L’investissement des pouvoirs publics

La rencontre de Claude Moliterni, membre de la Socerlid, avec Francis Groux, futur fondateur du Salon de la bande dessinée, amène à la création en 1974 de la première édition du « Salon international de la bande dessinée d'Angoulême ». Fondé sur le modèle du festival de Lucca, que fréquentent tous les bédéphiles de l’époque, le festival charentais voit sa fréquentation augmenter d’année en année et sa renommée dépasser les frontières de l’Hexagone. Son succès est tel qu’en janvier 1983, Jack Lang promulgue quinze mesures en faveur de la BD, dont la création d’un centre national de la bande dessinée et de l’image (CNBDI), chargé de conserver et promouvoir le patrimoine et la création de BD. Inauguré le 25 janvier 1990 à Angoulême, ce centre unique en France collecte et conserve non seulement une collection de planches originales mais reçoit également le second exemplaire du dépôt légal en bande dessinée et emploie quasiment depuis ses origines des érudits comme Thierry Groensteen et Jean-Pierre Mercier.

Grâce aux relations que les bédéphiles entretiennent avec des membres influents de la fonction publique, la bande dessinée acquiert un statut d’art à part entière et intègre la Délégation aux arts plastiques dans les années 1980 sous la direction de David Caméo, ancien conseiller municipal angoumoisin. Par leurs activités et leur relations personnelles, les bédéphiles contribuent à faire évoluer le statut de la bande dessinée vers celui d’un mode d’expression majeur.