Le fanzinat bédéphile aujourd'hui

Quelques titres détonnent cependant : Le Lézard (1989-1996), lancé par Joël Bernardis et Pierre-Marie Jamet, ou le Belge Auracan (1990‑1999), créé par Marc Carlot, qui migre en ligne et devient un des premiers sites sur la BD. De fait, le web est un havre bédéphile, où des enthousiastes, autrices et auteurs se connectent en direct sur le newsgroup « frab » sur Usenet ou des forums (BDParadisio, BulleDair…). Après avoir connu onze numéros en 1995, entièrement rédigés par Jessi Bi, le fanzine Du9 devient en 1997 un site de référence de la BD alternative, et vivote toujours.

Le début des années 2000 voit émerger plusieurs tentatives de revues théoriques en librairies : Comix Club (hérité du fanzine Le Phaco, 2004-2010), L’Éprouvette (2006-2007), le nouveau Jade (2006-2016), L’indispensable (2011-2012). Bananas, lancé par Évariste Blanchet en 2006, relancé en 2011, en reprenant le nom d’un titre déjà paru plusieurs fois, paraît encore. Entre articles historiques et grand entretien avec un auteur invité, l’annuel s’inscrit dans la tradition des revues bédéphiles antérieures, et tire à quelques centaines d’exemplaires malgré une distribution professionnelle.

Les fanzines bédéphiles restent très rares aujourd’hui, même s’il faut saluer la longévité de Scarce, consacré au comics, depuis 1983 ! Les rares titres se revendiquant fanzines sur la BD créée post-2000 font tous le pari du papier, qui se conserve, et sert de moyen d’échange, de discussion. Ils se nomment DMPP (ex Dame Pipi Comix) de Gérald Auclin (2008-2015), Gorgonzola de Maël Rannou (2004 - ) ou Zine Panique de Yann Plane (2020 - ). Tous mêlent sections sur la bande dessinée et création (ultra)contemporaine, et se penchent de plus en plus sur le nouveau patrimoine que constitue en l’espèce la production des auteurs des années 1980-1990.