Libraires
[Avril 2024]
Dès les années cinquante existe à Paris une poignée de librairies d’éditeurs de bande dessinée : la boutique Tintin des éditions du Lombard, la librairie Dargaud, toutes deux initialement situées rue de la Chaussée d’Antin (9e arr.), et la librairie Dupuis créée en 1963 au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue Saint-Jacques.
Un des éléments ayant directement participé à l’essor de la bédéphilie fut le développement des librairies spécialisées dans la seconde moitié des années soixante. Le Kiosque (1965‑1969), créé par Jean Boullet rue du Château (14e arr.), est la première boutique à proposer un stock conséquent et constamment renouvelé de bandes dessinées « anciennes », à des prix prohibitifs pour l’époque. Au fil des décennies, à Paris et partout en France, ont vécu des dizaines de librairies spécialisées – dont certaines ont acquis un statut quasi-légendaire : Futuropolis (1969‑1977 ; à l’origine de la maison d’édition éponyme), Temps Futurs (1973‑1984), etc. À partir de la fin des années 1970, les grandes librairies généralistes créent progressivement d’importants rayons « BD » pour répondre à l’engouement croissant du public.
À gauche : Le Kiosque n° 10, revue de la librairie homonyme, 1967
À droite : publicités pour les librairies Futuropolis et Temps Futurs, L'Œil à roulettes n° 1, 1976
Les librairies constituent depuis toujours un creuset de sociabilité où amateurs occasionnels et spécialisés achètent des livres et objets dérivés mais aussi alimentent leur intérêt pour la bande dessinée en discutant, apprenant et argumentant. En même temps, les librairies constituent un des grands dilemmes des chercheurs : elles sont, dans leur grande majorité, des commerces à durée de vie limitée, qui disparaissent après quelques années d’activité en laissant derrière elles une quantité de souvenirs individuels et collectifs inversement proportionnelle aux archives qui permettraient d’en reconstituer l’existence.
Publicité pour la librairie Futuropolis, Alfred n° 2, 1969
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Bédéphilie