il leur faut en inventer de nouveaux, c’est parce que cet éventail de possibilités est plus réduit qu’il n’y paraît : la plupart des maladies infectieuses ne tuent pas ou plus leurs porteurs, grâce aux progrès de la médecine.
Colo, Aujourd’hui est un beau jour pour mourir, Éditions du Long bec, 2018
Les fléaux vaincus
Une aventure de Jeannette Pointu indique que, désormais, les « six maladies mortelles » qui accablent le Tiers Monde, la rougeole, la coqueluche, le tétanos, la diphtérie, la tuberculose et la poliomyélite, peuvent toutes être éradiquées lors de grandes campagnes de vaccination pour la somme dérisoire de 5 dollars par enfant [13]… Ces maladies, qui n’affectent plus l’Occident ou se soignent d’une simple injection, sont donc de moins en moins intéressantes sur le plan narratif.
Nombreuses sont les histoires qui utilisent le ressort dramatique de la maladie [14]. En ce qui concerne les épidémies et pandémies, le corpus consulté avoisine les 400 titres [15], dont près d’un tiers sous forme d’albums et de mangas, le reste étant composé d’histoires courtes ou, surtout avant les années 30, de cartoons. S’y ajoutent des dessins publicitaires humoristiques, exécutés par des dessinateurs anonymes ou connus des lecteurs d’illustrés.
Un quart des titres concerne les micro-organismes et les maladies virales en général, y compris les virus indéterminés, inconnus, imaginaires ou extra-terrestres… Le rhume (80 titres) a été épidémique dans la BD des années 50-70. Trop répandu, il lui faut maintenant, pour survivre, trouver de nouvelles cibles, tels les hommes préhistoriques dans une histoire de voyage dans le temps [16]. Il est délaissé au profit de la grippe qui connaît une faveur grandissante : 89 occurrences, dont 29 cartoons antérieurs à 1918 et 24 dessins et pages de BD portant sur la grippe espagnole de 1918-1919. La prise de conscience du caractère pandémique de l’influenza est ancienne. Les dessins humoristiques en font état dès le milieu du XIXe siècle. Même les réclames pour les produits pharmaceutiques s’en font l’écho quand on lit, en 1901, à propos des pastilles Géraudel dont l’inventeur, un pharmacien, était aussi le commanditaire du journal illustré Le Courrier français, qu’en prendre assurera « des millions d’existence préservées » [17].
« La grippe faisant le tour du monde »,
Le Charivari, 30 mars 1851. Source : Gallica, BnF.
La peste (41 titres et 7 autres maladies qui lui sont comparées) est mise en lumière grâce à la bande dessinée historique. Avec ses horribles symptômes et sa mortalité de masse, son image nourrit encore nos peurs [18].
Du sida (29 titres et 8 maladies dystopiques directement inspirées du VIH), on ne meurt plus comme au début. Les progrès de la thérapeutique ont transformé cette maladie mortelle et terrifiante en condition chronique dont on parvient à s’accommoder : elle a perdu de sa puissance dramaturgique.
Les maladies dites infantiles, bien plus dangereuses quand elles sont contractées à l’âge adulte, ont peu de succès. Sur un siècle, on trouve onze références à la variole, six à la rougeole, mais trois seulement à la poliomyélite, deux aux oreillons et à la diphtérie, une à la coqueluche et à la scarlatine, à laquelle fait allusion un gag de L’Affaire Tournesol. Encore certaines histoires ne font-elles que les citer. D’autres invitent à les combattre, par exemple à l’aide d’affiches de propagande vaccinale incrustées dans l’image. Ce procédé a été adopté par les comics américains pour la lutte contre la poliomyélite, maladie virale qui faisait des dizaines de milliers de victimes aux États-Unis dans les années 40 et pour l’éradication de laquelle une Fondation avait été créée.
McEvoy et Striebel, « Dixie Dugan »,
The Indianapolis Sunday Star,
6 février 1944.
Les pandémies du Tiers Monde ont encore moins de succès. Cinq titres seulement concernent le paludisme (ou malaria) que les Italiens ont prétendu avoir vaincu dans les années Trente [19]. Pourtant, c’est la maladie infectieuse qui tue le plus au monde, et de loin.
« È morta la malaria ». Antonio Rubino, « Dado il ballilino »,
Corriere dei Piccoli, XXVe année, No.28, 9 juillet 1933.
Les autres maladies tropicales sont quasi inexistantes : la fièvre jaune n’apparaît que deux fois. La dengue, une infection virale, est figurée une seule fois, par Géo Smile (alias Georges Méliès), sous la forme d’un géant cruel et griffu à la coiffe de sphynx : elle portait, entre autres noms, celui de « fièvre des dattes » dont on savait qu’elle frappait l’Égypte [20].
Les maladies oubliées : de la tuberculose à la rage
La BD n’a plus guère à traiter de certaines affections autrefois très répandues, comme la méningite (une seule référence) ou la tuberculose (treize titres). Ce fut pourtant « la plus grave de toutes les maladies », comme l’explique en 1917 l’Institut Rockefeller dans un fascicule illustré qui nous informe qu’« un Français [en] meurt toutes les six minutes » [21].
Paris, Fondation Rockefeller, v. 1917.
Très romanesque, mais peu spectaculaire, elle a beaucoup tué. Elle a aussi fait couler beaucoup de larmes… dans la vie comme au théâtre. Nadar se gausse d’une représentation de La Dame aux camélias ; Jacques Pecnard, dans les strips verticaux de France-Soir, en 1951-1952, illustre la « vraie histoire » de l’héroïne ayant inspiré l’amour et le récit à Alexandre Dumas Fils : Alphonsine (Marie) Plessis [22]. Les auteurs de BD ont redécouvert cette maladie infectieuse au cours de la dernière décennie [23].
Nadar, Les Folies parisiennes.
Vents d’Ouest, 2011.
Sur plus d’un siècle, on ne relève que douze titres faisant référence à la rage, ce qui est assez peu : elle était si redoutée que les illustrés, encore en 1919, mettaient en garde les enfants des campagnes contre le risque de morsure [24].
La lèpre (vingt et une occurrences) a surtout suscité l’intérêt dans des albums didactiques spécialisés dans l’histoire des sciences ou de la période médiévale. Cette maladie apparaît aussi dans des histoires de voyages dans le temps qui permettent de montrer aux lecteurs l’« horrible spectacle » que le Moyen Âge oppose au monde moderne [25].
Les sales maladies : la typhoïde et le choléra
À la fièvre typhoïde (une salmonellose digestive), qui frappait depuis l’Antiquité, sept titres ou cartoons font référence. C’est ce type de « péril fécal » qui, dans Le Mystère Borg, menace le village suisse où Lefranc et Jeanjean sont venus faire du ski, interdisant toute autre boisson que la neige bouillie et imposant une stricte quarantaine [26]. Le choléra (seize occurrences) se transmet par contact manuel et se propage par l’eau. Associé à la peste grâce à une ancienne locution populaire, encore illustrée en couverture de L’Assiette au beurre en octobre 1913, il sévit tout au long d’un XIXe siècle traversé, en France, par cinq pandémies dépassant chacune les 100 000 morts, et qui s’achève, en 1892, par la découverte du vaccin, immédiatement célébrée dans les journaux illustrés [27].
Ces maladies n’ont pas bonne presse. Si les vomissements et les diarrhées cholériques comme allégories de sentiments politiques font l’objet d’images explicites chez les caricaturistes des années 1830-1913, par la suite, les dessinateurs en éludent les symptômes… dont le plus frappant est contraire aux bonnes mœurs : on imagine aisément la raison pour laquelle les diarrhées sont systématiquement absentes de l’iconographie.
Les « maladies honteuses » : syphilis et autres MST
D’autres affections doivent rester cachées derrière un voile pudique, comme la syphilis qui a fait l’objet d’une crainte collective aiguë, au point qu’un médecin, en 1902, s’est déclaré convaincu de la « syphilisation inéluctable de toute l’espèce humaine » [28]. En dépit de cette croyance en une pandémie syphilitique, on ne relève que quatre références à cette infection, treize pour les autres IST (Infections Sexuellement Transmissibles). Qui plus est, ces mentions sont allusives à deux exceptions près : en temps de guerre, pour l’instruction des soldats [29], et après la révolution sexuelle, dans les « funnies » du journal Playboy qui, en août 1973, salue la parution d’un comic book éducatif underground sur les MST : Facts O’Life Funnies.
8e année, No.380, 15 février 1902.
L’immoralité d’une telle affection fait qu’on préfère la dissimuler. Même dans la propagande sanitaire, on ne prononce pas son nom. On l’élude en employant la locution pudique de « séductions de la rue », contre lesquelles, en 1917, une affiche de Steinlein met en garde les soldats français [30].
Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1916. Das Plakat, janvier 1917.
En France, même si Tardi fait une allusion parodique au « chancre mou » en 1974 [31], il faut attendre les années 2000 pour que le voile soit levé sur la reine des maladies vénériennes et qu’en soient montrés les ravages – seulement pour un passé lointain [32].
Helldorado, Santa Maladria, t. 1, Casterman, 2006.
Les nouvelles maladies : Ebola et Covid-19
Face aux anciennes épidémies, les maladies émergentes ont un vif succès, mais pas toutes… S’il n’est pas souvent mis en scène (dix titres y font au moins une allusion), l’ebolavirus a fortement impressionné l’imaginaire des auteurs. Bien que souvent suspectée dans les séries pandémiques telles que Emerging, Tatanka, Fièvre ou Virus [33], la fièvre Ebola reste une des maladies les moins représentées par la BD. On peut se demander pourquoi : il bénéficie de symptômes spectaculaires et d’une contagiosité extrême, mais, peut-être parce qu’il n’a pas atteint l’Occident, il n’a guère suscité l’intérêt. Seule la menace bioterroriste justifie son emploi scénaristique. Dans Contagion, une aventure de Batman, comme dans Ebola, c’est de manière criminelle et de laboratoires secrets, en général russes, que s’échappent des ebolavirus artificiels, là créés par une secte fin-du-mondiste fanatique [34], ici manipulés par des savants à la solde de la Russie [35]. L’argument de cette intrigue est que la souche Ebola-Zaïre, la plus mortelle de toutes, est paradoxalement trop foudroyante pour se propager : les malades meurent avant de pouvoir contaminer autrui. En la rendant plus latente, on obtiendrait « la pire calamité qui ait jamais existé sur Terre ».
Il est encore trop tôt pour juger du succès potentiel de la Covid-19, mais elle est desservie par le fait qu’elle ne présente pas de symptômes visuels frappants et que, si ses mutations inquiètent, elle n’est pas (encore ?) assez létale pour susciter la terreur. Néanmoins, en janvier 2021, on trouve déjà en France plus de seize albums et recueils de dessins de presse qui traitent de cette maladie, sans compter de très nombreux cartoons publiés dans des journaux ou sur le net. Si nul ne se risque à l’envisager comme une pandémie mortelle digne d’une fiction apocalyptique, il y a pourtant fort à parier que les coronavirus supplanteront les grippes dans les pandémies de fiction des prochaines années. La Covid-19 mérite d’être étudiée en tant que telle, mais mieux vaut attendre que le corpus s’enrichisse encore et, pour le moment, se concentrer sur les trois types d’épidémies qui ont été ou sont encore les stars de la BD : le VIH, les grippes et la peste.
II. Des maladies phare
VIH et sida
En novembre 1981, dans la rubrique « Forum newsfront » du magazine Playboy, une notule signale que des médecins ont découvert « an extremely rare and unusually lethal form of cancer, Karposi’s sarcoma, in 41 male homosexuals. Again, the connection with homosexuality is not known and the disease is not believed to be contagious. […] ». C’est la première mention du sida dans les colonnes de ce magazine attentif à tout ce qui touche à la vie sexuelle humaine – et qui publie des « funnies ».
Un temps de latence a été nécessaire avant que les dessinateurs de BD ne découvrent à leur tour cette thématique. Il faut attendre 1987 pour que, dans un strip publié dans le même journal, une allusion soit faite à cette maladie, alors comparée à la syphilis ; puis un dossier de cartoons est consacré à l’« AIDS » dans sa rubrique « Forum » [36]. La même année, en France, paraît le premier album proposant aux lecteurs des conseils prophylactiques [37]. Dès lors, le 9e art se mobilise en faveur de la prévention et « s’empare du latex » avec l’aide de signatures prestigieuses, Moebius, Margerin, Varenne, Mézière, Wolinski et bien d’autres [38].
Il n’est pas facile de mettre en scène une maladie contemporaine aussi cruelle. Sept ans après la découverte du sida, un album de Pierre Tombal évoque le risque de l’ostracisation des malades en montrant, vue à la jumelle, la tombe d’un contaminé soigneusement isolée des autres [39]... L’année suivante, les Scrameustaches se retrouvent victimes d’une nouvelle maladie, transmissible par le baiser, au nom transparent de Surinfection Insidieuse De l’Antenne. [40]. Ces deux incidences, relevées par les auteurs de l’ouvrage sur La Santé dans la bande dessinée, font l’objet de réflexions perplexes sur leur pertinence. L’humour de Pierre Tombal se serait exercé « aux dépens des sidéens ». « N’y a-t-il pas quelque chose de choquant dans les gags imaginés pour Pierre Tombal […] ? » De l’album des Scrameustaches, « On ne sait trop que penser […] »… [41]
Pour les auteurs de BD plus « adulte », on ne se pose pas la question : sur cette maladie, ils savent ouvrir des horizons aux lecteurs. Certains, comme Gary B. Trudeau, donnent dès 1990 la parole aux malades alités, dans une approche d’une grande originalité. Son héros, Andy Lippincott, diagnostiqué positif en 1989, entre en phase terminale. Toujours figuré de profil et alité, immobile, il se bat avec la maladie et meurt en direct, sous les yeux du lecteur. En même temps, pour dédramatiser la question, sont apparus les « premiers héros séropositifs de la génération sida » invitant à considérer leur maladie de manière moins… négative, en dépit de leurs noms sulfureux, Nicotine Goudron ou René-Typhus [42] !
Chantal Montellier, Paris sur sang. Mystère au Père Lachaise,
Dargaud, 1998.
Puis la BD s’est emparée des scandales pharmaceutiques et politiques, allant du trafic de l’or rouge en Afrique [43] à l’affaire du sang contaminé. Cette focale a ouvert aux auteurs la voie de la comparaison entre la maladie et la corruption, les gouvernants étant eux-mêmes contaminés par cette « sorte de sida politique ». Dans Paris sur sang, où Chantal Montellier a opté pour rendre transparents les noms et les visages des protagonistes de l’affaire, on retrouve, sous les traits d’un docteur Crimetta, le docteur Michel Garretta, un F. Laurenti (Laurent Fabius), un dénommé A. P. Roux (Jacques Roux, directeur général de la Santé), ou encore une certaine G. Delafoix (Georgina Dufoix) [44].
Les autobiographies de malades ou les récits de vie, réels ou imaginaires, se sont imposés dans un dernier temps [45].
Si, dans la société, ce fut la peur paranoïaque de la contagion qui prévalut, tout du moins jusqu’à la connaissance précise des modes de transmission, c’est plutôt du risque de dérives sociales et des conséquences possibles sur les libertés individuelles que s’est inquiétée la BD : ostracisation des malades, instrumentalisation religieuse, voire tentation d’une dictature sanitaire et sexuelle. Par ailleurs, cette maladie, quelque douloureuse qu’elle fût, ne risquait pas de mettre en danger l’avenir de l’humanité. La BD préférant les fins du monde aux fins de vie, les auteurs ont donc injecté des maladies inspirées du sida dans des scénarios dystopiques ou de science-fiction, plus destructeurs. En témoignent deux séries, Péché mortel, de Toff et Béhé, et Tanatha, de Cothias et Dominique Hé.
Péché mortel se déroule dans un futur proche, alors l’an 2000 [46]. Le virus VRH, sexuellement transmissible, bouleverse la société : une milice est chargée de réguler les mœurs, les toxicomanes et les prostituées sont fusillés à vue, le port d’un insigne discriminant de positivité est obligatoire, un passeport de séronégativité est exigé, et les malades sont parqués dans des conditions cauchemardesques. La série Tanatha est contemporaine de l’affaire du sang contaminé. Elle multiplie les allusions au sida comme à cette affaire révélée par la presse en 1991 et dont le procès se tient en 1992 : une manifestation des « victimes du sang contaminé » a d’ailleurs lieu dans son Acte 3 [47]. La comparaison avec le sida est transparente : « Au début, nous pensions sincèrement que le virus ne toucherait que les homosexuels et les drogués » [48]. Elle ne l’est d’ailleurs pas moins dans PEST, une histoire de fantasy où l’on reconnaît les préservatifs : « Je coifferai votre adorable bistouquette de cet adorable bonnet plastifié garanti 100 % anti-pestilence [49]. »
L’histoire de Tanatha se passe au IIIe millénaire, dans une France où Pasteur a été sanctifié et dont la nouvelle devise officielle est « Santé – Égalité – Fraternité ». Une oligarchie richissime et décadente domine une population asservie et infectée par un virus fabriqué en laboratoire, qui a été lâché sur le monde pour châtier « les sodomites et les drogués ». Tanatha, fonctionnaire au ministère de la Santé, est chargée d’éliminer les citoyens désobéissants et « les individus suspectés d’être Séro-P, ainsi que leurs familles ». Leurs proches sont « parqués dans des camps prévus à cet usage ». Les citoyens malades sont obligés d’apposer sur leur vêtement le sigle « VRH + », évoquant le port de l’étoile juive. Crânes rasés, pyjamas rayés et wagons plombés établissent le parallèle avec les camps de la mort nazis. Déjà s’impose l’idée que les pandémies risquent de devenir la « solution finale » de l’humanité.
Les grippes
Il a fallu attendre les épidémies du début du XXIe siècle pour envisager la grippe comme une catastrophe sociétale et un drame personnel [50]. Le caractère meurtrier des grippes a d’abord été considéré avec humour, comme pour la grippe espagnole.
« Un virus s’est échappé », Pif gadget, No.512,
janvier 1979, rééd. Milan, Editiemme, 1979.
Mais les temps ont changé, et les humoristes de 2009, plus lucides que les autorités gouvernementales de 2020, offraient avec un album consacré à la grippe A [51] un masque décoré de phrases du genre : « On va tous crever ». La lecture de l’album est assortie du rappel des gestes barrières : l’injonction « Lavez-vous les mains et tournez la page » est serinée à chaque bas de page. Les contraintes sociales évoquées par l’album – « Le bureau, l’usine, ont fermé leurs portes ? Le pharmacien n’a plus un masque en stock ? Vos enfants ont été mis en quarantaine chez vous ? » – n’ont laissé aucun souvenir chez la plupart d’entre nous. Comment a-t-on pu effacer cet épisode de nos mémoires ?
Guide de survie de la grippe A, Soleil, 2009.
Les grippes se prêtent aisément à l’écriture de scénarios catastrophe. Quand elles ne sont pas dues à un virus nouveau échappé d’un laboratoire militaire, les grippes du futur s’inspirent des pandémies actuelles. La peur est double : d’abord celle d’une folie humaine. « L’homme est aujourd’hui en mesure de créer de toutes pièces des agents pathogènes d’une violence difficilement imaginable, capables sans doute de décimer des pays entiers… voire plus. » [52] Ensuite, celle d’une « folie » naturelle, avec le risque d’une transmission à l’homme d’un virus d’origine animale.
Dès 2010, la BD se fait l’écho de ces peurs suscitées à juste titre par les grippes aviaires : le volume H5N4, de la série Soleil froid, tire son nom d’une souche aviaire et sa 4e de couverture va jusqu’à citer un rapport de l’OMS : « La question n’est pas de savoir si le virus de la grippe aviaire risque de muter pour devenir mortel pour l’homme, mais quand ? » La grippe de la série Virus est de souche aviaire H5N1. Celle de Soon est à l’origine une grippe murine (i.e. porcine) de type H2N2.
Plus floue, la pandémie d’angélisme de Seraphim semble intimement liée à l’omniprésence des oiseaux [53], mais elle invoque aussi d’autres épizooties : la tremblante du mouton ou la maladie de la vache folle. En plus de leurs ailes, les victimes développent une encéphalite spongiforme évoquant ces deux maladies et leurs prions. La vache folle fut, on a tendance à l’oublier, l’une des plus grandes paniques sanitaires du XXe siècle, avec ses millions, voire centaines de millions de morts humaines annoncées.
La peste
Le troisième type de pandémie à recueillir la faveur des auteurs de BD est la peste. À côté d’elle, les autres affections font pâle figure, quand bien même nombreuses sont les maladies présentant des symptômes tout aussi impressionnants et meurtriers. La peste sert de modèle pour la plupart des histoires d’épidémies, même futuristes, de la bande dessinée.
Jalon dans l’histoire de l’humanité, encore présente en France dans les années 1920, la peste a laissé un souvenir vivace. Au milieu du XXe siècle, elle occupe toujours une si grande place dans l’imaginaire que l’écrivain Albert Camus lui consacre un roman. Cette œuvre a inspiré l’auteur du manga Contamination, qui lui emprunte son épigraphe. La Peste de Camus, lue et citée par les protagonistes, joue même un rôle au cœur du récit [54].
Quand la BD donne une leçon d’histoire de la médecine
Le bacille de la peste est identifié à la fin du XIXe siècle. Il est appelé yersinia pestis, du nom de son découvreur, le docteur Alexandre Yersin, héros de la médecine dans les histoires de l’Oncle Paul [55].
« Le Brésil est malade »,
Spirou, No.784, 23 avril 1953.
Ces récits soutiennent les grandes campagnes de vaccination du moment. Au début de l’histoire, les neveux demandent à leur oncle : « Mais enfin, oncle Paul, pourquoi devons-nous nous faire vacciner ? – Nous ne sommes pas malades… ». À la fin de l’histoire, édifiés, ils concluent : « Pas la peine d’en dire plus, oncle Paul. On ira se faire vacciner. » [56]
Paul-Louis Simond qui, lui, a découvert que la puce du rat était le vrai vecteur de la peste, n’a pas eu les honneurs de la BD. Contrairement à celle de l’homme, mise à l’honneur par Godefroy et par Christophe (dans Le Sapeur Camember), ou à celle du chien, figurée par Wilhelm Busch [57], la puce du rat n’a pas eu de succès dans la BD.
Seul Docteur Peste lui rend hommage. La « reine des maladies contagieuses, sombre mal des civilisations, morbide conquérante… », en aurait massacré dix fois plus que d’hommes. « Et qui les pleure, ces malheureuses victimes ? » [58] Le rat, mieux connu, fait la couverture de Quarantaine, de Sam Rictus, album qui, tout comme au Moyen Âge, ignore la puce, et de Faces de rat, de Ptiluc, où les rongeurs lisent d’ailleurs La Peste de Camus, qui les fait rire. Ils ont tort d’être hilares : eux aussi meurent de la peste, et même avant les hommes…
La Peste de Camus.
Ptiluc, Faces de rat, Vents d’Ouest, 1987.
Un modèle historique
La première grande pandémie de peste ayant impacté l’Europe est appelée « justinienne », du nom de l’empereur Justinien. Elle se serait déclarée vers 540, en Égypte, avant de gagner Byzance deux ans plus tard, puis, suivant les routes maritimes commerciales, d’atteindre les côtes italiennes, la France, l’Irlande et l’Angleterre. Ce n’est donc pas sans raison que Foster, historien jusqu’au bout de la plume, met en scène Prince Vaillant, censé vivre au VIe siècle, aux prises avec une « peste rouge ».
Hop-là !, 3e année, No.116, dimanche 25 février 1940.
Peu de bandes dessinées déroulent le fil de son histoire, mais elle apparaît dans les récits de fiction, même ceux dont l’aventure se passe à l’époque contemporaine, car les auteurs en appellent désormais souvent à l’Histoire : « La peste justinienne […] a favorisé l’essor de la chrétienté. L’Amérique a été conquise par les microbes, pas par les hommes. La peste noire a entraîné la modernisation de l’Europe […], et son expansion. », écrit Philippe Pelaez [59].
La peste noire, ou « Grande Peste », causée par le même bacille, atteint l’Occident en 1347. Cette année-là, des cadavres de pestiférés sont catapultés dans la ville de Caffa assiégée, infectant les habitants. Des Génois parviennent à fuir, emportant dans leurs cales des ballots d’étoffes infestés de puces de rats malades de la peste. Le premier lieu contaminé fut donc le port de Gênes. Après avoir dévasté l’Europe de l’Ouest et la Scandinavie, la pandémie allait s’étendre jusqu’aux « vastes plaines » inhabitées de Russie [60]. Dans les aventures de Jhen, où dans La Peste c’est bien un navire génois qui apporte la contamination, comme dans celles de Vasco, les cadavres s’amoncellent, l’odeur est méphitique [61]…
Le Lombard, 2007.
Alors qu’elle a frappé à toutes les périodes de l’Histoire, la peste triomphe surtout dans les récits médiévalisants, et ce, au détriment des périodes moderne et contemporaine. Pourtant, elle se perpétue tout au long des XVe et XVIe siècles, offrant à Jean Dytar l’occasion de la figurer dès la première page de La Vision de Bacchus, qui se situe dans la Venise de 1510 : les habitants toussent, symptôme de la peste pulmonaire, les fossoyeurs masqués par un mouchoir emportent les cadavres et brûlent les vêtements contaminés [62]. La cité des Doges, bien gérée, s’est en effet très tôt organisée pour combattre, puis prévenir les épidémies. Dès le début du XVe siècle, une commission de santé publique fait appliquer la quarantaine, confine les pestiférés étrangers dans un lazaret, organise le ramassage des cadavres, gère une flottille de gondoles funéraires, fait évacuer et murer les maisons infectées, et brûler les vêtements et les draps des malades.
Jean Dytar, La Vision de Bacchus, Delcourt, 2013.
Les XVIIe et XVIIIe siècles ne sont pas davantage épargnés. De la peste de Londres, qui a fait 100 000 morts en en 1664-1665, la BD ne parle qu’au détour d’un autre événement, le grand incendie qui eut lieu l’année suivante et éradiqua l’épidémie par le feu du même coup [63]. La peste de Marseille a fait l’objet de plus d’attention. Dans La Peste blanche, album onirique qui imagine une épidémie d’amnésie frappant la cité phocéenne, le héros, un professeur d’université, dresse un parallèle entre cette mystérieuse maladie et la peste de 1720 [64].
La troisième pandémie qui atteint l’Europe se déroule entre 1900 et 1920. Lorsque Tardi montre Adèle Blanc-Sec terrorisée à l’idée qu’on va lui inoculer la peste [65], il est bien renseigné : il y eut en effet un épisode pesteux à Paris entre 1919 et 1922 !
Le Démon de la Tour Eiffel, Casterman, 1976.
Si le Moyen Âge domine dans les récits de peste, c’est donc à juste titre. La première page de l’album À la vie à la mort, scénarisé par Valérie Theis et Étienne Anheim, actuel directeur de la célèbre revue historique des Annales, en témoigne. La Mort s’y félicite de son action particulièrement à la période médiévale : « […] Beaucoup pensent que j’ai donné le meilleur de moi-même à la fin du Moyen Âge. – Guerre ! Peste ! Famine ! » [66] Cette crise sanitaire apocalyptique reste associée au « bas Moyen Âge », celui des XIVe et XVe siècles, comme la puce au rat. Le poncif d’un Moyen Âge pestiféré est humoristiquement énoncé par Tom Carbone, à l’issue d’un voyage dans le temps : « Je suis condamné à finir mes jours dans ce fichu XIVe siècle, à devoir supporter la peste, l’inquisition, les barbares, la féodalité, Timour [67]. »
De fait, la fameuse série de l’Histoire de France en bande dessinée, chez Larousse, riche en guerres et combats, l’ignore. Pourtant, elle a tué le tiers au moins de la population : plus que n’importe quelle guerre ! Si l’organisation sociale a résisté, les médecins, débordés, étaient incapables d’éviter la contagion. À de rares et heureuses exceptions près, notamment celle de La Vision de Bacchus, les dessinateurs les affublent de masques à « bec de corbeau » qui ont également inspiré les costumes de protection médicaux jusque dans un album steampunk tel que Le Défosseur [68]. Or, cet accessoire est en réalité inspiré d’une gravure satirique de l’Allemand Paul Fürst, datée de 1656 et figurant un médecin, appelé « Docteur Bec », ainsi vêtu pendant une épidémie de peste à Rome. La plupart des titres optent pour cette représentation anachronique mais iconique [69].
Seul Jean-Marc Pontier, dans La Peste blanche, le figure à bon escient : à la période moderne. Quant aux auteurs de La Peste, une aventure de Jhen, ils ont imaginé un masque en tissu proche de ceux que nous portons aujourd’hui, ce qui est tout aussi anachronique que le bec de corbeau : les sources médiévales parlent plutôt de simples chiffons imbibés et enroulés autour de la tête.
La BD a tiré parti de cette apocalypse non seulement en racontant l’histoire « horrible » de la Grande Peste, terme qui revient de manière obsédante, mais aussi en illustrant une des œuvres clé née de cette période : le Décaméron de Boccace, qui montre la fuite des élites italiennes vers les campagnes [70]. L’adaptation en images de cette œuvre oscille entre « fléau de Dieu » et « mise en garde de la nature » [71].
Une matrice dramatique
Si la peste médiévale a connu un tel succès, c’est qu’elle est susceptible d’être de tous les temps, y compris le futur [72]. La préface de Ralph Macchio à l’adaptation en BD du roman de Stephen King, Le Fléau, comme le manga Contamination, posent l’équivalence entre monde médiéval et monde contemporain. Le présentisme des auteurs ne fait qu’accentuer cette impression de continuité. Dans Docteur Peste, les contaminés se font tirer le sang au scalpel (la fameuse saignée) dans des centres de « dépistage » !
Comme au Moyen Âge, la plupart des maladies sont, dans la BD, encore qualifiées de « peste » : ce mot était autrefois un terme générique désignant toutes sortes d’épidémies. L’épidémie de pustules et de transformations zoomorphes qui affecte les jeunes, dans la série Black Hole de Charles Burns, est qualifiée de « teen plague », la « peste ado ». L’étrange épidémie de Lemire, qui touche la même classe d’âge, est aussi appelée « peste » : « the plague, the Affliction, the fucking disease… » [73]
Une maladie pouvant en cacher une autre, la comparaison entre les grandes pandémies du XXe siècle et le fléau médiéval vaut aussi pour « la tuberculose, la grande faucheuse de vie, la peste blanche… » [74] Dans les années 1990, c’est le sida qui lui est systématiquement comparé : le VIH est la « peste » des temps modernes, « la peste de cette fin de vingtième siècle… » [75].
La pandémie aviaire de Soleil froid est appelée « la Grande Peste » et mise en relation avec la Peste noire, dont c’est aussi le nom mais qui « n’avait flingué que 20 % de la population » alors que de cette Grande Peste « 90 % de la population avait disparu » [76]. Ainsi la peste est-elle restée au principe de presque toutes les pandémies de la bande dessinée.
Danièle Alexandre-Bidon et Margot Alexandre
A venir : « Les pandémies : une infectiologie approximative… », troisième et dernière partie de cette étude.
[1] Ao Acato, Contamination, t. 1, Dargaud, (2017) 2018.
[2] Sylvain Ricard et Rica, Virus, t. 1, Incubation, Delcourt, 2019.
[3] Gervy, Pat’apouf et le virus de la mort, rééd. Éditions du Triomphe, 2017, préface de Dominique Petitfaux.
[4] Par exemple Tome et Janry, Virus, Dupuis, 2002.
[5] Patrick Cothias et Dominique Hé, Tanatha, t. 1, Glénat, 1992.
[6] Claude Lacroix et François Bourgeon, Le Cycle de Cyann, t. 1, La Source, Delcourt, octobre 1993 ; t. 2, Six saisons sur Ilʘ, Delcourt, 2014, sq. ; Paul Chadwick, Pia Guerra et Brian K. Vaughan, Y Le dernier homme, Urban Comics/Vertigo Essentiels, 2004, sq.
[7] Fumi Yoshinaga, Le Pavillon des hommes, (2005) 2009.
[8] Anthony B., Zoo York City, Résilience, Y.I.L., 2015.
[9] Jean-Pierre Pécau et Damien, Soleil froid, t. 1, H5N4, Delcourt, 2016.
[10] Janski, Janski Beeeats, Delcourt, 2018.
[11] Benjamin Adam et Thomas Cadène, Soon, Dargaud, 2019.
[12] Izu et Mathieu Moreau, Le Cycle de Nibiru, t. 1, La Loi du sang, Glénat, 2015 ; t. 2, La Fin d’un monde, Glénat, 2015.
[13] Wasterlain, Reportages, Dupuis, 1989.
[14] Voir Pierine Piras et Philippe Videlier, La Santé dans la bande dessinée, Éditions Frison-Roche/CNRS Éditions, 1998.
[15] Un corpus forcément incomplet, en particulier pour ce qui est des mangas non traduits ou des BD publicitaires médico-pharmaceutiques dont nous n’avons pu lire que très peu d’exemplaires. Voir le site https://www.bdmedicales.com/albums/
[16] Cossu et Bocquet, Frnck, t. 3, Le Sacrifice, Dupuis, 2018.
[17] Le Rire, 8e année, No.369, 30 novembre 1901.
[18] Chaillet et Toublanc, Vasco, La Dame noire, Le Lombard, 2007 ; Sam Rictus, Quarantaine, Les Requins marteaux, 2010 ; L’abbé, Docteur Peste, Éditions Lapin, 2016 ; Jacques Martin, P. Teng, J. L. Cornette et J. Frissen, Jhen, La Peste, Casterman, 2017.
[19] Antonio Rubino, « Dado il ballilino », Corriere dei Piccoli, XXVe année, No.28, 9 juillet 1933.
[20] Géo Smile, « L’influenza », La Griffe, No.21, 26 décembre 1880.
[21] Principes d’hygiène, illustrés par G. N. Stephanus, Paris, Fondation, Rockefeller, v. 1917.
[22] Nadar, « Les folies parisiennes », dans Jean-François Bory (éd.), Nadar, t. 2, Dessins et écrits, Paris, Arthur Hubschmid, 1979 ; Paul Gordeaux, La Vraie dame aux camélias, illustrations de J. Pecnard, J’ai Lu, coll. "Les amours célèbres", 1970.
[23] Christophe Bec et Nicolas Sure, Royal Aubrac, Vents d’Ouest, 2011, 2 tomes.
[24] « Chiens enragés », Les Belles images, 16e année, No.783, 28 août 1919 ; Verdini, La Piccola Italiana, 15e année, No.33, 14 juin 1942 ; de nos jours : Nicolas Otero, Confessions d’un enragé, Glénat, 2016.
[25] Pierre Pascal et Pellos, Novopolis, Grenoble, Mars-Aps, 1982.
[26] Jacques Martin, Lefranc, Le Mystère Borg, Casterman, 1965.
[27] Sur l’iconographie du choléra, notamment dans le dessin humoristique et politique, voir Patrice Bourdelais et André Dodin, Visages du choléra, Paris, Belin, 1987, ici p. 162.
[28] Alain Corbin, « La grande peur de la syphilis », dans Jean-Pierre Bardet et al., Peurs et terreurs face à la contagion. Choléra, tuberculose, syphilis, XIXe-XXe siècle, Paris, Fayard, 1988, p. 328-348, ici p. 345.
[29] Sgt. George Baker, « Sex Hygien », 1944, republié dans Playboy, septembre 1975.
[30] Théophile Alexandre Steinlen, affiche, Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1916. Publiée dans Dr. Otto Grautoff, Berlin, « Kriegsgraphik in Frankreich », Das Plakat, janvier 1917.
[31] Tardi, Le Démon des glaces, Dargaud, 1974.
[32] Noé, Morvan et Dragan, Helldorado, t. 1, Santa Maladria, Casterman, 2006.
[33] Joël Callède et Gaël Séjourné, Tatanka, t. 1, Morsures, Delcourt, 2005 ; Philippe Pelaez et Antonio Menin, Fièvre, t. 1, Des bulles dans l’océan, 2017 ; S. Ricard et Rica, Incubation, op. cit.
[34] Rodolpho Damagio, Batman, Contagion, DC, mars-avril 1996, rééd. 2016.
[35] Bartoll et Bonnet, T.N.O. (Terra nostra organization), t. 2, Ebola, Glénat, 2007.
[36] « Magic Bullett », Playboy, juin 1987 ; « Images of AIDS », Playboy, septembre 1987.
[37] Moliterni et Mandryka, Pas de sida pour Miss Poireau, Carrefour b.d./Terre neuve/Gyphar, 1987.
[38] Derib, Jo, Le Lombard, 1991, 1999, album distribué à plus d’un million d’adolescents ; Les Aventures du latex, Carouge, Fondation du Présent, 1991 ; Olivier Taffin, Le Monde est trop petit pour que je t’y laisse seule, Langres, Carrefour santé, 1995, https://olivier.taffin.net/blog/category/bd/index.html ; ajoutons à ces titres l’album illustré de Niki de Saint-Phalle, Le Sida c’est facile à éviter, Flammarion, 1987.
[39] Hardy et Cauvin, Ô suaires, Dupuis, 1988.
[40] Gos et Walt, Les Figueuleuses, Dupuis, 1989.
[41] P. Piras et P. Videlier, La Santé…, op. cit., p. 95 et 97.
[42] Yann et Bodart, Nicotine Goudron, L’Écho des savanes/Albin Michel, 1990 ; L’Incurable Nicotine, L’Écho des savanes/Albin Michel, 1991 ; voir aussi André Taymans, Caroline Baldwin, 1996 sq.
[43] Sicomoro et Moliterni, Sida Connection, Bagheera, 1993.
[44] Chantal Montellier, Paris sur sang. Mystère au Père Lachaise, Dargaud, 1998.
[45] Annie Goetzinger, Jonsson et Knigge, Portraits souvenirs, t. 6, L’Avenir perdu, Les Humanoïdes associés, 1995 ; Tito, Tendre banlieue, t. 11, Le Prof, Casterman, 1996 ; Frederick Peeters, Pilules bleues, Atrabile, 2001 ; Judd Winick, Pedro et moi, Ça et Là, 2018.
[46] Toff et Béhé, Péché mortel, Vents d’Ouest, 1989, rééd. 2010.
[47] Patrick Cothias et Dominique Hé, Tanatha, Glénat, Acte 1, 1992 ; Acte 2, 1993 ; Acte 3, 1994 ; Dernier Acte, 1995.
[48] Patrick Cothias et Dominique Hé, Tanatha, Dernier acte, Glénat, 1995.
[49] Éric Corbeyran et Amaury Bouillez, PEST, t. 1, Le Défosseur, Delcourt, 2004.
[50] Voir par exemple le roman graphique remarquable d’Ulrich Scheel, Influenza, Flblb, 2005 ; notons que l’album Aujourd’hui est un beau jour pour mourir, de Colo (Erstein, Éditions du Long bec, 2018), est dédié à une amie victime de la grippe A en 2013.
[51] Rudo Night Fever et Gruik, Guide de survie de la grippe A, Soleil, 2009.
[52] Sylvain Ricard et Rica, Incubation, op. cit.
[53] Mamoru Oshii et Satoshi Kon, Seraphim ‘266613336 wings’, IMHO, 2013.
[54] Ao Acato, Contamination, t. 3, Dargaud, (2018) 2019.
[55] P. G., « Yersin contre la mort noire », Les plus belles histoires de l’oncle Paul, Spirou, 23e année, No.1184, 22 décembre 1960 ; voir aussi Ferry et Yves Duval, « La grande terreur de Kaffa », Tintin, 38e année, No.23 (404), 7 juin 1983.
[56] Jean Graton, « Le Brésil est malade », Les histoires de l’oncle Paul, Spirou, 16e année, No.784, 23 avril 1953.
[57] Voir J.-M. Doby, Des compagnons de toujours, t. 1, La Puce, chez l’auteur, L’Hermitage, 1996, « La puce dans la bande dessinée », p. 139-144.
[58] Pierre Kerner, « Pulex requiem », préface à L’abbé, Docteur Peste, op. cit.
[59] P. Pelaez et A. Menin, Des bulles dans l’océan, op. cit.
[60] Christopher Hittinger, Le Temps est proche, The Hoochie Coochie, 2012.
[61] P. Teng, J. L. Cornette et J. Frissen, d’après Jacques Martin, Jhen, La Peste, Casterman, 2017 ; Chaillet, « Vasco », Tintin Hebdo, No.323, 1978 ; Id. et Toublanc, La Dame noire, Le Lombard, 2007.
[62] Jean Dytar, La Vision de Bacchus, Delcourt, 2013.
[63] P. G., « Yersin… », op. cit.
[64] Jean-Marc Pontier, La Peste blanche, Les Enfants rouges, 2012.
[65] Tardi, Le Démon de la Tour Eiffel, Casterman, 1976.
[66] Sophie Guerrive, Valérie Theis et Étienne Anheim, À la vie à la mort. Des rois maudits à la guerre de Cent ans, Éditions La Découverte/La Revue dessinée, 2019.
[67] Cromheecke et Letzer, Tom Carbone, t. 2, Mise en boîte, Dupuis, 1992.
[68] É. Corbeyran et A. Bouillet, Le Défosseur, op. cit.
[69] Sophie Guerrive, Capitaine Mulet, Strasbourg, Éditions 2024, 2016 ; Claire Bouilhac, « La peste soit de la peste et des pestiférés », Fluide Glacial, série Or, spécial Histoire de France, « Énigmes, légendes et révélations », avril 2014 ; Chaillet et Toublanc, La Dame noire, op. cit.
[70] Vincent Vanoli, Le Décaméron. Un divertissement d’après Boccace, Angoulême, Ego comme X, 2000.
[71] Dino Attanasio et A. Attanasio, Boccace, Le Décaméron, Bruxelles, Claude Lefrancq éditeur, 1991.
[72] Tardi et Picaret, Polonius, Les Humanoïdes associés, 1977.
[73] Charles Burns, Black Hole, t. 1, Delcourt, (1995) 1998 ; Jeff Lemire, Sweet tooth, t. 1, Urban Comics, 2012.
[74] C. Bec et N. Sure, Royal Aubrac, op. cit.
[75] Sicomoro et Moliterni, Sida Connection, op. cit. ; Charles Jarry, Costa, t. 6, La Sidaïque. The Fafa da Bahia Story, Synopsis Network, 1995.
[76] Jean-Pierre Pécau et Damien, Soleil froid, t. 2, LN, Delcourt, 2017.