DES IDENTITÉS DANS L’ARABE DU FUTUR. UNE JEUNESSE AU MOYEN ORIENT, DE RIAD SATTOUF. De la représentation de soi à l’hybridité culturelle
Mémoire
par
Flavio - Paredes
Sous la direction de Villagordo, Eric
Master Arts, Lettres et Langues, mention Études Culturelles, parcours Cultures en Migration2018- Université Paul Valéry - Montpellier 3- UFR1 Lettres, Arts, Philosophie et Psychanalyse
Montpellier- France
Le sujet du mémoire c’est la représentation des identités et des différences culturelles à travers L’Arabe du futur. Une jeunesse au Moyen-Orient, de Riad Sattouf. Il s’agit d’une analyse critique et pluridisciplinaire des représentations, des systèmes d’incorporation de dispositions et des imaginaires dans cette BD autobiographique. L’étude se prolonge des autobiographismes jusqu’aux enjeux du multiculturalisme et d’hybridité. Les rapports idéologiques, sociaux et culturels entre le Moyen-Orient et France, ainsi que le rôle de la famille, sont particulièrement étudiés, depuis des perspectives anthropologiques, sociologiques, psychanalytiques, narratologiques, esthétiques et sémiologiques.
mots-clés : identités ; imaginaire ; représentation ; autobiographisme ; Moyen-Orient ; interculturalité ; Sattouf, Riad ; Menu, Jean-Christophe ; Groensteen, Thierry ; Rouvière, Nicolas ; McCloud, Scott ; Hall, Stuart
D’abord, notre étude démarre avec certaines notes générales sur la vie et l’oeuvre de Riad Sattouf, en tant qu’auteur -que personne concrète-, et sur ses façons de travailler le dessin et le scénario, ces façons pourront s’agrouper autour de l’étude de son « style ». Ensuite, ces notes donnent place au traitement de l’identité de Riad Sattouf, au travers de l’autobiographie et de la représentation de soi, cette partie mobilise des approches narratologiques appliquées au champ de la bande dessinée et elle s’inscrit dans une aire de recherche émergente dans le contexte académique français et, même, mondial. L’étude de Riad Sattouf en tant qu’énonciateur d’un récit autobiographique qui explore son monde intérieur nous donne la possibilité de traiter le processus d’identification de l’auteur/narrateur/personnage. De même, elle nous permet de connaitre les milieux de socialisation qui ont favorisé l’incorporation d’un système de dispositions, qui a fait de lui un homme avec une pluralité de façons de voir, de sentir et d’agir dans le monde. Ces milieux de socialisation sont définis par des agents comme la famille, l’école, le groupe de pairs, les politiciens ou les médias ; mais ils s’inscrivent dans une logique de circulation basée sur le fait que Riad Sattouf et son univers familial sont partie d’un contexte de migration. Apres l’univers individuel du personnage, le déroulement du mémoire nous pousse vers des réflexions sur les identités culturelles, sur ces représentations collectives qui la plupart du temps dérivent en stéréotypes, réductions ou essentialisations. Mais lesquelles, si on lit plus profondément, peuvent nous rendre compte de sa plasticité, des processus de leurs productions et de certaines dynamiques de résistance face aux opérations de hiérarchisation et des rapports de domination dans l’ordre géopolitique, parce que tout régime de représentation est un régime de pouvoir. Ces identités culturelles peuvent être comprises comme des traits culturels partagés par les membres d’un groupe, et aussi comme des ruptures et des discontinuités, comme des différences. Toutefois, elles opèrent depuis un sens idéologique –sans neutralité- et d’une mise en place des imaginaires sur certains marqueurs comme le territoire, la langue, la religion, le récit historique ou les manifestations de la culture de masses. Ces critères sont aussi représentés dans L’Arabe du futur, toujours depuis un point de vue, parfois avec un ton parodique. Finalement, l’étude de ces représentations et constructions identitaires nous emmènent jusqu’aux réflexions sur la fluidité des notions, sur l’hybridité culturelle et le multiculturalisme, idées qui entourent Riad Sattouf, personnage d’un récit, dans sa condition d’homme global et sujet bricolé par les expériences de mobilité vers différents espaces sociaux. La condition de ce personnage nous interpelle aussi sur la possibilité de générer de nouveaux imaginaires qui puissent tenir compte des nouvelles formes pour comprendre l’individu actuel et la société contemporaine, ce moment où les frontières et les catégories discursives s’embrouillent et des nouveaux débats apparaissent dans le domaine de la culture, lequel a été depuis toujours un champ de lutte.