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Dossier - Patrimoine

Sylvain Lesage

La patrimonialisation se trouve au cœur de la transformation des cultures contemporaines. Patrimoine vivant en permanente évolution créative et technique, de quelle manière la bande dessinée entre-t-elle dans les collections des musées et des bibliothèques, mais aussi dans les collections privées ? Comment rendre accessible ce patrimoine in vivo pour en assurer la meilleure transmission et une circulation élargie ? Comment les maisons d'édition s'emparent-elles du patrimoine ? 

A la suite des 4es rencontres internationales de la bande dessinée, intitulées Bande dessinée : un patrimoine vivant : histoire des arts, patrimonialisation et transmission, Neuvième Art consacre un dossier à ces questions essentielles. 

Patrimoine : l’ombre du neuvième art

La bande dessinée connaît un véritable âge d’or patrimonial. Des expositions aux rééditions, les chemins d’accès au passé de la bande dessinée abondent. La mise à disposition par Gallica en 2020 d’un important fonds de bandes dessinées anciennes a ainsi mis à disposition un corpus considérable de récits anciens, des plus connus aux plus obscurs. Le patrimoine de la bande dessinée, cependant, ce n’est pas son passé, mais plutôt la transmission de celui-ci.

Lire l'introduction du dossier par Sylvain Lesage.

Rééditions et patrimonialisation chez Marvel

Depuis sa création à la fin des années trente, l’éditeur Marvel est à l’origine d’une immense production de comic books. En plus de quatre-vingt ans d’existence, des dizaines de milliers d’épisodes ont ainsi été publiés, dont une très grande partie s’inscrivant dans un même univers narratif. Le regard rétrospectif et nécessairement sélectif que l’entreprise porte sur ce fonds est traversé par les questions de la sérialité, de la matérialité et de l’attribution. Que ce soit dans les rééditions propres à Marvel ou dans celles externalisées auprès d’autres éditeurs, cette patrimonialisation en actes est dominée par une conception narrative et industrielle, suivant laquelle les personnages et leurs histoires importent plus que les créateurs et leur histoire.

Parcourir les articles consacrés par Jean-Matthieu Méon à la politique patrimoniale de Marvel.

Bande dessinée : un patrimoine vivant

Les 20, 21 et 22 octobre 2021, les Rencontres Internationales de la bande dessinée ont eu pour sujet d’étude le patrimoine de la bande dessinée. Retour sur ce riche moment d'échanges, grâce à la synthèse de ces journées écrite par Catherine Ferreyrolle.

La planche originale, de la table à dessin aux cimaises du musée

Cantonnée à un rôle purement technique de support d’impression, la planche originale fait l’objet de l’intérêt des bédéphiles à partir des années 1970, puis d’une politique de patrimonialisation. Cette politique patrimoniale émerge parallèlement à la construction d’un discours sur la bande dessinée et ses auteurs, et s’incarne en premier lieu à Angoulême, dans la continuité du Salon de la bande dessinée.

Lire l'article de Florian Moine.

Le patrimoine manga chez Glénat - Entretien avec Satoko Inaba

Directrice de Glénat Manga depuis 2015, Satoko Inaba est née au Japon avant d’arriver en France à 7 ans. Elle a travaillé dans le studio graphique de Tonkam avant de devenir éditrice chez Glénat où elle met en avant de nouveaux talents et des œuvres plus anciennes qui font désormais partie d’un patrimoine français du manga. Elle a accepté de répondre aux questions de Bounthavy Suvilay sur ce sujet. 

Lire l'entretien avec Satoko Inaba sur la réédition patrimoniale du manga

Inouï ! Quand Betty Boop chantait en japonais

L’impressionnant travail d’archive et d’analyse des mangas de l’entre-deux guerres d’Eike Exner propose une nouvelle lecture de l’histoire la bande dessinée japonaise. Son graphisme si spécifique et l’usage de la bulle dès les années 1920 seraient à mettre au crédit de l’importation des contenus graphiques américains au cours des mêmes années. Si on le suit, la naissance du manga moderne doit bien plus à George McManus qu’à Tezuka…

Soutenu en 2016 par le prix John A. Lent en Comic Studies, Eike Exner nous propose un riche essai sur les mangas des années 1930 avec une perspective très ferme répondant à deux interrogations. D’une part, comment les mangas ont été influencés par les comic strips américains à partir des années 1920 tant dans leur contenu que dans leur style ? D’autre part, comment la bulle a pu trouver une place prépondérante dans les mangas japonais à partir de Shō-chan no bōken (premier manga à en faire régulièrement usage) ? 

Lire la recension complète de l'ouvrage d'Eike Exner par Irène Le Roy Ladurie.

Après nous… le déluge ? L’œuvre de F’Murrr sauvée par une dation exceptionnelle

Payer ses frais de succession... avec des planches de bande dessinée. C’est le montage inédit qui a été trouvé pour préserver l’œuvre de Richard Peyzaret, dit F’murrr. Entretien croisé avec trois acteurs-clés de cette transmission : Elisabeth Walter et Barbara Pascarel, deux amies de F’murrr qui ont entrepris de préserver et promouvoir son œuvre, et Alexis Fournol, l’avocat qui les accompagne.

Lire l'entretien complet sur la dation F'murrr

Les aventures de Nhô-Quim et Zé Caipora et la patrimonialisation de la bande dessinée au Brésil

La publication en 2002 par la maison d’édition du Sénat fédéral brésilien de As Aventuras de Nhô Quim e Zé Caipora marque l’aboutissement de plusieurs décennies de valorisation de la bande dessinée au Brésil. Elle représente également un véritable tournant dans la prise en compte de la valeur patrimoniale de la bande dessinée.

En 2002, la maison d’édition du Sénat fédéral brésilien finança un ouvrage de la plus grande importance pour l’univers de la bédéphilie, pour les études sur la bande dessinée et pour sa patrimonialisation. Il s’agissait d’un grand volume relié qui réunissait deux bandes dessinées du XIXe siècle : As Aventuras de Nhô Quim e Zé Caipora, portant ici le sous-titre commun : « les premières bandes dessinées brésiliennes 1869-1883 ». La réédition de 2002, réalisée avec le soutien de l’État brésilien, est le signe d’une patrimonialisation tardive de la bande dessinée brésilienne et le fruit d’un long processus, plein de contradictions.

Lire la suite de l'article d'Aline dell'Orto.

Le patrimoine méconnu de la bande dessinée anglaise du XIXe siècle

Éminent spécialiste de la bande dessinée au XIXe siècle, David Kunzle est sans doute l’une des figures les plus importantes de l’histoire du médium. Dès 1973, il publiait une volumineuse Histoire de la bande dessinée (University of California Press), dont la suite est parue 17 ans plus tard (The History of the Comic Strip, Vol. II : The Nineteenth Century, University of California Press, 1990). Plaçant au cœur de son approche les mutations technologiques qui permettent l’expansion du régime de l’image imprimée, il insiste sur les régimes médiatiques dans lesquels la bande dessinée s’inscrit. 
Ces travaux pionniers, malheureusement jamais traduits en français, sont restés des références indispensables et ont nourri quantité d’approches, que l’on pense par exemple au travail de Thierry Smolderen, de Patricia Mainardi ou à celui de Frédéric Paques, pour ne citer qu’eux. C’est dire si Rebirth of the English Comic Strip. A kaleidoscope, 1847-1870 qui vient conclure des décennies de travaux consacrés à la bande dessinée au XIXe siècle, était attendu.

Lire la recension complète de l'ouvrage de David Kunzle par Sylvain Lesage.

Vers un matrimoine de la bande dessinée

Recension de Marys Renné Hertiman et Camille de Singly (dir.), Construire un matrimoine de la BD – Créations, mobilisations et transmissions des femmes dans le neuvième art, en Europe et en Amérique, Dijon, Les Presses du Réel, 2024, 351 p. 

Avec les contributions de Liane Azevedo de Souza, Hélène Camarade, Alfredo Guzmán Tinajero, Marys Renné Hertiman, Claudia Jareño Gil, Jessica Kohn, Pierre Nocérino, Maël Rannou, Trina Robbins, Thais Batista Rosa Moreira, Anne-Claire Sanz-Gavillon, Maria Clara da Silva Ramos Carneiro, Camille de Singly, Hélène Tison.

« Reconsidérer de manière radicale l’apport des femmes dans la bande dessinée » : c’est l’objectif affiché par cet ouvrage collectif, issu du projet collectif porté par les Bréchoises. Formé au printemps 2020, ce collectif a animé un séminaire, une exposition et un colloque, « Faire corps », dont ce volume rassemble les actes tout en les prolongeant par des entretiens et des contributions inédites.

Lire la recension de l'ouvrage par Sylvain Lesage.