« Pour suivre les traces de nos aînés » :
Li Kunwu, passeur
[Juin 2017]
« Si je ne le dessine pas, il n’y aura bientôt plus personne pour le faire ». Ainsi s’exprime Li Kunwu, dessinateur autodidacte chinois de 62 ans, journaliste au Yunnan Ribao, qui s’est fait connaître en France il y a une quinzaine d’années avec une bande dessinée en trois tomes, Une vie chinoise, éditée par Kana éditions. Dix bandes dessinées plus tard (les chinois disent Manhua), l’auteur à présent reconnu s’expose dans différents lieux culturels. Ses encres grand format dressent le portrait ethnographique d’une Chine ethnique et reculée en train de disparaître. Le noir et blanc de ses travaux leur confère d’ailleurs l’aura nostalgique des photographies du passé – comme si « ce qu’il dessinait n’existait déjà plus » [1].
Son travail est d’histoire sans être politique ; il s’agit du témoignage, personnel et sensible, d’un homme devenu presque malgré lui, le spectateur-narrateur d’une Chine évanescente.
« Nous n’oublierons jamais notre passage dans le vaste monde » [2] :
la voix de la Chine
Li Kunwu nous raconte la transformation de la Chine et les bouleversements qui l’ont frappée tout au long du XXe siècle. En racontant la vie banale de gens de peu (et au premier chef, la sienne), l’auteur embrasse l’histoire tourmentée d’une nation et d’un peuple qui passèrent en un siècle d’un archaïsme quasi-médiéval à une place dominante dans le concert des nations.
À la fin du XIXe siècle, la Chine féodale gouvernée par la dynastie Mandchoue déclinante des Qing, végète. Son puissant voisin Japonais, propulsé par son ouverture sur l’Occident depuis la restauration de Meiji de 1868, va plusieurs fois venir se nourrir sur la bête, tout comme les puissances européennes. L’époque de la tourmente révolutionnaire, patriotique et communiste, mettra un terme à cette domination étrangère mais s’accompagnera de son lot de turbulences et de volte-face. Tentant de sauver la Chine véritable de ses ennemis extérieurs comme intérieurs, le souffle révolutionnaire met à bas la Chine millénaire. En sortira dès 1978 une Chine moderne, tiraillée entre progrès et tradition, désireuse de rattraper le temps perdu en tentant de sauver ses repères et ses valeurs que plus rien n’arrime. Comme si après avoir sommeillé des siècles au rythme des « transformations silencieuses » [3] de son Classique des mutations (Yi King), la Chine, ce pays du juste milieu, se réveillait soudainement sous l’impact de transformations tonitruantes.
Les manhuas de Li Kunwu ne sont pas des traités d’Histoire, ils sont des fresques romanesques, amples, dans lesquelles le héros, Monsieur Li, traverse les grands moments de son époque ou en déterre les traces. La période maoïste est au cœur de son œuvre, parce qu’elle est a formé ses jeunes années.
Une vie chinoise (2009-2011) et Ma génération (2015) reviennent spécifiquement sur l’histoire de la Chine communiste : des débuts de la république populaire à l’ouverture de Den Xiao Ping, en passant par la révolution culturelle. Tous les récits de Li Kunwu se déroulent dans la Province du Yunnan, au Sud Ouest de l’Empire du Milieu, autour de sa capitale Kunming. Nous ne sommes donc pas au cœur du pouvoir, nous sommes en périphérie. Nous ne suivons pas les grandes décisions du Parti, mais les petites réalités sur le terrain, vécues par une population qui grandit et découvre le monde, baignée dans cette idéologie omniprésente. Dans ces vies simples, les changements débarquent sous forme de militaires dépêchés par la capitale, le peuple apprend les slogans de Mao en les lisant sur les murs et les banderoles officielles, et les enfants se forgent une opinion sur la vie et sur leur futur en apprenant à l’école des chansons de propagande.
La chanson a une place particulière dans l’œuvre de Li Kunwu. Elle ne cherche pas à rendre un « effet de réel », ni à instiller un peu d’exotisme. Elle porte un message. Elle porte le message de la Chine officielle, de la Chine politique, et elle emplit la bouche des enfants, des militaires et de tout un peuple qui s’abreuve sans se nourrir.
L’auteur nous raconte aussi la géographie de sa terre, une terre rurale, vallonnée, aux mains des paysans et des maraîchers – et qui peu à peu se voit délaissée au profit de villes d’acier aux routes goudronnées, pleines de fumée et de publicités. « La terre est morne et morte, et la ville la mange », poétisait Verhaeren – c’était en 1895 et c’était en Europe. À l’autre bout du monde, 80 ans plus tard, les « villes tentaculaires » continuent de prendre le pas sur les « campagnes hallucinées ». Dans ces paysages plus encore que dans son récit, c’est tout le Yunnan qui se dresse et que l’on voit se couvrir des stigmates du progrès, aux cris enthousiastes de sa population qui lit L’Acier est ainsi forgé [4].
« L’eau vive jaillit de la source » [5] : le Tao de la Chine
Li Kunwu nous raconte l’insaisissabilité de la culture chinoise, telle qu’elle essaye de se survivre, brassant large entre habitudes triviales du quotidien et arts majeurs de la culture légitime. Empreintes (2014) s’affronte spécifiquement à cette question, mais le thème court dans toute l’œuvre du maître. Profitant d’un dialogue entre Monsieur Li et son fils parti étudier en Angleterre, l’auteur s’interroge lui aussi sur ce qu’est la culture chinoise. Entre le Kung Fu et l’acupuncture, l’opéra et les nouilles sautées, l’écriture et le confucianisme – à quoi tient l’âme chinoise et, question bien plus urgente, en quoi résiste-t-elle encore ?
Certes la Chine est terre d’accueil des changements, mais ici c’est le rythme effréné des mutations qui inquiète. Au cours de sa méditation, le héros sera amené à suivre une conférence universitaire sur la tradition chinoise. Les mots du conférencier sont sans appel : « Les élèves vont à l’école avec des téléphones portables et des ordinateurs mais ne savent plus écrire avec un crayon (…) La croissance économique rapide doit-elle s’accomplir au prix de l’anéantissement moral et culturel ? » [6]
Le discours est archi-connu et ces paroles sonnent étrangement familières à nos oreilles de Français. Néanmoins chez Li Kunwu, il n’est pas tenu par quelque vieille barbe atrabilaire grincheuse, il sort de la bouche d’une jeune femme brillante, doyenne de son université ! Il faut dire que l’enjeu est sans doute bien plus marqué en Chine où la tradition n’est pas qu’un ingrédient factuel, elle est une valeur. Elle est un élément essentiel. Elle n’est pas un moyen de conserver des valeurs ancestrales, elle est la fin poursuivie, la vertu à préserver.
« Sans transmission, une culture devient comme un homme sans esprit » [7]. La transmission est le point nodal, le levier pour maintenir l’identité du peuple chinois. Quelle transmission ? La transmission aux jeunes générations. Or les jeunes ne se reconnaissent plus dans la voie de leurs pères. « Contrairement à vous qui suivez le destin et qui vous laissez emporter par le courant, nous osons chercher ce que nous voulons et innover » [8]. Quelle réponse plus cinglante pourrait être donnée à la doyenne rappelant que la première vertu de la culture traditionnelle chinoise est morale et veut que « tout Chinois soit le premier à se soucier du pays et le dernier à en profiter, s’attachant d’abord à l’intérêt collectif » [9] ? Le choc des générations est un choc des cultures.
Y a-t-il vraiment une passerelle possible entre ces deux Chines-là ? C’est sans doute tout l’enjeu de l’œuvre de Li Kunwu que de tenter leur conciliation, de chercher leur harmonisation possible, en rêvant de ré-insuffler dans la Chine qui bouge l’esprit de ses ancêtres. À lire Les Pieds bandés (2013) ou Ma génération, on se dit que si Li Kunwu est édité hors de son pays, et sert de pont avec l’Occident, c’est aussi et sans doute d’abord au cœur de la Chine même que son travail de passeur, entre générations, est critique.
« Inaugurons avec enthousiasme une nouvelle ère de modernisation socialiste » [10] : les voies du progrès
Li Kunwu nous raconte l’expansion contrariée du progrès, et les tensions engendrées par l’accélération qu’il impose aux sociétés. Il dresse ainsi un abrégé de l’histoire mondiale, la Chine étant à mi-chemin entre les anciennes grandes puissances colonialistes et les pays dominés laissés en marge du développement technique. Son œuvre illustre une nouvelle fois la confrontation tragique entre progrès technique et progrès humain.
Au début du XXe siècle, en Chine, le progrès était importé. Les Français amenèrent le chemin de fer dans cette région occidentale du Yunnan, les Japonais apportèrent le feu des canons sur la côte Est. Deux formes de domination, l’une douce l’autre guerrière, fondées sur la puissance de la technique, enseignaient à l’Empire du Milieu une dure leçon : que la voie du progrès technique et économique n’était pas une option...
Nul ne sait comment le plan de modernisation lancé par Den Xiao Ping en 1978 a pu se solder par une telle réussite matérielle, accompagnée bien sûr de son cortège d’effets indésirables. L’urbanisation galopante des villes, la massification du confort à l’occidentale, l’invasion des marques de produits de consommation et d’une marchandise mondialisée ne doivent pas passer sous silence les nombreux laissés-pour-compte de cette vague de prospérité, et l’anéantissement de tout ce qui n’y surfe pas.
Le progrès est l’Autre de la mémoire. Chez Li Kunwu, c’est patent et tragique. Ils sont sur deux logiques contradictoires : le progrès est cumulatif, mutagène, il fait table rase des outils obsolètes pour en imposer un meilleur, plus performant, plus efficace – la mémoire est agrégative, sédimentaire, transformatrice, elle réoriente une vision ou un cap en engrangeant de nouvelles émotions, qui engendrent une déclivité.
Progrès et Mémoire sont comme deux voies concurrentes du changement, de la mutation. Pendant des millénaires, la Chine traditionnelle a été une Chine de la mémoire, maintenant ses traditions en se laissant portée par le flot du temps jaillissant d’une source originelle ; voilà que depuis quarante ans, la Chine moderne se veut une Chine du progrès, bouleversant ses modes de vie, cherchant à devenir actrice et moteur de ses transformations, préférant à ses anciennes coutumes des innovations originales exogènes. L’originel contre l’original.
Prises dans cette tension, les sociétés tentent de trouver une voie de résistance. C’est tout le défi que doit relever le musée du chemin de fer, dans l’album La Voie ferrée au dessus des nuages (2013) : il est là pour garder une trace et sauver la mémoire de la première ligne de chemin de fer qui butine les vallées reculées du Yunnan, tandis qu’une nouvelle voie hyper-moderne voudrait la démanteler pour mieux la remplacer. Le progrès d’hier est devenu un élément culturel à sauvegarder contre le nouveau progrès du jour. L’institution muséale, elle-même en difficulté, doit convaincre pour survivre.
Le chemin de fer serpentant dans la vallée est peut-être plus qu’un exemple, il est un emblème. Car dans l’histoire de sa mise en place, se nouent la confrontation avec l’étranger (ici le français), l’humiliation de la domination extérieure (ici l’Occident), le coût du travail servile (avec ses morts et ses brimades) – mais aussi la fierté d’avoir réalisé des ouvrages d’art qui égalent la fameuse Tour Eiffel, le formidable élan des transports qui désenclave une région et la relie au reste du monde, et la dignité d’une province qui y trouve l’un de ses marqueurs identitaires.
« Souviens-toi encore » [11] : les voix de la mémoire
Li Kunwu nous raconte les chemins sinueux de la mémoire, et les moyens disparates du témoignage. Son héros, Monsieur Li, journaliste indépendant, toujours à l’affût d’un point d’histoire oublié de tous, est comme son auteur : un défricheur du passé.
À cet égard, les albums Cicatrices (2014) et La Voie ferrée sont remarquables. Dans le premier, le héros, fouinant sur un marché aux puces puis chez un antiquaire découvre une image précieuse dont nul ne connaît la provenance ni le sens. Son enquête lui apprendra qu’il s’agit d’une sorte de jeu de l’oie narrant l’invasion japonaise de la Chine de 1894. En quête d’informations sur cet épisode, il rencontrera un mystérieux vieux maître, invisible, qui lui remettra des centaines de photographies et de Unes de magazines de ces époques lointaines.
L’enquête de Monsieur Li est traversée de hasards et montre bien les obstacles à surmonter pour faire parler les souvenirs : la mémoire est affaire d’hommes pouvant raconter, d’images pouvant s’interpréter et de mots pouvant être compris. Car Monsieur Li est toujours en butte à ces difficultés : où trouver celui qui se souvient de ? qui peut aujourd’hui comprendre les écrits archivés (en japonais, en français, ou même en vieux dialecte chinois) ? de quoi les images sauvées sont-elles l’image ?
Les entreprises mémorielles, qu’elles soient monumentales (dans un cimetière des étrangers laissé en déshérence ou dans un musée), institutionnelles (à l’université, dans les congrès, ou dans les centres culturels étrangers), documentaires (dans des photos, des livres, des tags muraux, des tracts, des missives), voire objectales (dans des objets d’un temps oublié, comme ces chaussures pour les femmes dont on bandait les pieds) – toutes sont des entreprises en danger. Leur survie n’est pas assurée : pire, elle est sans doute menacée par le souffle insoucieux du progrès technique, économique, morale. Et pourtant ce sont elles qui peuvent encore maintenir un lien avec le passé et apporter une réponse à la question nodale du héros comme du peuple : « Qu’est-ce que la condition chinoise ? »
À ce titre, il incombe à l’auteur de faire des choix artistiques : comment montrer des images dans des bandes dessinées ? Avec Li Kunwu, le médium BD est aussi le lieu de la mutation. Dans La Voie ferrée, des photographies sont annexées à l’album, et se trouvent insérées dans la séquence sous forme de dessins plus foncés, marquant le moment où le fil du récit se suspend pour laisser apparaître sa source première, l’image photographique dont il parle. Avec Cicatrices, le procédé est plus radical encore : la photographie est incorporée dans la séquence, rompant sciemment le style dessiné du manhua. Près de la moitié des cases sont ainsi occupées par des photographies. Il ne reste du médium BD que la pagination, le cadrage au pinceau et quelques phylactères qui continuent la narration. Est-on encore en BD ou a-t-on basculé dans le champ de l’album photo ?
Cicatrices est quasiment un album manifeste, qui traite cette dualité du régime iconique. Mêlant photographie et dessin, on dirait que l’auteur n’a pas su trancher, choisir ce qui servirait le mieux son propos. Ou bien, au contraire, nous donne-t-il exprès à voir cette dichotomie de l’image : d’un côté l’image photographique, servant de témoignage objectif sur les faits advenus ; de l’autre, l’image dessinée, jouant comme une remémoration subjective de faits reconstruits. Cette problématique donne d’ailleurs lieu à une scène cruciale du tome 3 d’Une vie chinoise, où le fil du récit de Monsieur Li est coupé pour revenir sur l’entreprise éditoriale de Li Kunwu expliquant qu’il ne pourra dessiner l’incident de Tian an Men, n’en ayant pas été témoin, et qu’il préfère en quelques planches extra-diégétiques « exprimer tout simplement son opinion » sur un événement qu’il ne mettra pas en scène, ni en dessins.
D’ailleurs, l’appareil photographique apparaît souvent à des moments clés du récit : il est cet objet moderne, hautement technologique, servant à sauvegarder l’événement sous forme d’indices. Un moyen de concilier les deux ennemis – progrès et mémoire – en concentrant d’autres tensions encore : entre technique et culture, entre histoire et intimité. L’appareil photo est un objet-manifeste.
En son absence, le trait de crayon peut prendre le relais et venir fixer un instant recréé, comme lorsque le groupe de jeunes adultes se retrouvent après des années de séparation, et prennent la pose devant un appareil qu’ils savent sans pellicule, juste pour le geste. Un geste qui s’évanouirait sans le pinceau du dessinateur [12]. Car ces deux-là vont de pair. Et le dessinateur est un photographe qui invente, pour dire ce que l’appareil n’a pas pu saisir. La propagande de Mao le savait bien.
De leur mariage, l’image sort magnifiée. Les soldats camarades de l’artiste se le rappellent, eux qui lui demandaient, du fond de leur caserne, de coloriser les photographies noir et blanc de leurs aimées, afin de les rendre plus présents à leur cœur et plus vivaces à leur imagination [13].
Les empreintes sont fragiles : au bout de quelques temps, si nul n’y fait attention, si nul ne vient remettre ses pas dans ceux déjà marqués, elles disparaissent. Les cicatrices sont douloureuses mais surtout édifiantes : encore faut-il que l’on se souvienne de leur mise en garde, de ce qui nous les a infligés, pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs.
Yin et Yang sont les deux motifs auxquels a toujours recours celui qui tente de parler de la Chine. Non pas une binarité mais une dualité, une manière de montrer que les choses ne sont pas une ou ainsi, mais toujours changeantes, labiles, passant de l’ombre à la lumière – et que la vie est un procès qui tire sa positivité de la négativité même [14]. Cet esprit duel est bien aussi à l’œuvre chez Li Kunwu. L’artiste est un passeur. Il pointe ces mutations, ces changements, ces brutales sautes du temps et de l’espace que la Chine semble prendre un malin plaisir à accomplir : entre le passé et le présent, entre le progrès et la tradition, entre le classicisme et la modernité, entre la ruralité et l’urbanité, entre l’intérieur et l’étranger, entre la conservation et le développement. Et dans cette tempête, maintenir le fil pour passer le témoin...
Pascal Krajewski
[1] Citations recueillies lors de la présentation de l’auteur du 27/04/2017, à la Médiathèque José Cabanis de Toulouse.
[2] Allusion à un slogan de Mao. Li Kunwu, Ma génération, tome 2, Bruxelles, Kana, 2015, p. 36.
[3] François Jullien, Les Transformations silencieuses, Paris, Grasset, 2009.
[4] Li Kunwu, Une vie chinoise, tome 2, Bruxelles, Kana, 2009, p. 173.
[5] Li Kunwu, Empreintes, Bruxelles, Kana, 2014, p. 73.
[6] Empreintes, op. cit., p. 113-114.
[7] Ibid., p. 112.
[8] Li Kunwu, Ma génération, tome 2, op. cit., p. 87.
[9] Li Kunwu, Empreintes, op. cit., p. 110.
[10] Li Kunwu, Une vie chinoise, tome 3, Bruxelles, Kana, 2009, p. 23.
[11] Li Kunwu, Empreintes, op. cit., p. 89.
[12] Li Kunwu, Ma génération, tome 1, Bruxelles, Kana, 2015, p. 245-249.
[13] Li Kunwu, Une vie chinoise, tome 2, op. cit.
[14] Francois Jullien, L’Ombre au tableau : Du mal et du négatif, Paris, Seuil, 2004.