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De l’absence à l’abondance, Manger et partager la nourriture dans les albums sur la pauvreté

Cheyenne Olivier

[mars 2025]

La pauvreté est définie comme portant atteinte au corps humain, privé d’un accès aux ressources essentielles et matérielles permettant de préserver son intégrité physique. Parmi ces besoins élémentaires — se chauffer, se vêtir et s’abriter — s’alimenter figure parmi l’un des plus primaires. Pauvreté et faim sont souvent pensées conjointement, notamment par les enfants, comme l’ont montré les travaux du Centre de Recherche et d’Information sur la Littérature de Jeunesse en 2019. 

Le philosophe Georg Simmel rappelle qu’on définit souvent le pauvre en creux face au corps social qui l’exclut (Simmel, 2009). Ainsi, la thématique de la pauvreté appelle en premier lieu le manque et l’absence de nourriture. Cette privation, comme l’évoque si bien George Orwell dans son expérience de la pauvreté à Paris et Londres (Orwell, 1923), génère une obsession pour la nourriture, tant dans sa matérialité que dans sa commensalité. Cela explique peut-être l’abondance de représentation de l’alimentation dans les albums pour enfants sur la pauvreté, qui constituent mon sujet d’étude en tant que doctorante et un sujet de création récurrent en tant qu’illustratrice.

L’historienne des sensorialités Viktoria Von Hoffman rappelle une association conçue au XVIIIe entre la nourriture, l’image, l’enfant et la pauvreté (Von Hoffman, 2018), la nourriture étant, comme les images, plus accessible aux sens des êtres considérés comme primaires, les enfants autant que les indigents. Cet article se place au croisement de ces quatre notions : il se focalise à la fois sur les ingrédients mêmes et leur symbolique liée à la pauvreté, mais aussi et surtout au rôle social du repas pris en commun comme symbole d’une lutte contre l’exclusion. Mon étude s’appuie à la fois sur un corpus d’albums pour enfants contemporains sur la pauvreté et ma propre création illustrée de tels albums.

Absences : Tromper (et montrer) la faim

Comment montrer, signifier, dessiner le manque de nourriture ? La multitude d’imageries de la famine, notamment dans le domaine de la caricature de presse ou du photojournalisme, en montre les effets terribles sur des corps décharnés, maigres et gonflés. Cette monstration questionne les limites de ce que l’on peut montrer, quand le choc provoqué par les images de la souffrance d’autrui implique la responsabilité de celui qui les conçoit (Sontag, 2003) et fait douter de l’efficacité d’un tel dispositif. Inutile de pousser plus loin cette observation, tant les albums pour enfants trouvent des moyens détournés pour éviter toute représentation du corps dégradé.

Illustration 1 : Esther Duflo et Cheyenne Olivier, Neso et Najy même pas peur de la grande ville !, Paris, Seuil jeunesse, 2022

Je me suis posé cette question lors du dessin de la série Nilou écrite par l’économiste Esther Duflo que j’ai illustrée. Dans l’album Neso et Najy, on rencontre Najy, un jeune homme vivant dans la famille la plus pauvre du village. Dans une scène, la mère et la grand-mère de Najy ainsi que son petit frère se privent de manger pour donner les maigres ressources au seul homme travailleur de la maison, comme c’est souvent le cas dans les familles extrêmement pauvres. Ayant en tête l’impératif de montrer le sacrifice de la famille et la direction de ce don vers le personnage de Najy, je dirige les regards vers lui. Cependant, lorsqu’Abhijit Banerjee, le mari et collègue d’Esther Duflo, relit les pages, il me signale que l’effet est trop direct : les familles pauvres qu’il a rencontrées prétendraient avoir mangé et laisseraient quelque chose de côté plutôt que de se priver aussi frontalement, afin de préserver la dignité de tous. J’ai donc modifié les poses et les regards pour mieux signifier cette gêne dissimulée.

La thématique de la pauvreté appelle une esthétique des restes, des détritus et des déchets, en écho à la marginalité qu’elle constitue face au corps social dominant. Le motif des restes apparaît régulièrement, comme dans l’album Ailleurs. Celui-ci met en miroir deux situations, l’une après le marché dans un pays riche et l’autre dans le bidonville d’un pays pauvre, mettant en évidence les différences et les ressemblances entre les lieux.

Illustration 2 : David Guyon et Hélène Crochemore, Ailleurs, Vincennes, Talents hauts, 2019

L’entassement des cageots est mis en parallèle avec les taudis du bidonville de manière discontinue sur la double page, indiquant une similitude certaine : les gens vivent dans des boîtes. La page de droite regroupe deux formes de précarité : celle de l’employé municipal immigré et celle du mendiant glanant dans les cageots. L’anaphore dans le texte renforce cette tension : « Quand tu es pauvre, tu le restes. Quand tu es pauvre, tu as les restes ». L’utilisation du verbe – rester et du nom commun restes implique dans les deux cas un état de fixité et renforce la sensation de pesanteur. André Bouchard, dans son album Les Palsou, met en scène la vie burlesque d’une famille de sans-abris. Le texte évoque une situation normale voire banale : « Avec six bouches à nourrir, il faut faire les courses souvent. Alors, on va au marché … » tandis que l’image montre, en décalage, la famille ramassant les invendus après le marché. On peut penser ici au film d’Agnès Varda Les glaneurs et la glaneuse, valorisant cette activité à la lisière de la légalité.

L’association de la pauvreté à l’alimentation passe aussi par la petite criminalité, et en particulier le vol de nourriture au cœur de l’album Le petit marchand de rue de l’illustratrice brésilienne Angela Lago. La narration en boucle de cet album montre le cycle infernal d’un petit garçon qui se fait voler ses trois pommes par des automobilistes démoniaques à un carrefour, et que la nécessité pousse à voler à son tour. Il y a une fatalité non-résolue dans ce vol, qui ne peut qu’évoquer le vol du pain à l’origine de la condamnation au bagne de Jean Valjean dans le roman Les Misérables de Victor Hugo. Ici, le vol de la pomme s’apparenterait plutôt, comme l’a montré Jean Starobinski dans son étude sur le geste du don (Starobinski, 2007), à la faute originelle, celle d’Eve cueillant la pomme menant à la chute de l’humanité dans la pauvreté physique et mortelle.

Une manière plus directe de montrer l’absence passe aussi par la représentation du contenant dans une dynamique du plein et du vide. La cocotte, en particulier, symbolise la nourriture collective et roborative (De Certeau, Giard et Mayol, 1994). Elle fait partie de ces objets, tel le balai ou le seau, associés à la pauvreté, et se rapproche de la marmite ou du pot, d’un ustensile culinaire simple dont la fonction est de nourrir la masse avec peu de moyen, associée à des cuissons longues chargées d’extraire toutes les saveurs à partir d’ingrédients souvent peu royaux. On retrouve cet objet dans une comptine scandinave, La cocotte qui tipe-tape-tope illustrée à maintes reprises. Une cocotte se retrouve sans emploi car la vieille dame à qui elle appartient n’a plus un sou et ne peut plus la faire cuisiner. La cocotte, animée, va progressivement aller taxer de la nourriture à différents habitants qui ne donnent des aliments qu’au roi.

Enfin, le contenant n’est jamais aussi vide que lorsqu’il s’empile et forme un tas de vaisselle, motif que l’on retrouve aussi dans plusieurs albums. Dans l’album indien Guidée par mon pinceau, le personnage, pour compenser les « maigres ressources » que fournit la forêt autour de son village, doit laver la quantité immense de pots utilisés dans le ménage qui l’emploie. Pourtant, la jeune femme prend plaisir à aligner soigneusement les pots, guidée par une attention esthétique aux choses qui annonce le développement de son art et son émancipation dans le reste de l’album. La vaisselle, c’est aussi la partie ingrate, marginale, sale et finale de la cuisine. Ainsi, dans un élan optimiste et égalitaire, toujours chez André Bouchard, c’est l’ensemble de la société — le pacha et ses subordonnés — qui se serre les coudes pour laver la vaisselle ensemble, marquant à la fois la fin du festin qu’ils viennent de partager et la fin de l’album.

Illustration 3 : Dulari Devi et Gita Wolf-Sampath, Guidée par mon pinceau :  d’après le récit de Dulari Devi, Paris, Syros, 2012

Abondances : symbolique des matières premières

L’absence est compensée dans les albums par une abondance de représentation de la nourriture, souvent au centre narratif et visuel des récits. Certains mets ou ingrédients, dans leur symbolique et leur usage, se rapportent directement à l’idée de pauvreté.

On retrouve tout d’abord le pain, et son lieu de production, la boulangerie. Elle est le lieu du refus de l’essentiel, celui où est adossé le sans-abri Raspoutine de l’album du même nom (Guéraud, Guillaume et Daniau, Marc) et devant lequel passent les enfants sans pouvoir lui donner la pièce. C’est le lieu de désir sucré derrière la vitrine que regarde avec envie la petite fille aux allumettes de Tomi Ungerer, ou encore les bonbons qui permettent à la petite fille de l’album Sans détour (Demasse-Pottier, Stéphanie et Haugomat, Tom) de ne pas croiser le regard d’une sans-abri et son enfant. C’est dans une « boulangerie-orphelinat » que sont emmenés les pauvres enfants Jack et Guy dans l’album On est tous dans la gadoue de Maurice Sendak, un paradis doux-amer éloigné du taudis dans lequel les enfants vivent et où le pain est gratuit au prix d’une mort certaine. Le pain est l’aliment essentiel, celui du peuple et l’objet de sa colère lorsqu’il vient à manquer, comme le rappelle Denis Saillard dans son histoire politique du pain (Arnaud et Saillard, 2023). 

Illustration 4 : Tomi Ungerer, Allumette, Paris, l’École des loisirs, 1997

La nourriture et la pauvreté sont paradoxalement associées dans l’excès d’une alimentation peu valorisée, trop grasse et trop sucrée. La malbouffe représente le niveau d’alimentation à la fois le plus accessible mais aussi le plus néfaste pour la santé. Le hamburger et le paquet de frites symbolisent à eux-seuls la culture du fast-food, à la fois décriée publiquement depuis maintenant une vingtaine d’années mais dont pourtant la popularité auprès des jeunes n’a jamais été aussi forte. Pourtant, ils ne font pas l’objet d’un jugement dans deux albums, Dans la rue et Toi, vole ! (Eve Bunting, Fenn Troller et Frédéric Rébéna, 2013) où la dimension affective d’une rencontre au fast-food est mise en avant. Elle consiste à se faire plaisir de temps en temps lorsque les sources de joies quotidiennes sont minces, notamment pour les parents aux revenus faibles qui font occasionnellement plaisir aux enfants. Les fast-foods sont des exceptions, des souvenirs heureux car temporaires dans un environnement plus général privé de nourriture saine ou régulière.

À l’opposé de cette nourriture populaire, la cuisine gastronomique trouve également sa place dans les albums où l’excès verbal et visuel de la richesse culinaire se dessine en opposition à la pauvreté. La gastronomie s’est construite à partir du XVIIIsiècle sur un raffinement et une scientificité visant à distinguer la classe bourgeoise émergente. Elle repose sur un travail quasi littéraire et artistique sur les termes culinaires employés dans l’esthétique élaborée des mets (Drouard, 2010). Le texte d’Étienne Delessert, dans son album La chute du roi, en reprend les codes dans le nom donné aux plats servis au roi, faisant passer au premier plan de l’image les serviteurs portant des plats aux compositions raffinées que le jeune lecteur peut tenter d’associer aux intitulés. Chez Hans Traxler, la lecture au coucher d’un livre de cuisine par une vieille dame pauvre et isolée compense (et trompe) temporairement sa faim. Ici, la nourriture est surtout textuelle, formant un long pavé de texte à déguster pour le lecteur également.

Illustration 5 : Étienne Delessert, La chute du roi, Paris, Gallimard jeunesse, 2006

La viande est un symbole de richesse et de pouvoir, longtemps associée aux grandes tablées royales, tandis que le peuple se contente des bas morceaux. Dans le conte d’Alain Gaussel Chrysopompe de Pompinasse, la tête du diable qu’épie le pauvre héros est proche visuellement — ovale et rouge — du steak au poivre qu’il se cuisine, accompagné d’un vin rouge lui aussi. La consommation de viande, dans son discours, vise à le préparer à attaquer celle du lendemain, la viande tendre du fils du roi …

Le roi refuse même le dessert, à la portée symbolique pourtant grande face à la pauvreté. Le dessert, c’est la marge futile du repas, lorsque la nécessité de se nourrir est dépassée et que la gourmandise vient en surplus. Le dessert participe à la dignité des personnages, celle de mériter plus que le minimum vital et d’avoir droit eux aussi au plaisir. Ainsi, dans l’album Bonhomme, on suit en parallèle la journée d’une petite fille et d’un sans-abri jusqu’à leur rencontre dans un parc. La simplicité de la proposition de la fillette — le partage d’un goûter — tranche avec les multiples refus que le personnage vient d’essuyer dans les pages précédentes. De même, dans l’album Daniel qui n’avait pas de maison, une part de gâteau est délicatement posée par terre et ramassée par le sans-abri Daniel, dont la pose est noble, presque désintéressée, renforcée par un texte qui explique qu’il n’accepte pas la charité. Ici, son droit à un petit plaisir (autant celui de la part de gâteau que le café et la cigarette placée en vignette) participe à la monstration de sa liberté d’agir conservée.

Dépendances : nourrir le corps social 

J’ai jusqu’ici abordé une vision plutôt solitaire de la nourriture : elle est bien sûre éminemment sociale, surtout lorsque l’on aborde la thématique de la pauvreté. Le partage d’un repas interroge le partage des ressources plus ou moins inégales autant que l’inclusion ou l’exclusion de la consommation commune, l’un des facteurs majeurs de liant social.

Au premier plan de cette sociabilité alimentaire : la boisson, et en particulier le café, héritier dans notre imaginaire collectif français d’une pratique collective urbaine. On retrouve les cafés parisiens typiques dans les décors de Tomi Ungerer et Martine Delerm dans leurs adaptations respectives du conte d’Andersen La petite fille aux allumettes. Les personnages n’ont cependant pas le droit d’y entrer. Les scènes de partage de café mettent en avant l’échange, le vis-à-vis des figures tendues les unes vers les autres : la générosité de la serveuse d’un diner américain envers un sans-abri dans l’album Gipsy et l’homme du canal ou celle de l’aide humanitaire au secours du migrant dans l’album L’homme invisible.

Illustration 6 : Gilles Rapaport, L’homme invisible, Paris, Circonflexe, 2010

Cette attitude généreuse présentée dans les albums vise à générer une même prodigalité chez l’enfant-lecteur, comme c’est souvent le cas dans les albums mettant en scène l’heure du dîner (Montmasson, 2019). Certains albums mettent en scène la culpabilité du personnage d’enfant riche devant sa nourriture pour l’amener à considérer ceux qui n’en ont pas. Plusieurs stratégies visuelles sont ici mises en place : chez Barroux, dans l’album Ahmed sans abri, l’étalement du repas offert à l’enfant (avec a priori des plats qu’il aime : frites, fromage, chocolat, coca) est laissé en réserve, blanc. Il n’a ni goût ni attraction pour l’enfant dont le regard est captivé par la télévision et l’information sur la dureté de vie pour les sans-abris du canal Saint-Martin qu’elle diffuse. Dans l’album Raspoutine, la texture picturale attrayante des choux de Bruxelles et de la baguette fraîche vue frontalement à travers un narrateur iconique interne tranche avec le dégoût de l’enfant exprimé dans le texte. La discussion avec son père, de type « les petits africains n’ont rien à manger, eux », enjoint l’enfant à aller porter son assiette au sans-abri Raspoutine dans la double-page suivante. 

Le plat unique et la multiplicité des ingrédients qui le composent est présenté comme métaphore de la société plurielle et solidaire dans l’album Frigo Vide de Gaétan Dorémus. Comme pour d’autres livres, l’illustrateur part d’un principe coloré en associant ici chaque habitant à un ingrédient et une couleur. La dissociation des habitants est montrée par la séparation des blocs rectangulaires de couleur qui symbolisent l’espace cloitré de leurs appartements. Mais l’isolement et le manque d’ingrédients les poussent à partager leurs ressources pour concevoir ensemble un plat. La tarte multicolore qui en résulte est présentée en gros plan et annonce la mixité retrouvée des habitants dans un grand banquet final. Le repas de quartier comme espace de sociabilité interculturelle autour de la nourriture se rencontre également dans l’album Invisible de l’auteur britannique Tom Percival. Ce type de représentation s’inscrit dans un idéal du banquet populaire et de la commensalité esquissant l’espoir d’une société plus inclusive.

Plus directement liée à la pauvreté, la soupe populaire est souvent évoquée dans le corpus. L’album Les Victorieuses ou le Palais de Blanche reprend la figure historique de Blanche Peyron (Chevalier de l’Armée du Salut ), à l’origine du Palais de la femme à Paris et figure de la charité parisienne au début XXe. L’image met au premier plan deux bénéficiaires pauvres, tandis que l’abnégation de Blanche malade est montrée par sa position au second plan. Dans l’album Terminus, une grand-mère tente tout au long d’un trajet en bus de convaincre son petit-fils de venir l’aider à servir, sous-entendant que leurs propres difficultés ne doivent pas les empêcher de soutenir les autres. La question de l’accès à la nourriture est également au cœur de cette scène dans le carnet de voyage de l’illustratrice allemande Elsie, qui suit la vie de plusieurs sans-abris au sein d’un foyer d’accueil parisien. Gilles, qu’elle suit depuis quelques jours, demande à pouvoir prendre ses repas à l’intérieur des locaux du secours catholique mais l’assistante sociale le lui refuse. La présence de l’illustratrice pousse cependant l’assistante à lui donner deux tickets restaurants avec lesquels ils déjeunent. Gilles s’empiffre alors qu’il n’a plus faim pour faire des réserves en anticipation du manque, faisant écho à l’absurdité de l’administration. 

La cantine populaire mène dans les albums pour enfants à la cantine scolaire, dont l’importance dans la prise régulière de repas chauds pour les enfants précaires est bien connue. La nourriture physique est, dans l’album documentaire La pauvreté et la faim, une condition nécessaire à la nourriture intellectuelle, l’école ayant l’obligation de fournir les deux. La cantine et les élèves attablés renvoient également à la mise au même plan d’enfants aux parcours souvent différents. L’album de Kayoko Ikeda, Un village de 100 personnes, est financé par le Programme Alimentaire Mondial et montre un reportage photographique sur la vie d’une enfant dans un village népalais. Ici, l’image et le texte mettent en avant non seulement le repas en lui-même mais aussi sa production par la cuisinière et la directrice de l’école. L’alimentation passe également par un meilleur savoir des conditions de production de ce que l’enfant mange.

Illustration 7 : Louise Spilsbury et Ḥanān al-Qāʿī, La pauvreté et la faim, Paris, Nathan, 2017

L’alimentation dans les albums pour enfants sur la pauvreté renvoie à une tension entre le vide et le plein, entre l’absence et l’abondance de nourriture ainsi que la répartition inégale de celle-ci. Le thème de la nourriture est un fil conducteur tout au long des albums : il vient souvent alléger la gravité du sujet et renvoie à une expérience de plaisir partagé universelle que les auteurs et illustrateurs jeunesse utilisent abondamment.

Bibliographie primaire

Bouchard, André, Le pacha qui s’ennuyait, Paris, Seuil jeunesse, 2016.

Browne, Anthony, Hansel et Gretel, Paris, Ecole des loisirs, 2013.

Colombani, Laetitia et Pollet, Clémence, Les victorieuses :  ou le palais de Blanche, Paris, Grasset jeunesse, 2021.

De la Peña, Matt et Robinson, Christian, Terminus, Paris, les Éditions des Éléphants, 2016.

Delessert, Étienne, La chute du roi, Paris, Gallimard jeunesse, 2006.

Demasse-Pottier, Stéphanie et Haugomat, Tom, Sans détour, Rouen, l’Étagère du bas, 2022.

Dorémus, Gaëtan, Frigo vide, Paris, Seuil jeunesse, 2009.

Duflo, Esther et Olivier, Cheyenne, Neso et Najy :  même pas peur de la grande ville !, Paris, Seuil jeunesse, 2022.

Devi, Dulari et Wolf-Sampath, Gita, Guidée par mon pinceau :  d’après le récit de Dulari Devi, Paris, Syros, 2012.

Elsie, Viens chez moi,j’habite dehors :  un carnet de voyage chez les sans-abri, Paris, Albin Michel, 1994.

Flamant, Ludovic et Gréselle, Sara, Bastien ours de la nuit, Paris, Versant Sud, 2021.

Jonathan Frost, Gipsy et l’homme du canal, Paris, Seuil jeunesse, 2006.

Gaussel, Alain et Dall’Ava, Caroline, Chrysopompe de Pompinasse, Paris, Syros, 2018.

Guéraud, Guillaume et Daniau, Marc, Raspoutine, Rodez, Éd. du Rouergue, 2008.

Guyon, David et Crochemore, Hélène, Ailleurs, Vincennes, Talents hauts, 2019.

Ikeda, Kayoko et al., Si le monde était un village de 100 personnes ,  [2] :  Alimentation, Arles, Picquier, 2006.

Lago, Angela, Le petit marchand des rues, Voisins-le-Bretonneux, Rue du monde, 2005.

Percival, Tom, Invisible, Paris, Kimane, 2021.

Promeyrat, Coline et Hudrisier, Cécile, La cocotte qui tap-tip-tope, Paris, Éd. Didier jeunesse, 2003.

Rapaport, Gilles, L’homme invisible, Paris, Circonflexe, 2010.

Rascal et Joos, Louis, Le voyage d’Oregon, [Bruxelles] Paris, Pastel l’École des loisirs, 1993.

Sendak, Maurice, On est tous dans la gadoue suivi de Jack et Guy :  deux comptines illustrées, Paris, l’École des loisirs, 1996.

Spilsbury, Louise et Qāʿī, Ḥanān al-, La pauvreté et la faim, Paris, Nathan, 2017.

Traxler, Hans, Viens, Émile, on rentre à la maison !, Genève, la Joie de lire, 2018.

Van Linthout, Sarah, et Dubois, Claude K., Bonhomme, [Bruxelles] Paris, Pastel l’École des loisirs, 2017.

Bibliographie secondaire

Arnaud, Coline, et Saillard, Denis, Pain et liberté du Moyen âge au XXIe siècle :  une histoire politique du pain, Paris, Textuel, 2023.

Banerjee, Abhijit V., et Duflo, Esther, Repenser la pauvreté, Paris, Points, 2014.

de Certeau, Michel, Giard, Luce et Mayol, Pierre, Habiter, cuisiner, Paris, Gallimard, 1994.

Collectif, La pauvreté à l’œuvre dans la littérature jeunesse : Colloque des 8-9 février 2019, Les cahier du CRILJ, 2019.

Drouard, Alain, « La naissance du mythe gastronomique », in Le mythe gastronomique français, Hors collection, Paris, CNRS Éditions, 2010.

Montmasson, Doriane, « « Dis donc, T’Choupi. Tout le monde doit être servi ! » Le rituel du repas dans les albums illustrés », Strenæ [En ligne], 15 | 2019. 
URL : http://journals.openedition.org/strenae/3502 

Orwell, George, Down And Out In Paris And London - Collins Classics, Balaji Publications, 2023.

Simmel, Georg, Le pauvre, Laure Cahen-Maurel (éd.) Paris, Éd. Allia, 2009.

Sontag, Susan, Devant la douleur des autres, Paris, C. Bourgois, 2003.

Starobinski, Jean, Largesse, Paris, Gallimard, 2007.

Von Hoffman, Viktoria, « Le sensible et le culinaire. Les prémices d’une artification au XVIIIe siècle », dans Le cuisinier et l’art :  art du cuisinier et cuisine d’artiste, XVIe-XXIe siècle, Paris, Menu fretin INHA, 2018.