Structures et collectif
[Avril 2024]
En France, deux instances ont compté pour la création d’un mouvement bédéphile.
Le Club des bandes dessinées (CBD) créé officiellement en mars 1962, naît dans la revue Fiction en 1961, à travers les discussions de lecteurs consécutives à l’article de Pierre Strinati sur les bandes dessinées de science-fiction des années 1930 (cf. Strinati et l’âge d’or). Ces échanges débouchent rapidement sur des rencontres physiques entre quelques amateurs parisiens qui, quelques mois plus tard, décident de créer le CBD, association à but non lucratif de type 1901. Il s’agit d’un club de livres au service des collectionneurs et amateurs : partages de connaissances à travers un bulletin (Giff-Wiff), rééditions et mise en place d’une bourse d’échanges.
Composition d'un compte-rendu d'assemblée générale du CBD, 1963
En 1964, l’association est rebaptisée Centre d’études des littératures d’expression graphique (CELEG) et évolue en direction du modèle des sociétés savantes. L’équipe dirigeante accueille dans son organisation de nouveaux membres, personnalités du milieu culturel et scientifique, et se dote en particulier d’un comité de parrainage prestigieux (de Federico Fellini à Pierre Lazareff, directeur général de France-Soir). Le CELEG veut désormais être une plateforme rassemblant chercheurs, artistes et journalistes autour de la bande dessinée afin de l’étudier, développer une critique spécifique et la faire reconnaître comme une forme d’expression culturelle fréquentable et créative. Néanmoins, son ambition est plus grande que les investissements réels de ses animateurs, et le CELEG s’éteint en 1967.
La Société d’étude et de recherche des littératures dessinée (Socerlid) est créée, en 1964, par plusieurs membres dissidents du CBD en désaccord avec la gestion de celui-ci. Ce n’est pas une association mais une société d’étude – groupe fermé de cinq hommes réunis autour d'une ambition commune : promouvoir la connaissance de la bande dessinée, aussi bien auprès des néophytes que des amateurs avertis. Ils fondent la revue Phénix et organisent des expositions, conférences, soirées et conventions. La Socerlid propose aussi ses services à différentes instances d’action culturelle (maison de la culture, musée, MJC, syndicats d’initiative, etc.).
Affiche informative pour une réunion de la SFBD, date inconnue
À partir de 1969, elle se dote d’une « association-fille » : ouverte à tous les amateurs de bande dessinée, la Société française de bandes dessinées (SFBD) produit un bulletin et des rééditions à destination de ses adhérents. Mais elle est aussi surtout une structure qui permet à la Socerlid de réunir des fonds pour réaliser ses activités. La Socerlid-SFBD connaît ses grandes heures au tournant des années 1970 avec notamment l’organisation d’un voyage aux États-Unis en avril 1972, pour ses adhérents et plus largement pour les auteurs de bande dessinée français et européens qui ont alors l’occasion d’aller à la rencontre des auteurs des bandes dessinées américaines dont les héros ont marqué leurs lectures de jeunesse.
Programme des soirées de la SFBD, Phénix n° 21, 1940
Pour aller plus loin
Bédéphilie