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Seconde génération de revues

Jean-Charles Andrieu de Levis

[Avril 2024]

Après les publications pionnières arrive une seconde vague de revues qui adoptent progressivement l’angle de la monographie tout en internationalisant leurs études. 

Ran tan plan (1966‑1978) est le cousin direct de Giff-Wiff. Les 36 numéros édités par le Club des amis de la bande dessinée (C.A.B.D.), antenne belge et autonome du CELEG, présentent un sommaire ponctué de rééditions et nourri par des études et analyses fines centrées sur des auteurs tutélaires (Franquin, Tillieux, Morris).

Ran tan plan n° 5, 1967

S’inspirant directement de la revue belge, Jacques Glénat, qui signe alors Glénat-Guttin, crée Schtroumpf en 1966 à l’âge de 17 ans. La formule monographique participe à sa renommée fulgurante et le jeune homme ajoute vite le sous-titre « Les Cahiers de la bande dessinée » (en référence aux fameux Cahiers du cinéma). Mobilisé par ses activités d’éditeur, Glénat passe la main en 1984 à Thierry Groensteen. Celui-ci va faire de la revue un organe de réflexion proche d’une vision universitaire, mêlant tour à tour des articles à tonalité esthétique, stylistique ou encore psychanalytique. Bruno Lecigne, Jean-Pierre Tamine, Thierry Smolderen, Gilles Ciment, ou encore Christian Rosset constituent une nouvelle génération de bédéphiles qui ne vont cesser de défendre la légitimité culturelle de la bande dessinée. Malgré ses qualités indéniables, cette version du magazine s’avère clivante et Glénat reprend les clefs de la revue en 1989, la confiant à Numa Sadoul avant qu’elle ne tire sa révérence en 1990 après son n° 89. 

À gauche : Schtroumpf n° 2, 1969
À droite : Les Cahiers de la bande dessinée n° 56, 1984

En réaction à l’érudition affichée par Schtroumpf apparaît Falatoff en 1971. Ce fanzine subventionné par la MJC de Soisy-sous-Montmorency est animé par Sylvain Insergueix et Jean-Pierre Mercier qui revendiquent deux ambitions : présenter un panorama international de la bande dessinée et faire une place belle à la jeune génération. Le rédactionnel s’organise autour d’interviews d’auteurs et autrices (Gotlib, Druillet, Bretécher…) et de planches graphiquement hétéroclites.

Falatoff n° 0, 1971

Jusqu’en 1977 (38 numéros), Falatoff réalise ainsi un pont entre la création traditionnelle et la scène émergente et compose un ensemble bouillonnant à l’image de la presse parallèle qui fleurit à la même époque.

Pour aller plus loin

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