Futuropolis et les rééditions patrimoniales
Dès leurs débuts dans l’édition, en 1974, les patrons de Futuropolis Étienne Robial et Florence Cestac œuvrent à la constitution d’un patrimoine de la bande dessinée.
En publiant son tout premier titre consacré à l’œuvre de Calvo (Moustache et Trottinette, La Bête est morte…) en format imposant (30 x 40 cm), sur un papier luxueux, Futuropolis en fait un artiste majeur. Mais c’est surtout la collection Copyright, lancée en 1980, qui va développer cette politique, en rééditant les classiques américains que les repreneurs de la librairie Futuropolis ont découverts quand ils ont racheté la boutique de leur prédécesseur, Robert Roquemartine : Popeye, Agent Secret X-9, La Famille Illico… Celui-ci, d’ailleurs, reste conseiller éditorial de la collection, dont il assure une bonne partie du lettrage.
Affiche publicitaire pour la collection Copyright de Futuropolis, date inconnue
La collection adopte un format à l’italienne, reproduisant trois strips quotidiens par page. Clamant son sérieux et sa respectabilité, elle offre des préfaces éclairant chacune des œuvres republiées.
Après 1980, la collection se voit adjoindre trois collections cousines : Copyright bande bleue (consacrée à la bande dessinée d’expression française), Copyright bande rouge (accueillant les ancêtres précédant « l’âge d’or » des bédéphiles), et Copyright bande verte (destinée à la bande dessinée anglo-saxonne d’après-guerre). Mises ensemble, ces quatre collections comprennent presque cent titres.
De gauche à droite : Funnies, une anthologie des comics humoristiques par Jean-Claude Glasser (1984), Polly, Cliff Sterrett (1980), Juliette Jones, Tim Drake (1984), Moustache et Trottinette, Calvo (1976)
La plupart de ces rééditions procède moins d’une exhumation du patrimoine par quelques amateurs éclairés, depuis leur boutique parisienne, que d’une circulation internationale intense d’anthologies entre les États-Unis, l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France (Étienne Robial clamait en revanche haut et fort son aversion pour les « belgeries »). Cependant, le caractère systématique de ces rééditions, et la rentabilité élevée de celle-ci pour Futuropolis, ont puissamment contribué à asseoir l’offre patrimoniale dans le paysage éditorial de la bande dessinée francophone.
Pour aller plus loin
Bédéphilie