Doux-amers et terrifiants baisers du vampire dans le shōjo manga
[mai 2024]
Les lecteur⸱ices qui ont connu les premières éditions françaises de manga, se souviennent peut-être du moment où ils ont découvert les nombreux bonus que ceux-ci proposaient au sein des pages. Pour la plupart, des anecdotes personnelles du mangaka ou des fiches de personnages dotées de quelques informations bonus. On pouvait y apprendre, entre autres choses, les âges, les tailles, les plats préférés ou détestés des personnages et plus curieusement leur groupe sanguin.
Pour les Japonais⸱es, le groupe sanguin, de la même manière que notre horoscope astral, correspond à un archétype de personnalité spécifique[1]. L’imaginaire historique autour du sang au Japon diffère du nôtre, il n’est que très peu représenté en-dehors de la fiction, cela peut s’expliquer par la tradition shintoïste. Le shinto est la religion majoritaire au Japon (plus de 70% de la population), et la représentation du sang y est taboue[2]. A contrario, il est très présent dans l'histoire religieuse et médicale dans l’histoire occidentale. Si d’une part, au sein du christianisme, les fidèles se partagent le sang du Christ transformé en vin lors des messes, il est aussi le breuvage impie des démons et des vampires. Au XXe siècle, les mythes de nos créatures hémophiles s’importent dans la littérature fantastique japonaise[3], et n’ont fait que gagner en popularité dans de nombreux médias de fiction, dont bien sûr, les mangas. Le vampire a su se faire une place de choix au sein des revues dédiées à faire trembler d’émotion ses lectrices : le shōjo manga. De fait, ce dernier témoigne d’un matrimoine de publications vampiriques. Mélancolie, horreur, romantisme ou érotisme, les vampires ont permis une expérimentation graphique et narrative pour les mangakas. En se référant à des œuvres des années soixante-dix à nos jours, on comprend comment les autrices ont pu articuler le symbolisme du vampire et du sang pour les intégrer à la culture shōjo.
Menace de la morsure : Le Clan des Poe
Comme le fait remarquer la professeure Satoko Kan, les Japonaises n’ont pas attendu les romans d’Anne Rice pour aimer les jolis vampires homo-érotiques et torturés[4]. Elle fait allusion au Clan des Poe de Moto Hagio (1972-1976), manga historiquement essentiel de la fiction shōjo vampirique. À travers une chronologie non linéaire, on accompagne les errances d’Edgar et Allan dans une Angleterre lointaine et fantasmée. Ces deux adolescents androgynes au charme et pouvoirs surnaturels sont des vampires prisonniers du temps. Ici, la figure du vampire est surtout invoquée pour sa dimension gothique et romantique : la monstrueuse condition de nos héros leur confère des grâces auxquelles les lectrices peuvent aspirer (beauté éternelle, érudition, puissance, privilège masculin) tout en ménageant une identification de type féminine aux sentiments d’étrangeté vis-à-vis du corps propre. Comme beaucoup des travaux de Hagio, le Clan des Poe est une œuvre shōnen-ai, aujourd’hui plus communément appelé yaoi ou Boy’s love c’est-à-dire des mangas destinés à un public féminin mettant en scène des relations amoureuses et sexuelles entre garçons. Tout au long des chapitres, Edgar et Allan ont une relation romantique intense mais physiquement quasi-platonique. La plupart des analystes du Boy’s Love s’accordent à dire que son succès auprès des lectrices s’explique notamment grâce à son réjouissant potentiel de projection subversive. Ses protagonistes sont de beaux garçons androgynes qui évoluent dans des univers où les femmes sont à peine ou aucunement présentes. Ils invitent les lectrices à un double-regard, à la fois voyeuriste et identificatoire dans des rôles extraits dégagés des règles patriarcales normales, et qui jouissent d’une libido fantasmée et fantastique[5]. Elles peuvent apprécier sans crainte cette sexualité idéale, qui se débarrasse du poids social qui leur incombe. Cependant Hagio, pionnière du Boy’s Love, se garde souvent de représenter la sexualité de ses héros, et ce, même de manière pudique. Si cela s’explique d’une part, à cause des contraintes éditoriales de la pré-publication visant des adolescentes, il s’agit aussi d’une caractéristique de l’écriture de Hagio. L’amour malmène psychologiquement ses personnages, et la sexualité est associée à la violence, elle est souvent subie sous forme d’agressions (Le Cœur de Thomas 1974, Zankoku Kami ga Shihai 1992). Il peut alors sembler logique que, dans le Clan des Poe, la dimension sexuelle du vampire soit diminuée[6]. Si dans les premiers chapitres, Edgar se montre verbalement très méprisant envers les humain⸱es qu’il compare à de la « pitance », par la suite il s’abstient de boire et préfère se contenter d’essence de rose (un substitut), ou d’effleurer le cou de ses victimes pour aspirer leur énergie. La morsure du vampire permet essentiellement une mise en scène troublante où se mêlent l’horreur et l’érotisme. Au chapitre 2, on trouve une inversion de l’image du vampire incube chasseur de jeunes filles : Edgar se penche en ombre menaçante sur sa victime, malgré le fait qu’il soit plus frêle que le jeune homme qu’il tire de son sommeil.
Moto Hagio, Le Clan des Poe, tome 1, Akata, 2023, page 173. POE NO ICHIZOKU © 1972 by MOTO HAGIO SHOGAKUKAN
Lors de ses premières rencontres avec Allan, Edgar tente de le mordre. Hagio ne dessine alors que son visage de profil, sa bouche et ses crocs sont invisibles mais l’on devine que ses lèvres se déposent sur son cou pour « l’embrasser ». Allan le repousse et le découpage se focalise sur les lèvres d’Edgar, exceptionnellement encrées en noir comme s’il portait du rouge à lèvres. L’esquisse de ses yeux disparaît pour lui donner une allure spectrale. Hagio évite le macabre, elle se sert de l’éclatement des cases et des contrastes tranchés des masses de noir sur le blanc pour signifier une atmosphère, comme la tension terrifiante précédent la morsure. L’incarnation menaçante du vampire est une métaphore littéraire de la peur de « l’Autre », un thème récurrent de l’histoire du Japon. En 1939, l’auteur Seishi Yokomizo publie Dokuro-Kengyo qui serait la première adaptation japonaise en roman du Dracula de Bram Stoker (1897). Ce livre a pour antagoniste un jeune et séduisant vampire chrétien qui cherche à corrompre le gouvernement, en transformant la fille du shōgun, pour l’enrôler dans son harem de créatures de la nuit. La figure du christianisme est souvent employée dans la fiction japonaise à des fins effrayantes. Elle se rattache à une crainte historique des missionnaires chrétiens venus au Japon (XVIe siècle). Son imagerie s’est ainsi intégrée un genre gothique populaire qui mêle différentes inspirations venues de l’Occident (symboles religieux, littératures populaires, mode...). Les vampires du clan Poe sont une appropriation du mythe du vampire propre au shōjo, sa distance avec la culture japonaise permet de dépeindre un univers de l’« Autre » où Moto Hagio emmène ses lectrices. Pour celles-ci, il est « Autre » par bien des aspects : par sa classe car c’est un aristocrate, par sa race car il est étranger, et par son genre car il est à la fois un androgyne et un monstre enviable et fascinant. L’enthousiasme suscité par le vampire et cet occident gothique perdure et inspire des modes comme le gothic lolita dans les années 80, un style vestimentaire qui s’entre-nourrit avec le shōjo horrifique et que l’on pourrait nommer « dark shōjo[7]». Celui-ci ouvre un autre champ des représentations, plus organique et spectaculaire.
Moto Hagio, Le Clan des Poe, tome 1, Akata, 2023, page 65. POE NO ICHIZOKU © 1972 by MOTO HAGIO SHOGAKUKAN Inc
Le sang comme motif du dark shōjo : Comte Cain
Très tôt, l’horreur et le fantastique se sont mêlés au shōjo, en 1965 Kazuo Umezzu publie Mama go kowai (« J’ai peur de maman ») dans la revue Shōjo Friend, un manga où une petite fille est poursuivie par sa propre mère changée en monstre. Le shōjo met à l’honneur l’expression et le ressenti d’émotions prenantes, on parle bien sûr d'amour, de joie, de mélancolie. Le shōjo horrifique conserve cette intention mais se concentre sur les émotions négatives : colère, frustration, jalousie. La fonction culturelle du shōjo est d’exprimer les sentiments des lectrices, avec intensité ou même brutalité, en cela le shōjo classique et l’horrifique sont deux faces d’une même pièce qui dépeignent l’esprit des adolescentes[8]. Plus largement, le public japonais est friand d’horreur psychologique et de situations angoissantes davantage que de figures monstrueuses identifiables[9]. Le dark shōjo ne déroge pas à cette tendance, mais il puise aussi chez les créatures folkloriques, et exhibe des motifs graphiques récurrents. Là où le classique emploie les étoiles, les fleurs, les gros plans sur les visages pour suggérer des sensations fortes, son pendant sombre va mobiliser un répertoire glauque : visages déformés par la folie, gerbes de sang, trames sombres, symboles gothiques. L’autrice Kaori Yuki est une spécialiste de ce shōjo gothique. Elle publie dans les années 90 le manga Comte Cain, où le beau Comte des poisons, Cain Hargreaves résout des mystères sanglants du Londres victorien. On retrouve chez elle des inspirations communes de la culture anglaise déjà présentes dans le Clan Poe : certaines comptines sont détournées pour devenir des ritournelles morbides, le dessin des costumes et surtout des robes d’époque est soigné, et on retrouve bien sûr, le mythe du vampire. Dans le chapitre nommé Kafka, le cadavre d’une jeune fille soi-disant attaquée par un vampire est retrouvé : une case en plan rapproché présente son visage livide où les rigoles noires de l’encre signifiant le sang s’entremêlent aux longs cheveux de la victime.
Kaori Yuki, Kafka Comte Cain, tome 3, Tonkam, 2006 , page 71, KAFKA Hakushaku Kain Shirīzu © 1987 by Kaori YukiHAKUSENSHA Inc
Là où Hagio avait choisi des vampires masculins pour un récit existentiel doux-amer qui peut laisser la lectrice méditative, Kaori Yuki superpose l’innocence et la beauté de ses personnages en particulier féminins, à un univers morbide où elles sont soit sauvagement tuées ou elles-mêmes de terrifiantes créatures meurtrières.
Merediana est une jeune et mystérieuse beauté apathique se nourrissant de sang pour survivre. Le design de sa tenue est peu tramé et avec sa robe blanche et ses cheveux blancs, elle paraît innocente. Sa véritable nature monstrueuse se révèle quand elle est éclaboussée par des effusions noires de sang qui viennent souiller le blanc de sa silhouette.
Kaori Yuki, La marque du bélier rouge 1. Comte Cain, tome 4, 2006, AKAI HITSUJI NO KOKUIN 1 Hakushaku Kain Shirīzu © 1994 by Kaori Y
L’hémoglobine jaillit partout dans Comte Cain, Yuki charge ses pages de trames noires et l’apparence précieuse et candide de ses personnages contraste avec les scènes sanguinaires. Tout ce sang déversé a un intérêt symbolique et graphique, il procure trois types de satisfaction : d’abord la satisfaction de la dessinatrice dans le geste d’appliquer de grandes volutes noires sa planche, puis l’appréciation pour la lectrice des scènes gores, et enfin celle des personnages se délectant de leurs tueries sadiques. L’imbrication de ces sensations est comparable à ce que Linda Williams dans La Frénésie du visible perçoit dans le cinéma entre l’horreur, le mélodrame et la pornographie. Elle leur octroie une caractéristique commune qui serait la contagion visuelle des corps : les émotions incontrôlables à l’écran (terreur, tristesse, plaisir) se transmettent par les fluides – larmes, sang et sperme – à celles ressenties par les spectateur⸱ices[10]. Ces frontières poreuses entre pornographie et horreur sont spécifiquement explorées par certains mangakas adeptes de l’ero-guro (mouvement artistique des années 1930 mêlant érotisme, grotesque et macabre). Des fluides corporels de tous types dégoulinent des dessins de Suehiro Maruo, larmes, sueur et déjections servent d’attributs érotiques[11]. S’ajoute à cela dans des séries comme Vampyre, le sang. Cet érotisme sordide n’est certes pas celui du shōjo manga qui raffole peu d’images grossières, cependant il peut aussi se servir de la symbolique sexuelle du vampire pour pimenter son imaginaire de situations érotiques susceptibles d’intéresser les lectrices et d’ainsi rendre les titres plus attractifs.
Maruo Suehiro, Vampyr, tome 1, Le Lézard Noir, 2019, page 59, WARAU KYUKETSUKI © 2000 by Suehiro MaruoAkito Publishing Co
Les vampires lycéens émoustillés, Vampire Dormitory
Le vampire plante ses crocs dans le cou de sa proie, au lieu de se tordre de douleur, celle-ci s’abandonne à une extase voluptueuse, c’est ce qu’on pourrait appeler « le baiser du vampire ». Dès le roman Dracula de Bram Stoker (1897), la morsure est décrite comme une drogue puissante laissant les protagonistes dans un état de confusion béate, entre le rêve et le cauchemar. Cet acte qui satisfait la soif effrénée du vampire et soumet la victime à un plaisir incontrôlable, s’adjoint à une métaphore du désir sexuel. L’hypersexualisation du vampire en littérature, associait en premier lieu la sexualité à l’immoralité et au péché en la rendant monstrueuse[12]. Le mythe évoluant en même temps que les mœurs, la sexualité du vampire est ensuite devenue le symbole des désirs réprimés, à la fois de la créature mais aussi de sa victime. Le fait que les mordu⸱es puissent devenir consentant⸱es à la morsure, redessine les codes de la monstruosité. Le bon vampire va prendre le sang d’un⸱e partenaire qui le désire, alors que le vampire maléfique va lui arracher de force[13]. Dans le roman Carmilla de Sheridan Le Fanu (1872), l’héroïne Laura apprécie les caresses de Carmilla le jour, mais la nuit est mordue par cette dernière dans son sommeil, la laissant en proie à de terribles songes. Ces agressions soulignent la monstruosité de Carmilla et sous-entendent son lesbianisme comme déviant et amoral. D’ailleurs, on peut noter que l’homosexualité et la bisexualité chez les vampires sont des thèmes récurrents. La nature immortelle des vampires les amène à transcender toutes les normes, celles de la mortalité mais aussi de l’hétérosexualité[14]. Les shōjo vampiriques ré-exploitent cette intimité de la morsure pour établir une tension amoureuse et/ou sexuelle. L’aspect transgressif mais irrépressible de ce geste fait écho à l’acte sexuel souvent absent entre les personnages de shōjo : un simple baiser peut parfois prendre une centaine de chapitres avant de soulager les lectrices de leur attente. Les vampires de shōjo peuvent contourner cet écueil en proposant des scènes de baiser qui n’en sont pas tout à fait, où le vampire vient prendre directement à la bouche le sang du partenaire. La pénétration des crocs, la sensualité de la morsure dans le cou et l’échange de fluides filent la métaphore sexuelle de la pénétration[15]. Grâce à celle-ci les autrices peuvent distiller des scènes sexy sans outrepasser les contraintes de publications destinées aux jeunes adolescent⸱es. Le manga Vampire Dormitory d’Ema Toyama (2018), évacue complètement les problématiques existentielles du vampire tourmenté, pour en explorer principalement l’aspect sensuel et fantastique. Le personnage principal, Mito Yamamoto, se travestit en garçon pour vivre dans un pensionnat non-mixte. Elle/il y fait la rencontre du vampire Luka qui ignore son véritable genre, il va la choisir comme colocataire et garde-manger officiel. Le sang n’est jamais perçu comme dégoûtant, on n’en garde que sa symbolique de fluide énergétique et sexuel et il n’est quasiment jamais représenté. Seule l’action de la morsure est conservée et provoque des réactions somatiques agréables à Mito (tremblements, rougissements, souffle court). Ce manga fait un pont avec le genre shōnen-ai du Clan des Poe, l’utilisation du surnaturel dans la fiction vient souligner l’étrangeté de l’intrigue homosexuelle tout en lui offrant un cadre privilégié où s’épanouir[16]. Ainsi, on trouve de nombreux visuels typiques comme les corps androgynes et la relation uke/seme. Dans le yaoi ces derniers termes désignent les rôles relationnels pré-établis : le uke signifie « receveur », il est passif, timide et le seme qui signifie « attaquant » est plus entreprenant notamment dans les rapports intimes. Luka qui perçoit uniquement son désir comme homosexuel répond au poncif du héros de Boy’s Love égaré par sa libido. En plus de désavouer l’érotisme des contacts physiques qu’ils initient parce qu'ils sont entre « garçons », il le nie aussi par l’aspect vital qu’ils représentent pour Luka. Mito, au-delà d’être simplement consentante, se donne à boire à son partenaire pour sa survie, et pour son propre plaisir. Elle/il incite régulièrement Luka à venir s’abreuver, le plus souvent allongé⸱e dans un lit, les vêtements à moitié défaits au milieu d’une myriade de lueurs douces.
Ema Toyama, Vampire Dormitory, tome 1, Pika, 2020, page 75, VAMPIRE DANSHI RYO © 2018 by Ema ToyamaKODANSHA Inc
Cette stratégie scénaristique permet à l’autrice de parler d’avantage des envies réprimées d’une adolescente, plutôt que des pulsions vampiriques de son petit ami. La fatale condition de ce dernier donne une excuse à Mito pour engager des rapports intimes allusifs (et à l’autrice pour en dessiner), mais ses monologues intérieurs offrent à la vue l’enthousiasme qu’elle éprouve à l’exploration de sa sexualité.
Ema Toyama, Vampire Dormitory, tome 3, Pika, 2020, page 68, VAMPIRE DANSHI RYO © 2019 by Ema ToyamaKODANSHA Inc
Adolescence, transformation et curiosité des corps dans Happiness
Le shōjo manga propose des histoires mettant en scène les désirs, et les peurs de son lectorat. L’adolescence est une période de changements émotionnels et corporels qui peut être vécue comme déstabilisante voir terrifiante, et les émotions sombres mises en exergue dans le shōjo d’horreur font corps avec cette réalité. La curiosité pour le sexe s’ajoute aux interrogations liées à cette période, et participe à des sentiments de crainte et d’envie. On comprend alors pourquoi la figure du vampire qui juxtapose ces thèmes sur la sexualité et la transformation des corps se retrouve dans de nombreux shōjo. Ces problématiques adolescentes ne sont pas l’apanage des jeunes filles: en 2015 la revue Bessatsu Shōnen Magazine commence la publication de Happiness d’Oshimi Shuzo qui raconte la transformation kafkaïenne d’un jeune adolescent en vampire. Ce manga mêle horreur et drame : les préoccupations de lycéen du héros Makoto (se faire accepter par ses camarades, explorer l’amour et la sexualité) sont bouleversés par l’irruption d’une fille vampire mystérieuse qui va provoquer sa violente métamorphose. Torturé par sa nouvelle soif de sang, il cherche à fuir sa famille et ses proches pour ne pas les blesser. L’auteur dépeint un environnement très proche du japon contemporain, et s’il n’utilise pas d’imageries fantasmées (beaux androgynes et lieux étrangers), l’accent est mis sur les relations entre les personnages et leurs émotions. L’utilisation du gore et du fantastique exacerbe les angoisses adolescentes comme dans le shōjo, et une fois de plus le vampire sert de catalyseur pour aborder les sentiments complexes et ainsi vient aider à résoudre métaphoriquement les mystères et les anxiétés de cet âge.
[1] Ketsu Eki Gata, « Croyance japonaise de l’influence du groupe sanguin sur la personnalité », https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/471874, academic.com, 2010
[2] Régis Garnier, « Cosmogonie Shinto », 7168-8 : Cosmogonie Shinto (ledifice.net), http://hautsgrades.over-blog.com, 2005
[3] Mari Kotani, « The archetype of Japanese Vampire Literature : Seishi Yokomizo’s The Death’s Head Stranger », in Joan Gordon, Veronica Hollinger (dir.), Blood Read : The Vampire as Metaphor in Contemporary Culture, 1997 p .187
[4] Satoko Kan, « Everlasting Life, Everlasting Loneliness : The Genealogy of the Poe Clan », in Kayo Takeuchi (dir.) The Genealogy of Japanese Shōjo Manga (Girls’Comics) Studies, 2010, p.43
[5] Dru Pagliassotti, « Better Than Romance ?», in Dru Pagliassotti, Antonia Levi, Mark Mc Harry (dir.) Boys' love manga: Essays on the sexual ambiguity and cross-cultural fandom of the genre, 2011, p.77. En ligne : https://journal.transformativeworks.org/index.php/twc/article/view/264
[6] Kazue Harada, « Vampires as Liminal Subjects in Age, Gender, and Race », in Kazue Harada (dir.) Japanese Women's Science Fiction: Posthuman Bodies and the Representation of Gender, Arts & Sciences Electronic Theses and Dissertations 2015, p.68. En ligne : https://openscholarship.wustl.edu/art_sci_etds/442/
[7] Mari Kotani, « The archetype of Japanese Vampire Literature : Seishi Yokomizo’s The Death’s Head Stranger », in Joan Gordon, Veronica Hollinger (dir.), Blood Read : The Vampire as Metaphor in Contemporary Culture, 1997 p .187
[8] Hiromi Tsuchiya Dollase, « Shōjo Spirits in Horror Manga », in Tomoko Aoyama, Hiromi Tsuchiya Dollase, Satoko Kan (dir.) Japan Women's Journal No. 38, 20, p.59. En ligne : https://www.jstor.org/stable/42772010?seq=1
[9] Julien Bouvard, «Les vampires du manga », in Adrien Party (dir.) Vampirologie, ActuSF, 2015, p.366
[10] Julien Bouvard, Mathieu Triclot, « Les 17 ans éternels : apprendre à jouer à Clannad », in Vincent Berry, Leticia Andlauer (dir.), Jeux vidéo et adolescence, Québec, Presses de l’Université de Laval, pp. 149-176. En ligne : https://shs.hal.science/halshs-02110108/document
[11] Patrick Galbraith, The Ethics of Affect: Lines and Life in a Tokyo Neighborhood, Stockholm University Press, 2021, p.117. En ligne : https://library.oapen.org/handle/20.500.12657/50996
[12] Sebastian Gonzalez, The Humanization of the Vampire and Dehumanization of the Queer Community, in Marian Polhill (dir.), Department of English College of Humanities University of Puerto Rico, 2021, p.1, p.18. En ligne : https://hdl.handle.net/11721/2381
[13] Elizabeth Lauren Butler, The Evolution of Sexuality in Evolution of Sexuality in Vampire Novel, in Natalie Schroeder (dir.) Honors Theses 2301, 2008, p. 5.
[14] Ibidem, p. 25.
[15] Ibid., p. 7.
[16] Samuel Minne, « Les Démons du yaoi Homosexualité masculine et surnaturel dans le manga », Image & Narrative, 2013, p. 89.
Pour aller plus loin
Le shōjo manga