Imprimer les fanzines
Pour un « fanzineux » voulant publier son journal à la fin des années 1960 ou au début des années 1970, les systèmes d’impression étaient limités. Les photocopieuses, si courantes aujourd’hui, étaient alors des engins rares dont les reproductions sur papier spécial vieillissaient vite et plutôt mal. Il avait donc le choix entre trois méthodes.
- La duplication à alcool, très répandue au sein de l’Éducation nationale, dont le fonctionnement impliquait une feuille originale au format A4 (21 x 29,7 cm), une feuille de papier carbone et un stencil enduit de paraffine et d’alcool dénaturé, ce dernier dégageant des émanations qui montaient à la tête de l’opérateur et dont l’odeur imprégnait longtemps les feuilles imprimées. Le résultat, imprimé recto/verso en bleu ou violet, était assez fruste, et limité en nombre d’exemplaires produits. On rassemblait ensuite les feuilles en tas, qu’on constituait en liasses et qu’on agrafait. Les tout premiers numéros du Petit Mickey qui n’a pas peur des gros d’Yves Frémion ont été produits selon ce procédé.
Publicité pour une imprimante à alcool, La Croix du Nord, 1953
- La ronéotype, qui fonctionnait avec un « stencil » format A4, en fait un pochoir sur lequel on pouvait taper à la machine ou dessiner. On posait ce stencil sur le tambour enduit d’encre de la ronéo, et on imprimait les feuilles vierges en les faisant passer sur le tambour. La ronéo permettait des tirages plus importants et plusieurs passages sur la même feuille. Les premiers numéros de Schtroumpfanzine et du Collectionneur de bande dessinée ont été réalisés à la ronéo.
À gauche : Falatoff n° 3, imprimé par ronéotype, 1971
À droite : une ronéotype de la marque Roneo, CC-BY 2.0 foundin_a_attic
- L’offset. C’était le graal des fanzineux, qui nécessitait de passer par un imprimeur. On découvrait alors ce qu’était une imposition, la photogravure, les internégatifs, le scotch inactinique... tout un folklore que le numérique a enterré. Et même si le papier était infiniment moins cher qu’aujourd’hui, les finances incertaines de ces éditeurs amateurs rendaient fort aléatoire la périodicité de titres vendus hors circuit commercial classique. Cela dit, à la fin des années 1970, la publication en offset était devenue la règle parmi tous les fanzines.
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