la lutte partout, tout le temps : élise et les nouveaux partisans, la révolution en héritage
Dans un album entre autobiographie et fiction, Jacques Tardi dessine la jeunesse de sa compagne Dominique Grange, de la fin des années 1950 au milieu des années 1970. Chanteuse et militante de la Gauche Prolétarienne, Dominique Grange met en scène Élise, un double fictif, pour raconter son engagement politique, notamment pendant Mai 68. L’intelligence documentaire du dessin de Tardi recrée ainsi un paysage de luttes sociales et de pensées politiques de gauche, tandis que le scénario affiche une volonté de transmettre l’histoire d’un combat à prolonger.
Comment penser aujourd’hui les engagements politiques de la gauche des années 1960-1970, et surtout comment y rester fidèle ? En retraçant la vie et le parcours militant de Dominique Grange, cet album tente de réarticuler le présent et le passé pour hériter d’une période politique souvent caricaturée ou reniée. La volonté de transmission de ce moment politique veut se tenir à distance des manières habituelles de commémorer mai 68, qui ne pensent pas l’historicité du moment et tendent à oblitérer les événements eux-mêmes ; il s’agit également d’élargir le récit de la période des luttes de la gauche radicale bien au-delà de cette simple année de protestations. En cela, le regard porté par les deux auteurs semble faire écho à l’historiographie récente sur la période [1]. La démarche de la bande dessinée rappelle également Dans l’ombre de Charonne (2012), de Désirée et Alain Frappier, qui raconte, à partir d’un témoignage, la répression mortelle de la manifestation contre la guerre d’Algérie du 8 février 1962, et toute l’époque qui entoure l’événement, intriquant trajectoire individuelle et histoire collective.
Plus ou moins masquée derrière la silhouette d’Élise, narratrice-personnage de l’album, Dominique Grange revient sur la manière dont ses activités de chanteuse, de scénariste de bande dessinée et d’autrice se sont mêlées à sa vie militante, racontant ainsi son existence, qu’elle lit nettement comme une trajectoire intégralement politique. L’usage d’un alter ego, et ce alors même que le scénario se fonde sur des éléments très singuliers de son existence, place le livre sur le terrain de l’autofiction. Le procédé fait parfois naître une forme d’étrangeté et de confusion sur le statut de ce qui est raconté, même si on imagine aisément les raisons qui ont poussé Dominique Grange à se distancier de l’autobiographie traditionnelle (questions légales, désir de protéger les proches qui ont milité, difficulté à se souvenir de certaines périodes ou du déroulé précis d’événements publics). Cet album centré sur la gauche radicale et sur les mouvements populaires s’inscrit aussi nettement dans la production de Jacques Tardi, qu’on pense à ses adaptations des romans de Jean-Patrick Manchette ou à sa série en plusieurs tomes autour de la Commune, Le Cri du peuple, d’après la saga de Jean Vautrin. Des premiers tracts distribués aux actes de soutien aux usines en grève, en passant par les actions illégales avec la Gauche Prolétarienne, c’est un paysage d’idées égalitaristes, de rêves de justice, de manifestations et de mots d’ordre antifascistes que Grange et Tardi reconstituent avec minutie. Cette plongée dans le passé interroge le rapport de notre époque à ces luttes, et montre comment ces dernières peuvent éclairer les mobilisations et les rapports de force actuels.
élise ou la vraie vie – musique, politique et bande dessinée
Le titre du livre évoque la chanson engagée la plus connue de Dominique Grange, Nous sommes les Nouveaux Partisans, écrite en 1970. Face au « nouveau régime fasciste » que constituait le pouvoir pour les membres de l’organisation maoïste à laquelle elle a appartenu, les militants se voulaient les nouveaux partisans : la chanson de Grange rend ainsi hommage à ces « francs-tireurs de la guerre de classe » qui défendaient les opprimés. Elle est ainsi devenue un hymne de la gauche radicale. C’est bien cet entrelacement entre la carrière musicale et la vie militante de Grange qui est au cœur du livre, et plus généralement la manière dont l’engagement politique et l’art vont pour elle toujours de pair. La présence de paroles de chansons dans les cases et la représentation de la pratique de la musique dans l’album offrent une tension intéressante entre chant et image – une des premières pages du livre suggère d’ailleurs d’accompagner la lecture de l’écoute d’une playlist. Si l’album retrace les débuts de Dominique Grange dans la chanson de variétés, lorsqu’elle chantait des textes écrits par d’autres avant les mobilisations de 1968, c’est, par contraste, pour mieux affirmer le rôle de la musique dans la lutte, et la centralité de la matière politique dans ses chansons. Les paroles contestataires écrites par Grange au cours de sa carrière de chanteuse sont abondamment citées, et les pochettes de ses disques sont ici reproduites par Tardi – qui avait même dessiné plusieurs d’entre elles, à la fin des années 1970.
Car le livre revient aussi sur la rencontre entre Grange et Tardi, et sur le rapport de Dominique Grange à la bande dessinée. Traductrice de BD depuis l’espagnol et l’italien, elle a proposé des versions françaises de Valentina de Crepax ou de La Révolte des ratés de Buzzelli, Tardi incluant à nouveau avec malice des citations visuelles de ces travaux dans cet album tout à la fois fictionnel et autobiographique :
Là encore, l’écriture et la création sont indissociables de l’engagement politique ; Grange a traduit Muñoz et Sampayo, des exilés argentins, et Georges Wolinski, qui l’a aidée à ses débuts dans le milieu de la bande dessinée, continuera à lui donner des travaux de traduction lorsqu’elle sera forcée de vivre dans la clandestinité, manière pour lui de soutenir la gauche révolutionnaire en déroute. À la fin des années 70, Dominique Grange est même rédactrice de la revue hebdomadaire BD, qui occasionne son rapprochement avec Tardi, et marque le début de leurs nombreuses collaborations.
Si le titre de l’album fait référence à la carrière musicale de Grange, Élise et les Nouveaux Partisans est aussi un clin d’œil à Élise ou la vraie vie de Claire Etcherelli. Publié en 1967, ce roman raconte la venue à Paris d’une jeune fille et sa découverte de l’usine, de la vie militante, avec la guerre d’Algérie en toile de fond. Dans les deux œuvres, le récit d’apprentissage traditionnel et l’héroïne « montée à la capitale » se centre sur d’une initiation à l’intensité de l’existence par le combat politique, et il n’est pas anodin que Dominique Grange joue avec ce personnage littéraire pour constituer son double de papier. Surtout, qu’il s’agisse de la chanson ou de l’engagement militant, après les grèves et les combats du printemps 68, il sera impossible, pour la protagoniste, de voir s’éteindre les mouvements sociaux. C’est que ce combat politique n’est pas une simple étape dans l’existence d’Élise : il est devenu une manière de vivre. En septembre 1968, celle-ci abandonne sa carrière musicale naissante afin de poursuivre son engagement. Dès lors, revenir aux modes d’existence antérieurs est impossible : pour la protagoniste, la vraie vie est là, dans le combat politique, qui est aussi une manière d’appréhender la musique et l’art en général.
« n’effacez pas nos traces » : une histoire d’idées et de violence
Au-delà des singularités passionnantes de la biographie de Grange, l’album est dominé par une volonté de transmettre et surtout de faire vivre des combats politiques souvent considérés comme d’un autre temps. Le projet du duo s’inscrit nettement dans une volonté de témoigner d’un moment de l’histoire sociale de la gauche, et d’en mesurer la pleine actualité. C’était déjà leur démarche lors de la publication de N’effacez pas nos traces ! (2008), un CD de Dominique Grange accompagné d’une mise en images de Tardi qui réinterrogeaient, quarante ans plus tard, l’espoir suscité par Mai 68. Élise et les Nouveaux Partisans recrée une époque de luttes, de slogans, de méthodes d’action, d’indignations et de causes pour lesquelles la gauche révolutionnaire s’est battue, et veut la faire résonner avec le temps présent.
Cette ambition passe notamment par la veine documentaire du dessin de Tardi : tandis que la narration met soigneusement en avant l’entrecroisement des événements nationaux et internationaux, scande les dates des différentes mobilisations et marque les continuités des combats politiques qui s’enchaînent, le souci du détail de Tardi est frappant. Le dessin donne à voir avec un grand souci d’exactitude historique les tenues des policiers, leurs véhicules et leurs armements [2]. Il est aussi très précis en matière d’architecture et d’organisation urbaine : rues du quartier de la Sorbonne autrefois pavées, prison de la Petite Roquette aujourd’hui détruite, spécificités du bâti des différentes usines, rien n’est laissé au hasard. D’aucuns pourraient y voir seulement une forme de nostalgie, qui n’est certainement pas absente de ce récit ; cependant, la densité narrative de ces images, qui donnent à voir en une seule case toute une période politique et ses débats, suggère aussi implicitement un jeu de comparaisons avec le présent. Le dessin documentaire de Tardi fonctionne en parallèle des images des manifestations, des prisons, des policiers armés largement diffusées aujourd’hui, faisant résonner les luttes passées dans lesquelles s’engage Élise avec les mobilisations actuelles, interrogeant leurs différences supposées, ou du moins la coupure nette postulée entre présent et passé. Cette référence implicite de la représentation du passé aux images actuelles est aussi possible parce que le dessin de Tardi convoque une iconographie des mouvements sociaux, centrée sur le geste collectif, la subversion et l’affrontement, qui est toujours largement sollicitée dans le traitement contemporain des manifestations.
C’est également par un jeu concerté entre la place laissée au seul dessin et la saturation sporadique des cases par le texte que l’album dit l’importance des mouvements sociaux d’hier et d’aujourd’hui, et la violence de la répression qu’ils subissent. Ainsi, on remarque à nouveau le soin documentaire du dessinateur au sujet des banderoles, affiches ou de unes de journaux représentées, qui restituent avec précision tout un paysage politique.
Le procédé était déjà employé par le dessinateur dans ses adaptations de Nestor Burma ou encore dans Griffu. À ces effets d’images-citations, qui reprennent les mots d’ordre des mobilisations par le dessin d’affiches ou de pancartes brandies lors des manifestations, s’ajoute la voix d’Élise, très présente dans le récit, qui s’exclame et s’indigne, dans le temps passé ou de manière rétrospective. Mais les planches très bavardes, multipliant les récitatifs, les bulles et les pancartes représentées, alternent avec des séquences bien plus silencieuses : il s’agit aussi de mettre en scène le conflit social en empruntant à un autre type de représentation. En laissant régulièrement place à des cases sans texte ou quasi sans texte, ni banderole représentée ni phylactère, les images des foules de manifestants et des forces de l’ordre qui s’affrontent sont laissées seules, sur quelques cases successives qui s’élargissent ou encore dans de larges bandeaux. Ces derniers dramatisent particulièrement les scènes dépeintes, jouant par là d’effets de composition et de la représentation d’un nombre important de personnages pour évoquer la peinture d’histoire.
Le procédé n’est pas neutre : représenter la lutte sociale sous les atours de scènes de bataille telle qu’a pu le faire la peinture académique restitue une gravité et une intensité à ces moments. Il permet également de mettre en scène, de manière répétée, la répression des mobilisations et les violences policières. Selon Tardi, Élise et les Nouveaux Partisans est la bande dessinée « la plus frontale » qu’il a jamais faite, en représentant le sourire des policiers tenant la matraque [3] ou en dessinant de manière répétée la brutalité gratuite des forces de l’ordre. Le silence relatif ou absolu d’un certain nombre de planches met en exergue cette violence des policiers face à une foule qui crie soudain sa colère sans un mot, ou tente de fuir les coups – et ce sans que l’album renonce jamais à faire entendre les paroles contestataires des mouvements sociaux.
un élargissement du temps des soulèvements
Si la mobilisation de Mai 68 est largement traitée, donnant notamment lieu à de belles cases consacrées à la Sorbonne occupée, où des portraits de Mao ou de Che Guevara couvrent les augustes murs de l’université, la force de l’album réside bien plutôt dans une construction narrative qui ne cesse d’élargir ce temps de la révolte, en amont comme en aval. En effet, la chronologie des soulèvements s’y étend bien au-delà de Mai 68 : elle va de la manifestation du 17 octobre 1961 (à l’appel du FLN, après le couvre-feu imposé aux Français musulmans) aux actions armées des années 1970 menées par la Gauche Prolétarienne, devenue clandestine, et revient aussi sur le mouvement des établis en usine à la toute fin des années 60. Montrant les liens entre la diversité des causes défendues, et les évolutions dans les modalités d’action politique, Élise et les Nouveaux Partisans refuse de se concentrer sur Mai 68, et change de focale pour rappeler que le changement politique, même révolutionnaire, se construit dans le temps long. L’album de bande dessinée prend alors un autre sens, et devient collection de souvenirs, recueil sous forme d’images des différents mouvements sociaux qui ont marqué la jeunesse de Dominique Grange, et celle d’une génération de militants.
Il faut encore remarquer l’habileté de l’architecture narrative du livre. Après un prologue sur le climat politique en France en 1958, pendant la guerre d’Algérie, au moment où la protagoniste arrive à Paris, l’album refuse le récit chronologique, et présente le personnage d’Élise en 1972, lors de l’explosion accidentelle de cocktails Molotov qu’elle confectionnait chez elle, et qui la blessent grièvement. Cet épisode, qui signale d’entrée de jeu l’action violente dans laquelle le personnage est engagé avec ses camarades de la Gauche Prolétarienne, marque aussi le début de sa vie dans la clandestinité. La convalescence et la vie cachée sont l’occasion de nombreuses analepses, Élise se replongeant dans ses souvenirs en même temps que progresse le récit de son existence clandestine, qui durera trois ans. Les transitions entre les remémorations de la narratrice et le récit d’un passé plus proche, celui des années 1970, sont souvent particulièrement fluides, et rendent justice au phénomène de réminiscence.
Dans cet exemple, c’est une déambulation dans le quartier de la Sorbonne en 1971 qui initie l’analepse, et déclenche le souvenir des barricades de Mai 68 ; la continuité du décor d’une case à l’autre restitue avec justesse la porosité entre instant vécu et surgissement du passé.
L’album pose aussi la question de la fin de la révolution, sans toutefois mener jusqu’au bout cette réflexion. À partir de 1970, avec l’interdiction du journal La Cause du Peuple et de la Gauche Prolétarienne, les militants maoïstes se retrouvent disséminés en de multiples micro-organisations et groupes clandestins, qui les isolent petit à petit les uns des autres, jusqu’à faire disparaître toute action collective, et tout lien avec les milieux populaires qu’ils défendaient. L’ouvrage raconte bien la tentation de la drogue ou du suicide pour nombre de militants, et leur difficulté à réaliser que leur activité politique s’effrite, disant ainsi quelque chose de cette impossibilité pour eux d’achever la révolution – dans les deux sens du verbe, à mener la révolution à son terme comme à la congédier de leurs vies. Cependant, une part de cette séquence temporelle aussi complexe que douloureuse n’est pas dessinée. En effet, la découverte des purges et des nombreuses violations des droits humains lors de la révolution culturelle chinoise n’est pas prise en charge par le récit, qui comprend pourtant chronologiquement la manière dont les militants les ont apprises ; elles sont traitées dans une postface. Ce choix de rejeter les désenchantements liés à la corruption de la révolution dans les marges du livre met en lumière une forme de romantisation de celle-ci, qui marque la structure même du récit. La manière dont les militants français maoïstes ont découvert les atrocités du régime chinois est un élément clé dans la tension entre idéaux et désillusions qui marque généralement l’ambition révolutionnaire, même s’il s’agissait pour les auteurs d’aborder cette topique de la révolution pour la refuser. La volonté de mettre au jour la manière dont les mouvements révolutionnaires passés nourrissent les combats actuels n’est pourtant pas incompatible avec la prise en charge des heures les plus sombres de la révolution, d’autant que la mise en images de cette découverte par Élise et ses camarades ouvrait de nombreux possibles narratifs et discursifs, ici tous remplacés par une conclusion rapide sur le sujet dans le péritexte.
hériter. vies ultérieures de Mai 68
Selon les deux créateurs, l’idée d’écrire sur l’expérience militante de Dominique Grange serait en partie liée à l’une des déclarations de Nicolas Sarkozy, qui disait vouloir « liquider l’héritage de Mai 68 » [4]. Or, pour Tardi comme pour Grange, le désir de cette révolution, ainsi que les actions politiques et les débats idéologiques qui l’ont accompagné, ne peuvent ni ne doivent être congédiés, et c’est le prolongement de ces luttes bien au-delà de l’événement premier qui est esquissé dans le livre. L’ambition n’est pas simplement de préserver la mémoire de Mai 68, mais d’ouvrir ces combats à leurs « vies ultérieures ». C’est ainsi que Kristin Ross appelle les échos directs de Mai 68 qu’elle croit discerner dans l’histoire récente [5]. L’événement de Mai 1968 serait alors « une force, à présent libre d’être déplacée et de se manifester à nouveau dans des événements très différents mais de nature semblable [6]. » Élise et les Nouveaux Partisans lie explicitement les luttes d’hier et celles d’aujourd’hui. Lorsqu’il s’agit par exemple d’évoquer l’apparition des Voltigeurs après 1968, ces policiers à moto intervenant pendant les mobilisations, dont les pelotons seront dissous moins de vingt ans plus tard à la suite de la mort de Malik Oussekine sous les coups de deux d’entre eux, c’est pour noter que des motards de la police sont à nouveau intervenus lors des manifestations des Gilets Jaunes [7].
La construction scénaristique éclaire toujours le présent à partir du récit qu’il propose des expériences de lutte antérieures, manière de montrer à quel point il est crucial pour les combats actuels de trouver une manière d’hériter de 68. Au-delà des formes de répression parfois similaires, c’est bien une foi en l’action politique collective, en la mobilisation populaire, dans la défense de l’égalité et dans la bataille contre le néo-libéralisme que cette bande dessinée veut restaurer, en recréant une forme de continuité historique entre la deuxième moitié du vingtième siècle et aujourd’hui – le scénario convoquant par exemple les luttes décoloniales d’hier pour les articuler avec les mobilisations antiracistes d’aujourd’hui, montrant les prolongements entre les différents lexiques et mots d’ordre à travers le temps par le biais de la propre expérience de militante de Dominique Grange. L’album se fait ainsi porteur d’un patrimoine mémoriel qui doit avoir une fonction politique. Si nombre de commentateurs ont cherché à ridiculiser ou à diminuer l’élan et l’espoir qu’a constitué Mai 68, Élise, pour ses auteurs, doit être un relai entre le passé et le présent, et suggérer au lecteur qui le voudrait bien d’être à son tour l’un des nouveaux partisans dont le désir révolutionnaire a besoin.
bibliographie : collaborations de dominique grange et jacques tardi
- Albums de bande dessinée (scénario de Dominique Grange, dessin de Tardi)
Grange bleue, Futuropolis, 1985.
Élise et les nouveaux partisans, Delcourt, 2021.
- Bandes dessinées de Tardi accompagnées d’un CD de Dominique Grange
1968-2008... N’effacez pas nos traces, Juste une trace / Casterman, 2008.
Des lendemains qui saignent, Juste une trace / Casterman, 2009.
Le Dernier Assaut (en collaboration avec Accordzéâm), Juste une trace / Casterman, 2016.
- Spectacle-concert
Putain de guerre ! - Le dernier assaut, spectacle-concert (lecture : Tardi, chant : Dominique Grange, musique : Accordzéâm, Rachel Tardi : montage et projection d’images), première représentation en 2014.
- Disques (musique de Dominique Grange, pochette et/ou livret dessiné de Tardi)
Hammam Palace, Celluloid, 1981.
Le cri du Peuple, chansons de la Commune. 1871, Juste une trace / Casterman, 2005.
L’Utopie toujours (en collaboration avec Francesca Solleville, Serge Utgé-Royo et Bruno Daraquy), Mélodie, 2004.
[1] Voir par exemple Philippe Artières & Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 1968, une histoire collective (1962-1981), La Découverte, 2008 ; Boris Gobille, « L’événement 68 : pour une sociohistoire du temps court », Annales : histoire, sciences sociales, 2, 2008 ; Ludivine Bantigny, « Le temps politisé. Quelques enjeux politiques de la conscience historique en Mai-Juin 68 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 117, n°1, 2013.
[2] « […] ce qui me navre aujourd’hui, ce sont ces bandes dessinées qui ne font qu’esquisser les choses, sans décor, sans rien… Alors que les objets et les lieux racontent une histoire. Et pour qu’elle soit crédible, il faut une documentation précise. Pour Mai 68 et les années 1970, il y a de nombreux objets, tenues vestimentaires, usines et autres bâtiments qu’il a fallu retrouver. […] Est-ce que les flics avaient des protège-genoux ?… […] Était-ce des CRS ou des gardes mobiles ?... » Vincent Bernière, « Il y a toujours des raisons de s’indigner ! », entretien avec Tardi et Grange, Les Cahiers de la bande dessinée, n° 17, janvier 2022, p. 24.
[3] Ibid. p. 29-30.
[4] Lors d’un meeting au Palais Omnisports de Bercy le dimanche 29 avril 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat à l’élection présidentielle, avait fustigé « cette gauche héritière de Mai 1968 », précisant qu’à ses yeux, « Mai 1968 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral. […] Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes », affirmant vouloir « tourner la page de Mai 68 » Grange et Tardi ont signalé en entretien leur indignation face à ses propos, déclenchant leur désir d’écrire cet album : voir. Vincent Bernière, « Il y a toujours des raisons de s’indigner ! », entretien avec Tardi et Grange, art. cit. p. 24.
[5] Kristin Ross, Mai 68 et ses vies ultérieures, Agone, 2005 [2002].
[6] Ibid. p. 332.
[7] La mention de la date et la formulation ramassée dans la planche qui suit peuvent porter à confusion. Si, dès 2018, des brigades de motards habituellement destinées à la poursuite de voleurs à l’arrachée sont envoyées pour disperser la foule des manifestants (choix qui a déjà soulevé nombre de critiques), c’est en 2019 que les Brav M sont créées par le préfet de police de Paris Didier Lallement. Si le nom de ces brigades diffère de celles qui intervenaient dans les années 1970, elles sont accusées de frapper des manifestants à terre, ont fait l’objet de plusieurs enquêtes de l’IGPN et sont même contestées par les syndicats de police eux-mêmes. Voir par exemple : https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/que-sont-les-brav-ces-brigades-de-policiers-a-moto-evoquees-par-les-gilets-jaunes-qui-ont-pris-a-partie-emmanuel-macron-aux-tuileries_4045367.html