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Bédéphiles et fans : différences et résonances contemporaines

Nicolas Labarre

Le mot « fan » est employé en France dès la fin des années 1950 pour la musique populaire, et dès les années 1960 pour la bande dessinée, même si le terme s’embarrasse à l’époque d’italique ou de guillemets prudents.

Il y a donc des fans de bande dessinée au moment même où apparaissent les bédéphiles, et les deux notions dialoguent notamment quand la bédéphilie se déploie dans des fanzines (cf. Première génération des revues), au début des années 1970. Pour autant, pratiques de fans et bédéphilie ne se confondent pas.

À gauche : affiche de La Jetée, film réalisé par Chris Marker, 1962
À droite : une des premières images du film

Il y a là une division rassurante, confirmée par l’habitude : la bédéphilie est du côté de l’analyse, de la respectabilité, des gens sérieux et un peu guindés, quand les fans sont par nature excessifs (des fanatiques), plus jeunes et plus désordonnés, plus volontiers séduits par les industries culturelles et au fond un peu suspects. Ce qui distingue les uns des autres, ce serait peut-être la portée de leur intérêt. La passion du fan est généralement plus spécifique (fan de manga ou de super-héros plutôt que fan de bande dessinée en général) et pas nécessairement limitée à un unique média. 

Cosplayeurs et cosplayeuses croisant les univers fictionnels, "DC versus Street Fighter", New York, CC-BY 2.0 Richie S., 2015

De fait, même si les bédéphiles ont joué avec les médias, en célébrant des cinéastes comme Alain Resnais et Chris Marker, ou en organisant des projections sur diapositives, c’est bien du côté des fans que se sont développées des pratiques comme le cosplay ou la collection de produits dérivés, par lesquels s’exprime de façon spectaculaire l’affection contemporaine pour la bande dessinée et ses personnages.

Pour aller plus loin

Bédéphilie