MANGER, entretien avec Eleonore Marchal
Entretien avec Eleonore Marchal, autrice de MANGER, publié en 2024 chez Cambourakis. Dans cette première bande dessinée, l’autrice, fraîchement sortie de sa formation nous offre le récit onirique d’une période de la vie de la narratrice, Miss, atteinte de troubles alimentaires. Très fortement inspirée de sa propre histoire et de sa vocation artistique, Eléonore Marchal y dépeint un univers très référencé où la forme du conte déploie symboles et métaphores.
La genèse du livre
Comment cette idée, ce projet, puis ce livre ont-ils émergés, puis trouvés forme ?
Je devais réaliser pour mon master une bande dessinée qui serait suffisamment présentable pour des maisons d’édition. Il me fallait trouver un sujet sur lequel j’avais de la matière et de la motivation pour tenir un long projet. Les troubles du comportement alimentaire se sont révélés comme une évidence car ils prenaient beaucoup de place dans ma vie. Le sujet m’apparaissait comme tabou et en cruel manque de représentations. C’est en marchant dans l’herbe que cette révélation m’est venue, aussi le début commence avec des plaines d’herbes libres.
Mon professeur Thierry Van Hasselt m’a suggéré de commencer par le début de l’histoire, mais ne me rappelant pas quand mon rapport à l’alimentation et au corps a commencé à se dérégler – sans doute en même temps que j’ai pris conscience de mon corps – le début commence avec mon premier souvenir concret en rapport avec les TCA. Il s’agit dont de moi, courant, avec mes amies dans la cour et ma mère qui m’arrête pour me dire que c’est bien, le noir ça m’amincit.
Ensuite, j’ai rassemblé toute la matière possible à ma disposition. J’ai effectué un travail d’écriture et réécriture de mes souvenirs afin de trouver ce qui me revenait et sonnait juste. De nombreuses recherches sur le sujet que j’avais déjà réalisées de manière personnelle y ont contribué. J’ai également fouillé dans mes journaux intimes pour retrouver les états précis dans lesquels je me trouvais et que mes souvenirs avaient adouci. Dans un second temps, quand le projet était bien avancé et que j’en avais assez parlé pour être à l’aise, les recherches ont été complétées par des discussions entre ami·es, avec des connaissances. J’ai ainsi collecté des témoignages pour explorer des facettes que je ne pourrais connaître, comme les TCA chez les personnes hommes cisgenre, trans, autistes, obèses ou encore racisées.
Une fois cette matière en place, je l’ai organisée en 3 parties afin que cela prenne narrativement la forme d’une journée. On passe de l’enfance et des prémices de la maladie, à la fin de l’adolescence et du début des troubles, l’apogée de l’anorexie, et enfin à l’âge adulte pour l’installation de la boulimie et de l’hyperphagie quotidiennes. Le récit se clôt avec une autre journée où la narratrice apprend à se rétablir.
Ce sujet, ces images, étaient-elles déjà présentes dans tes publications précédentes ?
Ce sujet me travaille depuis longtemps, j’ai réalisé en 2017 une BD nommée Café Bleu, publiée en 2020 sous la forme d’un fanzine. Le personnage de Miss cherche des carottes afin de retrouver sa mère qu’elle a perdue. Elle la retrouve dans un café bleu et celle-ci lui fait, entre autres, une remarque : « c’est bien, tu portes du noir, ça t’amincit. »
On y retrouve de MANGER le personnage principal, l’obsession des carottes, la relation ambiguë avec la mère, une réflexion sur le corps ainsi qu’un dessin onirique, très coloré et référencé. Il y a également des scènes chorégraphiées et une ville d’herbes hautes qui poussent sous l’effet de ces danses.

Eleonore Marchal, MANGER, Paris, Cambourakis, 2024, p. 186
Les choix génériques et esthétiques
Le sujet de ton récit, les troubles alimentaires, pourrait laisser penser qu’il va s’agir d’une bande dessinée documentaire ou très clairement autobiographique : pourquoi avoir choisi la forme du conte ?
Utiliser le conte me permet d’une part de rendre plus universelle l’histoire de Miss dont j’ai effacé le prénom, d’autre part de me faire plaisir en créant un univers onirique inspiré de mes rêves, qu’il s’agisse des décors, des personnages pop. Pour moi, cela fait tendre l’histoire vers quelque chose de plus artistique et de plus accessible pour des personnes non concernées. Par ailleurs, j’ai réalisé mon mémoire sur les ressorts de la création en prise avec l’inconscient en m’appuyant tout particulièrement sur La psychanalyse des contes de fées (1976) de Bruno Bettelheim. Cet ouvrage a été une grande source d’inspiration.
Quelle part de toi se retrouve dans le récit et les images ?
Tout. J’aime bien dire que c’est comme si j’avais retiré tout le superflu et mis un déguisement sur la réalité. Aussi la cour de récréation se transforme en un champ d’herbe, ou la maison de mon enfance à un cube chapeauté d’une pyramide, et en face son pin caractéristique. Quasiment tous les personnages sont réels, par exemple les trois super nanas représentent trois de mes ami·es à qui vivaient en colocation, ou les princesses issues de l’univers Disney, mes amies du lycée.
La nourriture est-elle plus qu’un sujet personnel pour toi et si oui qu’est-ce que la forme bande dessinée peut dire d’elle ?
J’aime beaucoup la manière dont la culture japonaise représente avec justesse les plats dans les mangas, ou dans le film Tampopo (de Jūzō Itami,1985). Me concernant et concernant MANGER, même si manger peut être un vrai plaisir, je ne suis pas particulièrement gourmette et il s’agit plutôt d’une histoire de remplissage, qui est un rapport maladif à la nourriture, qui se double d’une obsession pour les aliments interdits. Le personnage de ma BD raconte par exemple combien malgré son ventre gonflé, elle veut encore manger des kilos de chocolat à n’en plus finir.
Tu insères des photos redessinées dans ton récit : sont-elles des documents personnels et si oui pourquoi les redessiner ?
Lors de la création visuelle des personnages, j’ai éprouvé beaucoup de difficultés à trouver celui de la mère. Lui donner les traits de ceux de Jabba le Hutt m’a libérée, puisqu’il s’agit alors évidemment d’une vision subjective : celle de la mère (comme celle-ci l’annonce : « Je ne suis qu’une limace ») puis celle de la fille, qui par ricochet incorpore l’idée. La mère de la mère porte également ce masque de limace des plus ingrats et ce n’est qu’à travers sa silhouette derrière un drap qu’on devine sa forme humaine.
J’ai en effet décalqué des photos personnelles de ma mère dans la BD afin d’offrir une vision objective de la réalité, ce qui permet d’incarner visuellement la dysmorphophobie du personnage de la mère et de l’importance du regard qu’elle porte sur elle et de ses effets sur la perception chez ses enfants. Aussi, cela incarne le décalage entre perception et réalité, moment souvent vécu par les personnes vivant ce type de troubles. On méprise son apparence dans l’instant, puis, un an plus tard, en revoyant une photo, on regrette ce regard.
La forme du conte, la déformation des corps, les références et les pastiches mettent à distance le récit particulièrement mortifère de l’anorexie. Pourquoi ce choix d’une forme de légèreté paradoxale, douce-amère ?
J’ai tenté de reprendre au maximum des éléments de mes rêves pour apporter un côté onirique au récit. J’ai ainsi suivi la logique des émotions en épurant et déguisant la réalité grâce à des références qui font appel à un inconscient collectif, à un univers familier ou bien même à la culture artistique de l’Histoire de l’art.
L’autre grand sujet de ton livre est la couleur, comment fais-tu le lien entre la nourriture et la couleur ? Que montres-tu par-là ?
La volonté du personnage principal de devenir créatrice de couleurs est le fil rouge de MANGER. C’est une manière de parler des rêves, de trouver ce qui nous attire hors de la maladie et de s’y accrocher pour s’émanciper de la maladie.
Tout comme la forme du récit, la représentation de la nourriture peut prendre une forme onirique, très métaphorique. La nourriture ce n’est pas que de la matière ce sont aussi des images : mises en scène des repas mais aussi mises en scène de soi est-ce que cette idée était présente quand tu les dessinais ?
La représentation de la nourriture et ses mises en scènes sont venues naturellement lors du récit du déroulement de la maladie. Le temps et la répétition de mêmes gestes destructeurs sont des données importantes dans le diagnostic des TCA, il fallait donc le montrer de la manière efficace. Je devais donc trouver des moyens de représenter le temps et ces gestes, d'où les pages remplies de carottes qui représente le temps qui passe, les boîtes de carot cakes.
Représenter la nourriture un peu partout – dans les nuages mais aussi dans les toilettes il y a un ananas – renforce la vision obsessionnelle du personnage envers la nourriture, caractéristiques des TCA. L’orque qui intervient dans le récit répond au besoin de montrer une image positive de ce qui est gros. L’orque est un animal fascinant, majestueux, puissant mais aussi obèse. De la même manière que les poils chez les femmes peuvent avoir une double connotation à la fois négative (sale, masculin, manque de discipline) et positive (indépendance, puissance), le poids se prête à différentes interprétations en fonction du contexte et des stigmates. Le but est donc de requestionner les symboles imposés aux personnes grosses et d'en créer des positifs.
Enfin on m'avait conseillé de représenter la nourriture de manière onirique, métaphorique, sous forme de carrés par exemple, de la même manière que les parents sont représentés sous les traits d'animaux. J'y ai réfléchi mais l'ouvrage perdait tout son sens si la nourriture n'était pas représentée comme telle, sachant qu'elle subit déjà un certain onirisme.
Comment as-tu intégré à ton dessin la danse, libératrice pour le corps dans ton livre, ? Pourrait-elle être une métaphore de la création ? Y vois-tu des liens avec le rythme de lecture de la BD ?
La danse est un moment où le corps et la tête sont libres et en même temps totalement présents, à l'opposé de la maladie. Je voulais une fin joyeuse avec du monde, d'où la danse finale, qui est toujours une bonne conclusion. Mais je souhaitais également créer des pauses dans ce récit, lourd tout du long, et cette scène de danse au milieu permet d'offrir des moments de joie au personnage principal, de la même manière qu'il y en a dans la vie d'une personne malade. J'adore danser et c'est très plaisant à dessiner.

Eleonore Marchal, MANGER, Paris, Cambourakis, 2024, p. 66
Les influences et les références
Avais-tu des références en tête d’œuvres graphiques, littéraires ou visuelles qui mettaient en scène la nourriture ? La bande dessinée représente très souvent la nourriture, mais elle en traite finalement peu quand il ne s’agit pas de cuisine et de gourmandise. Avais-tu des œuvres de bande dessinée en tête en particulier, en dessinant cette BD ?
Je n’avais pas d'œuvre de BD en tête, même si je sais qu’il y en a de belles représentations dans des mangas. En revanche, d’autres types d'œuvres s’y trouvent citées : en peinture LesMangeurs de pomme de terre (1885) de Van Gogh, les séries de natures mortes avec des pommes de Cézanne, et bien d’autres natures mortes. En littérature, Biographie de la faim (2004) d’Amélie Nothomb et Thérèse Desqueyroux (1927) de François Mauriac ont été des sources pour moi. Au cinéma et dans les séries, l’apparition de Cassie, un personnage connu pour souffrir de l’anorexie de la série Skins (2007-2013) m’a marquée. J’aurais aimé citer l’excellente série My fat diary (Journal d’une ado hors norme, en français, 2013-2015) : j’avais imaginé toute une séquence que je n’ai finalement pas gardée.
Autant que je sache, il y a peu de représentations des TCA et encore moins de la boulimie dans la culture. Aussi le peu que j’ai croisé est resté gravé dans ma mémoire et je les ai souvent regardées plusieurs fois. Cela a forgé en moi l’envie et le sentiment de nécessité d’un travail plus ambitieux sur les TCA. Il y a quelques représentations de la boulimie dont une avec des sacs remplis de vomi dans la saison 6 de la série française Skam France (2018-2023), de l’anorexie dans To the bone (de Marti Noxon, 2017) et quelques autres exemples isolés et anecdotiques au sein de plus vastes récits.
Les références graphiques à l’animation – en particulier pour enfants – sont très présentes, pourrais-tu nous en dire plus ?
Les dessins animés pour enfants ont quelque chose de réconfortant et de fédérateur, car ils rappellent de bons souvenirs. Leurs personnages incarnent souvent des symboles forts, comme les Super Nanas, à la fois drôles, féministes et émancipatrices. lls sont pour moi un peu les dieux et déesses grecques des années 2000. Pour élargir mes références, j’ai interrogé mes élèves qui ont entre 13 et 15 ans, mais j’ai aussi intégré des œuvres issues de l’histoire de l’art comme les Nanas de Niki de Saint-Phalle par exemple. Je place ainsi toutes mes influences au même niveau.
Ton récit mêle beaucoup de références : que cachent-elles et que montrent-elles ?
Les références permettent en cachant, de raconter davantage, et d’être plus vulnérable. A l’aide d’inspirations dadaïstes, j’écris beaucoup en écriture automatique, cela me permet de déclencher l’écriture et d’aller à l’essentiel. L’usage du masque me permet d’éviter de nommer directement les choses, et de ne pas se restreindre. Par exemple, dessiner mes amies sous la forme de personnages de fiction me permet d’être libre de raconter ce qu’elles ont pu me dire sans craindre de les mettre mal à l’aise. Dessiner la reine de cœur à la place de quelqu’un qui faisait battre plus vite mon cœur me met plus à l’aise. Cela me permet aussi de ne pas occulter certaines facettes de la maladie.

Georgia O'Keefe, Pink Moon over water, huile sur toile, 1924

Eleonore Marchal, MANGER, Paris, Cambourakis, 2024, p. 164
Les choix techniques et éditoriaux
Concernant les couleurs : quels sont les choix techniques, graphiques et d’impression – si tu as eu l’occasion d’en discuter avec ton éditeur – que tu as fait ?
Le format a été choisi avec l’éditeur : légèrement plus petit que le A4, il permet de rendre la BD plus accessible financièrement et attire le regard pour les amateurices de BD alternative. J’ai été très libre concernant la maquette : la graphiste m’a envoyé le patron de la couverture et j’ai choisi et réalisé entièrement le dessin. Au début l’éditeur hésitait avec une couverture souple à rabats. Pour mettre en valeur l’ouvrage malgré tout, une idée m’était venue en en discutant avec des ami·es : illustrer les pages de garde avec un fond foncé décoré de carottes. Finalement, à ma grande joie, la couverture cartonnée, pourtant plus onéreuse, a été retenue car cela allait bien avec l’objet. Concernant le papier, je n’ai pas vu de tests. Elles auraient pu être plus vives sur d’autres types de papier, mais le toucher du papier est plus doux.
Sur quel format et avec quels outils travailles-tu ? Comment ton corps se trouve très concrètement engagé dans la création ?
Je travaille en premier sur des feuilles papiers machine avec mon critérium et ma gomme. Puis j’encre mes planches sur des feuilles avec un grammage légèrement plus épais avec un Rotring à l’encre de Chine. Je scanne mes planches et travaille la couleur sur Photoshop. Je fais de nombreux tests de couleurs et m’inspire entre autres de photos et peintures tirées de l’histoire de l’art. J’y ajoute une texture feutre que j’ai créée manuellement il y a quelques années, ce qui donne ce cachet texturé sans les inconvénients d’une couleur traditionnelle. Parmi les difficultés de la couleur à la main, on n’a pas le droit à l’erreur, c’est plus laborieux, l’impression des couleurs est souvent peu fidèle, et cela prend de longues heures à réajuster toutes les couleurs après l’étape du scan. Par exemple, le rose saturant devient rouge et les couleurs bleues et vertes ont tendance à s’effacer.
Concrètement, pour le dessin, je suis assise à ma table mais quand il s’agit de réfléchir au scénario, aux compositions, au rythme, je travaille en marchant, en dansant, ou pendant des heures quand je suis dans mon lit avant de dormir. Pour le dessin des corps, soit je me prends en photo soit je m’appuie sur une riche bibliothèque de peintures (d’environs 5000) sur un disque dur pour m’aider à recopier et varier les positions de mes personnages.
Tu es fraîchement sortie de l’école ESA-Saint-Luc, et d’ailleurs tu rends hommage à des professeur×es dans le volume, qu’as-tu appris dans cette école et auprès de ces artistes ?
Je ne saurai tout dire, mais parmi les points principaux, je me souviens de mon professeur d’histoire de la BD, Frédéric Pâques, qui nous avait montré les planches de Winshluss et fait remarquer que des textures étaient ajoutées pour rendre volontairement l’image plus sale, plus sensible. Inspirée par cela j’ai ajouté la texture feutre à mes planches. Mon professeur d’atelier Sacha Goerg m’avait transmis un script pour nettoyer et préparer rapidement mes originaux à la couleur. Il m’a également appris comment réaliser des couleurs vives en CMJN pour l’impression. Eric Lambé, Philippe de Pierpont, Thierry Van Hasselt et d’autres m’ont appris à donner du temps aux images qui en avait besoin et à retirer ce qui était inutile et alourdissait le récit. Globalement, ils m’ont appris que je devais savoir où j’emmenais le lecteur et à construire des récits où chaque élément a un sens, à mettre une émotion dans le récit. Philippe de Pierpont m’a conseillée du début du projet jusqu’au bout après la sortie de l’école, pour m’indiquer quand il ne comprenait pas, quand des choses mériteraient d’être ajoutées, d’être mieux rythmées… Et il m’a donné beaucoup d’enthousiasme ! Dominique Goblet m’avait incitée pour un projet précédent à conserver l’aspect onirique qu’il y avait dans Café Bleu. Cela m’a confortée et redirigée dans un mode d’expression onirique dans lequel je m’amuse bien plus.
Comment as-tu trouvé le temps et l’énergie à la sortie de l’école de produire un livre aussi dense et long ?
J’ai travaillé durant l’année de master pour produire l’essentiel du scénario et la première partie. J’ai consacré ensuite les deux étés suivants quasiment entièrement au dessin de la deuxième et troisième partie. Je m’enfermais et ne voyais quasiment personne, en m’imposant de produire deux planches crayonnées par jour. Durant les années scolaires j’ai passé l’agrégation et puis j’ai donné des cours. Quand j’ai envoyé le dossier à la maison Cambourakis, l’engrage de la bande dessinée était fini. Cela est généralement une mauvaise idée car les maisons préfèrent avoir un champ d’action sur le travail des auteurices, heureusement Frédéric Cambourakis m’a dit qu’il ne prenait pas les projets qu’il voulait changer et que le mien lui plaisait ainsi.
J’ai réalisé la couleur des deuxième et troisième parties en parallèle de mon temps plein de professeure la quatrième année. De 8h à 16h tous les jours, j’enseignais et en rentrant je mangeais et travaillais ensuite de 18h à minuit. Mes weekends consistaient en des journées entièrement passées derrière l’écran et la semaine à l’école me permettait de reposer mes yeux. J’ai passé le repas de Noël à coloriser. J’ai envoyé les fichiers finalisés en juin 2024 et j’ai pris de vraies vacances cet été. Mais je continue d’effectuer des recherches et des prospections pour d’autres projets.
Tu es publiée au catalogue de Cambourakis, comment vous êtes-vous rencontrés ? Quelles sont tes affinités avec cet éditeur ? Quels sont les éléments d’identité de cette maison qui t’importent ?
A la librairie Flagey, j’ai regardé les BD dont les maisons d’édition pouvaient correspondre à mon projet. J’ai écrit des mails, on ne m’a pas répondu, en suivant un conseil amical, j’ai réécrit aux maisons pour savoir si elles avaient des conseils ou si je pouvais modifier quelque chose pour que le projet corresponde davantage à la ligne éditoriale de la maison. Frédéric Cambourakis m’a répondu que mon mail s’était égaré et qu’il était en fait très intéressé. Une autre maison aussi était intéressée mais l’éditeur voulait changer le titre et retirer une centaine de pages, j’ai donc signé avec la maison Cambourakis.
J’aime beaucoup cette maison pour son engagement féministe, antiraciste, queerfriendly, écologique, qui ose prendre des risques par le choix des sujets, des traitements graphiques originaux et en mettant en valeur des jeunes auteurices qui n’ont pas encore publié. Et toute l’équipe est adorable et à l’écoute !