allers et retours dans le fanzinat : de dirty plotte au pantalitaire
[novembre 2022]
Izabeau Legendre nous éclaire sur le parcours de Julie Doucet décrit souvent, à tort, comme une sortie de la bande dessinée à partir de la fin des années 1990.
La place de l’œuvre de Julie Doucet dans l’histoire récente de la bande dessinée n’est plus à faire. Le prix de la ville d’Angoulême remis en mars 2022 n’a que confirmé l’importance d’une artiste déjà bien reconnue par son milieu, autant en France qu’aux États-Unis. La reconnaissance dont profite Doucet se concentre cependant sur une seule partie de son œuvre, s’étendant de la fin des années 1980 à la fin des années 1990. Cette période dans l’œuvre de Doucet est marquée par la publication de Dirty plotte, d’abord une série de 16 fanzines publiés de 1988 à 1990, ensuite republiés et poursuivis sous la forme d’un comic book en 12 numéros édités par Drawn & Quarterly de janvier 1991 à décembre 1998.
Du fanzine au comic book, la bande dessinée de Doucet paraît ensuite sous la forme de livres – albums, compilations, anthologies – lui assurant une place de choix dans l’histoire de la bande dessinée de la fin du XXe siècle. Retournant s’installer à Montréal après plusieurs années aux États-Unis et en Allemagne, Doucet délaisse le champ de la bande dessinée. Beaucoup, encore récemment, ont interprété cet « adieu » à la bande dessinée et ce retour à la scène montréalaise comme une disparition [1]. Contrairement à ces idées reçues, Doucet a maintenu un rythme de production élevé depuis la fin des années 1990. Son travail a pris plusieurs formes : bande dessinée (son Journal chez l’Association en 2004), livre d’artiste (Sophie Punt no. 11—La création de l’univers en 2005, republié sous le titre Elle-Humour chez Picture Box en 2006), illustration (Long Time Relationship en 2001), gravure (illustrations des Chroniques de New York, sur un texte de Jean-François Jouanne en 2003), collage de texte (l’autobiographie J comme Je en 2006), film d’animation (My New New York Diary avec Michel Gondry en 2008 et 2010), exposition (À l’école de l’amour en 2005-2006, ensuite rassemblée sous la forme d’un livre de collages en 2007), ou encore le roman-photo (Carpet Sweeper Tales en 2016).
La bande dessinée — au sens strict — n’a qu’une place restreinte dans cette œuvre multiforme extrêmement riche et exploratoire. La « rupture » du tournant des années 1990-2000 n’est, cependant, pas aussi franche que les champs de la bande dessinée américains ou français ont pu le croire. En effet, plusieurs fils conducteurs permettent d’établir des continuités fortes dans la trajectoire de l’artiste depuis la fin des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. La tension entre autobiographie et fiction, le croisement de l’image et du texte, un certain rapport au féminisme et, surtout, la pratique du fanzine viennent immédiatement en tête, pour autant qu’on cherche à aller au-delà de la bande dessinée de Doucet.
Du fanzinat à la bande dessinée
On rappelle souvent que Julie Doucet a d’abord publié ses premières bandes dessinées dans le fanzinat. Une partie importante de ses planches les plus connues sont d’abord publiées dans son fanzine Dirty plotte (1988-1990). C’est d’ailleurs par le fanzinat que Doucet se fera connaître aux États-Unis et en France. Le « métazine » Factsheet Five — une sorte d’annuaire du fanzinat recensant, à son apogée au tournant 1980-1990, plus d’un millier de fanzines par numéro et jouant par le fait même le rôle de principal point de rassemblement pour les fanzineuses et fanzineurs — publie une recension des deux premiers numéros de Dirty plotte dans sa 28e édition (Factsheet Five, 1988 : 20).
Son fanzine sert de carte de visite à Doucet, qui l’utilise pour présenter son travail à celles et ceux qui seront ses éditeurs aux États-Unis, dont Aline Kominsky-Crumb, éditrice de Weirdo, ou les éditeurs de Rip Off Comix, qui éditent notamment Wimmen’s Comix. La distribution nord-américaine de son propre comic book Dirty plotte (première publication de la maison anglo-montréalaise Drawn & Quarterly, 1991-1998) reprendra ensuite les planches publiées dans son fanzine et les fera largement connaître au public américain.
C’est également par les canaux du fanzinat que Doucet se fait connaître en France. Que ce soit dans le « mégazine » Sortez la chienne (format géant 32 x 47 cm) en 1989 puis 1991, ou dans les maintenant classiques S2 L’Art ? (no. 11, 1990) édité par Sébastien Morlighem, ou Peltex (no. 8, lettre « H », 1990), édité par Dominique Leblanc, Doucet intègre le champ de la bande dessinée français par la marge.
C’est d’ailleurs par son S2 L’Art ? que Jean-Christophe Menu rencontrera pour la première fois son travail, sous la recommandation de Jacques Noël, libraire aux Yeux Fertiles (devenu Un Regard Moderne), haut lieu du fanzinat et de la scène graphzine française de l’époque (Menu, 2018 : 36). En retournant au fanzinat à la fin des années 1990, Doucet ne quitte pas tant la bande dessinée qu’elle retourne à son milieu premier.
Dirty plotte, égozine ?
Le fanzine, puis le comic book, Dirty plotte forment de loin la part la plus connue de l’œuvre de Doucet. Malgré le fait qu’elle ait publié des bandes dessinées ailleurs, le titre sert lui-même de métonymie pour l’ensemble de sa bande dessinée, comme en témoigne son utilisation pour les récentes anthologies lui étant dédiées [2].
Malgré tout, il semble que la spécificité du fanzinat et le rôle important qu’il a joué dans le travail de Doucet ne soient jamais sérieusement pris en compte. L’autobiographie, thème favori des études sur la bande dessinée de Doucet, permet de repenser ce rapport.
Le caractère autobiographique de Dirty plotte a fait couler beaucoup d’encre. Anne Elizabeth Moore fait du rapport à soi l’axe central de son livre, seule monographie consacrée au travail de Doucet à ce jour (Moore, 2018). Doucet elle-même a souvent essayé de détourner la lecture de son travail de cette interprétation. Ainsi lance-t-elle dans un entretien publié dans le Comics Journal en 2016 :
Plus récemment, elle disait avoir voulu essayer de faire de la fiction, pour L’Affaire madame Paul notamment, mais n’y être jamais arrivée, avoir toujours eu besoin d’ancrer son travail dans le vécu : « La fiction, vraiment, je n’ai pas ce genre d’imagination là » (Rannou & Doucet, 2022). Ce rapport — jamais tout à fait dans l’autobiographie, jamais tout à fait en-dehors — peut sembler ambigu pour une œuvre circulant dans l’espace public, véhiculée par l’édition conventionnelle. Le fanzinat est, au contraire, en partie constitué sur cette ambiguïté.
Beaucoup ont déjà noté le côté très « personnel » des fanzines. Le plus souvent publiée à très petits tirages, produits et distribués par une seule et même personne, la grande majorité circule dans un espace intermédiaire entre le public et le privé (Atton, 2002 ; Pagé, 2013). L’incarnation en est le perzine ou « égozine » : le fanzine non seulement autoédité et autodistribué, mais également au contenu autobiographique (Rannou, 2017). Dirty plotte porterait mal l’étiquette d’égozine. La part accordée à la « fantaisie », comme dit Doucet, est très grande, et l’essentiel du contenu autobiographique est abordé de biais, le plus souvent sans en assurer la véridicité. Cela dit, il y a bien un aspect « personnel » très marqué, d’ailleurs assez typique des fanzines de l’époque.
Pour Stephen Duncombe, auteur de l’étude la plus importante sur le sujet : « l’accent sur l’aspect personnel n’est pas limité aux égozines, mais un trait caractéristique de l’éthique du fanzinat [4]. »
Un grand nombre de fanzines ne respectant aucun « pacte autobiographique » (Lejeune, 1975) ne peuvent cependant pas être « détachés » de la personne de leur créatrice ou créateur. Dans certains cas, une lecture autobiographique s’impose, ne serait-ce que par la proximité réelle entre créateurs et créatrices et leur lectorat. La « mise en commun des intimités » est ainsi une valeur phare pour toute une part du fanzinat (Legendre, 2022 : 63-65). Comme le dit également Alison Piepmeier, cette dimension personnelle et potentiellement autobiographique peut se lire jusque dans les aspects purement « formels » d’un fanzine : « Visuellement, les fanzines offrent un large éventail de possibilités esthétiques, mais la plupart d’entre eux rappellent la présence physique de leur créatrice ou de leur créateur [5] ».
Dans ce contexte, le contexte d’origine de Dirty plotte, il n’est plus utile de distinguer nettement le fictionnel de l’autobiographique. Entièrement créés par une seule personne, distribués de la même manière, souvent sans intermédiaire dans un rapport direct avec le lectorat, les fanzines portent de toute façon la marque personnelle de celles et ceux qui les produisent.
Le Pantalitaire : « Monoéditeur »
Ce n’est là qu’un aspect du fanzinat permettant de mieux comprendre le travail de Doucet. En regardant de plus près sa production de fanzines des dernières années, d’autres pistes apparaissent.
Le Pantalitaire se présente ainsi : « le pantalitaire est un mono-éditeur qui ne publie qu’un seul auteur, une seule auteure : julie doucet. directrice : julie doucet » (Le Pantalitaire, n. d.). Le projet prend d’abord forme comme une série de publications à mi-chemin entre le fanzine et le livre d’artiste, réalisées en 2007. Doucet est alors membre du centre d’artiste autogéré L’Atelier Graff, où elle explore différentes techniques d’impression et de gravure [6].
Au début des années 2010, alors que Doucet prend progressivement ses distances de l’Atelier Graff, elle reprend le nom pour une nouvelle structure d’édition et de distribution, qu’elle crée légalement en mai 2013. L’idée est d’éditer, d’imprimer et de distribuer ses propres publications. Devant l’ampleur de la tâche, cependant, Doucet abandonne progressivement l’idée d’y inclure l’ensemble de sa production et y concentre plutôt sa production de fanzines (Doucet : correspondance privée). Les premières publications du Pantaltaire, toutes deux parues en mai 2013, sont le fanzine un, deux, trois, je ne suis plus là (2013) et le film d’animation (dans une pochette sérigraphiée par l’artiste) Nouilles/Noodles, réalisé en collaboration avec la musicienne Anne-Françoise Jacques.
S’y ajoutent ensuite plusieurs titres (voir bibliographie). En plus des nouveaux fanzines qu’elle réalise, Doucet y réédite également des titres publiés depuis le début des années 2010 lorsqu’ils ne sont plus disponibles : Skizzenbuch —d’abord publié par la maison d’édition allemande Reprodukt sous le titre Schnitte—Caricature of love (1996/2013) ; 99-plus suicide projects (2011/2013), le révolution (2011/2013), J’aime (2012/2014), rémi eurelec et les autres en (2012/2015). En tout et pour tout, le catalogue compte une vingtaine de titres.
Le nombre de publications et de rééditions est important sur les deux premières années d’activité du Pantalitaire. À partir de 2016 cependant, le rythme de publication décroît significativement, pour s’arrêter en 2019. Les fanzines publiés entre 2016 et 2019 sont cependant loin d’être anecdotiques et mettent en lumière l’importance de cette période de transition dans l’œuvre de l’artiste.
Via la structure du Pantalitaire, l’artiste s’approprie les moyens techniques de son travail : elle quitte l’Atelier Graff, s’installe un atelier dans son appartement pour y imprimer elle-même ses fanzines. L’artiste puise dans sa pratique des dernières décennies, renoue avec le dessin et l’autobiographie.
Poirette (2017-2018)
Les trois fanzines de la série Poirette (2017-2018) sont particulièrement intéressants en ce qu’ils illustrent justement les déplacements et continuités dans l’œuvre de Doucet dans les années 2010.
Première de couverture, Poirette no 2, Montréal : Le Pantalitaire, Janvier 2018. Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Julie Doucet
Le premier numéro rassemble des collages faits à partir de photographies trouvées dans des vieux magazines féminins. Le tout donne une impression de ridicule, ces têtes de femmes épurées s’enchaînant, détachées de toute réalité. Les collages présentés dans le deuxième numéro mêlent texte et photographie. Le matériau de base paraît semblable à celui auquel ont été puisées les images du premier numéro, à la différence près que nous avons maintenant affaire à des corps nus. Sous le ciseau de Doucet, les corps de femmes sont morcelés : des jambes sans tronc, des torses nus sans tête, des jambes séparées et désarticulées. Les textes, quant à eux, produisent un effet grotesque similaire par l’empilement de propositions publicitaires décontextualisées.
Si la forme diffère des planches de Dirty plotte, on peut reconnaître dans les deux premiers numéros de Poirette des thèmes, voire un traitement esthétique que Doucet a amplement travaillé dans sa bande dessinée depuis les années 1980. Il est d’ailleurs important de noter que le collage faisait également bien partie de la pratique de Doucet depuis le début.
Autant le fanzine que le comic book Dirty plotte contiennent de nombreux collages que les rééditions en albums et compilations ont écartés. Si on peut noter des différences esthétiques importantes entre les collages des années 1980-1990 et ceux présentés dans les fanzines du Pantalitaire, la lecture des fanzines montre que l’écart n’est pas aussi important qu’on pourrait le croire.
Le titre de la série, Poirette, évoque le décalage entre les corps réels, donc imparfaits, des femmes et ceux auxquels les lectrices de magazines féminins sont implicitement invitées à les comparer.
On voit là une critique féministe par l’ironie, très présente dans le fanzinat, en particulier depuis le début des années 1990 et le mouvement Riot Grrrl, auquel on rattache par ailleurs souvent l’œuvre de Doucet par ailleurs (Tinker, 2008 ; Moore, 2018). On peut d’ailleurs noter que cette appartenance au féminisme n’est pas sans poser problème pour Doucet, qui aborde la question dans des termes rappelant son rapport à l’autobiographie dans sa bande dessinée [7]
Son rapport au féminisme, parfois ambigu, mais toujours présent, s’affine cependant à partir des années 2000, et reste une constante tout au long de son œuvre [8]. En réintroduisant une dimension autobiographique avec Poirette n° 3, Doucet met également en œuvre une forme de renversement par réappropriation qui était déjà bien à l’œuvre dans Dirty plotte.
Le troisième numéro de la série change en effet de cap. On y trouve des photographies de Doucet, prises entre 1978 et 2018, présentées en ordre chronologique. Une liste d’années présentées sur la première de couverture permet de les dater. On y voit l’artiste traverser les âges, présentant un visage parfois connu pour l’avoir vu dans les différentes œuvres autobiographiques de l’artiste. Certaines d’entre elles font d’ailleurs référence à des travaux précédents de l’artiste : une datée de mars 1989, période où Doucet publiait la première série Dirty plotte ; une autre, de 1997, ayant servi de modèle au dernier dessin de Long Time Relationship (2001).
Le collage photo, le croisement texte et image, puis le portrait de l’artiste, présente en quelque sorte un condensé du parcours de Doucet sur la période couverte par les publications du Pantalitaire. En ce sens, et avec les Dessins à main levée avec correcteur (2016) publiés l’année précédente, les zines de la série Poirette annonce le retour au dessin et à l’autobiographie qui surprennent le public et la critique en 2022 à la parution de Time Zone J.
Doucet, zinester
Les fanzines de la série Poirette, comme ceux du Pantalitaire plus généralement, illustrent bien à la fois les discontinuités et les continuités dans l’œuvre de Doucet. On n’y trouve pas de bande dessinée au sens strict, quoiqu’il serait intéressant de voir dans quelle mesure on pourrait les considérer comme de la bande dessinée, ou à quel coût on les en exclurait [9]. Ils ne sont pas narratifs, tant s’en faut ; ils ne sont pour la plupart pas dessinés. Leur format et les techniques avec lesquelles ils sont réalisés les démarquent d’ailleurs de la série Dirty plotte : A5 [10] contre des formats plus petits, et souvent irréguliers ; dessin contre collage et techniques mixtes ; photocopie contre risographie. Ce dernier point, la technique de reproduction, est plus important qu’il n’y paraît. Il y a, derrière le Pantalitaire, une démarche de réappropriation des moyens de production qui déborde la simple impression et touche également à la conception du contenu des fanzines. Doucet se permet d’explorer différentes méthodes, notamment en expérimentant avec les trames, comme dans Sauve-qui-peut ! (2015), ce que ne lui permettait pas la photocopie, ou l’édition conventionnelle.
On peut cependant également noter des continuités importantes. Le rapport avec l’autobiographie et le côté « personnel » de son travail en est une. Les thématiques féministes et le rapport au corps féminin en sont une autre. Le rapport au langage — mélanges de langues et de registres, superpositions, jeux avec les caractères et la ponctuation, combinaisons texte-image, jeux avec des non-sens, etc. — en est une autre encore. En y regardant de plus près, il y a donc d’importantes continuités dans l’œuvre de Doucet, qui apparaissent plus clairement à considérer la place centrale des fanzines et du fanzinat dans son travail. En retournant aux fanzines de la série Dirty plotte et à ceux du Pantalitaire, on peut retrouver la cohérence d’une œuvre trop souvent confinée à sa part de bande dessinée, et pensée sur le mode de la rupture brusque et incompréhensible.
Il semble ainsi important de relire la bande dessinée de Doucet au regard de l’ensemble de sa production. Si le tournant des années 1990 et 2000 a pu marquer un « adieu » à la bande dessinée, il a aussi été, pour Doucet, un retour au fanzinat. En recentrant le rapport au fanzinat dans l’ensemble de son œuvre, c’est en fait son passage par le champ de la bande dessinée et l’édition conventionnelle qui apparaît comme exceptionnel, une parenthèse de quelques années. On peut d’ailleurs noter que si, du point de vue du champ de la bande dessinée, la grande diversité du travail de Doucet est difficile à appréhender, elle l’est beaucoup moins lorsque réinscrite dans la scène du zine de Montréal. Du point de vue du fanzinat, la bande dessinée n’est qu’une pratique parmi d’autres, et il n’est pas rare de voir des artistes combiner bande dessinée, collage, poésie, illustration, etc. dans leurs fanzines. Ce que Doucet a d’inassignable pour le champ de la bande dessinée tient, en ce sens, au fait rarement souligné que son appartenance première est au fanzinat, et ce depuis le début. Les fanzines de la série Dirty plotte et la bande dessinée de Doucet, tout comme ceux du Pantalitaire d’ailleurs, ne sont qu’une partie d’une œuvre importante qui reste à étudier.
Bibliographie
Œuvres de Julie Doucet
- 1989. « A Night » dans Sortez La Chienne No 4, El Rotringo éd. Lille : Éditions Sortez La Chienne, p. 17.
- 1989. « [Untitled : “Bazooka Gum Story”] » dans Wimmen’s Comix, 15, Phoebe Gloeckner et Angela Bocage éds. Auburn, CA : Rip Off Press, p. 12
- 1989. « A Night / Dec 31 : Family Party » dans Heck ! Comic Art of the Late 1980’s, Bruce Hilvitz et Lloyd Dangle éds. Auburn, CA : Rip Off Press, pp. 60-61.
- 1989. « Heavy Flow ». Dans Weirdo, 26. San Francisco : Last Gasp Eco-Funnies pp. 45‑48.
- 1990. Peltex, 8 [lettre H]. Strasbourg : Model-Peltex.
- 1990. S2 L’Art ? 11. Formerie : S2 L’Art ?
- 1990. « Ma Tête Est Une Boîte / Sans Titre [La Fille Au Frigo] / The Magic Necklace » dans Weirdo, 27, San Francisco : Last Gasp, pp. 28‑29 et 42‑47.
- 1991. « Alcoholic Romance » dans Sortez La Chienne, 5, El Rotringo éd. Lille : Éditions Sortez La Chienne, p. 4
- 2001. Long Time Relationship. Montréal : Drawn & Quarterly.
- 2003. Avec Jean-François Jouanne, Chroniques de New York. Paris : Seuil.
- 2004. Journal, Paris : L’Association.
- 2005. J comme je. Paris : Seuil.
- 2005. Sophie Punt no. 11 - La création de l’univers (variations). Montréal : Atelier Graff.
- 2006. Elle-Humour. Brooklyn, NY ; Corte Madera, CA : Picture Box Inc. ; Gingko Press.
- 2007. À l’école de l’amour. Montreal : L’Oie de Cravan.
- 2008/2010. Avec Michel Gondry. My New New York Diary. Brooklyn, NY : Picture Box Inc. Film disponible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=D-vs5hZu744 en date du 12 novembre 2022.
- 2016. Carpet Sweeper Tales. Montréal : Drawn & Quarterly.
- 2018. Dirty Plotte : The Complete. Édité par Dan Nadel. 2 vol. Montreal : Drawn & Quarterly.
- 2021. Maxiplotte. Paris : L’Association.
- 2022. Time Zone J. Montréal : Drawn & Quarterly.
Le Pantalitaire
- 1996. Schnitte - Caricature of Love. Berlin : Reprodukt.
- 2007. Le Pantalitaire no. 1 - Ouvrage technique et pratique. Montréal : SuperStudio.
- 2007. Le Pantalitaire no. 2. Montréal : SuperStudio.
- 2007. Le Pantalitaire no. 3. Montréal : SuperStudio.
- 2007. Le Pantalitaire no. 4. Montréal : SuperStudio.
- 2007. Le Pantalitaire no. 5. Montréal : SuperStudio.
- 2011. Le révolution [1ère édition]. Montréal : Atelier Graff.
- 2012. 99-plus suicide projects [1ère édition]. Montréal : Atelier Graff.
- 2012. J’aime [1ère édition]. Montréal : Atelier Graff.
- 2012. rémi eurelec et les autres [1ère édition]. Montréal : Atelier Graff.
- 2013. Avec Anne-Françoise Jacques. Nouilles/Noodles Courts films d’animation/Short Animation Films.
- 2013. Un, deux, trois, je ne suis plus là. Collection Cigale no 1.
- 2013. Skizzenbuch (Carnet de croquis).
- 2013. 99-plus suicide projects [2e édition].
- 2013. Le révolution [2e édition].
- 2014. J’aime [2e édition]. Collection Cigale no 2.
- 2014. La mémoire se mange. Atelier Graff.
- 2014. Maquette du livre J’aime. Collection Cigale no 2.
- 2014. rémi eurelec et les autres [2e édition].
- 2014. The Adorable Little School of Art of Canada
- 2015. Sauve-qui-peut !
- 2015. Going Somewhere ?
- 2016. Dessins à main levée avec correcteur/Free-hand drawings with correciton fluid [2e édition].
- 2016. Kpsake. Collection Pilpatchurre no 2.
- 2017. Poirette no. 1.
- 2018. Poirette No. 3.
- 2018. Poirette No. 2.
- 2019. Sans Titre [Elasti-Chic].
Sources secondaires et ouvrages théoriques
- Atton, Chris. 2002. « What Use Is a Zine ? Identity-Building and Social Signification in Zine Culture » dans Alternative Media, London : Sage, pp. 54‑79.
- Duncombe, Stephen. 1997. Notes from Underground. Zines and the Politics of Alternative Culture. The Haymarket Series. London & New York : Verso.
- Gunderloy, Mike, éd. 1993. « Dirty Plotte #1-2 ». Factsheet Five, no 28 (octobre), p. 20.
- Juno, Andrea. 1997. « Julie Doucet » dans Dangerous Drawings. Interviews with comix & graphix artists, Andrea Juno éd. New York : Juno Books, pp. 54‑73.
- Legendre, Izabeau. 2022. La scène du zine de Montréal. Montréal : AURA éditions.
- L.L. de Mars. 2013. « En attente d’une théorie, mirages ». du9, janvier 2013. Disponible en ligne : https://www.du9.org/dossier/a-propos-de-lart-invisible-de-scott-mccloud/ en date du 12 novembre 2022.
- McGillis, Ian. 2018. « Montreal’s Julie Doucet Revolutionized Comics — Then She Walked Away ». Montreal Gazette, 14 décembre 2018, sect. Arts. Disponible en ligne : https://montrealgazette.com/entertainment/local-arts/montreals-julie-doucet-revolutionized-comics-then-she-walked-away en date du 12 novembre 2022
- Menu, Jean-Christophe. 2018. « Julie in France ». Dans Dirty Plotte : The Complete, vol. 2. Montreal : Drawn & Quarterly, pp. 36‑37.
- Mok, Annie. 2016. « “The Starting Point” : An Interview with Julie Doucet ». The Comics Journal, no 141 (avril). Disponible en ligne : https://www.tcj.com/the-starting-point-an-interview-with-julie-doucet/ en date du 12 novembre 2022.
- Moore, Anne Elizabeth. 2018. Sweet Little Cunt : The Graphic Work of Julie Doucet. Minneapolis : Uncivilized Books.
- Pagé, Geneviève. 2014. « L’art de conquérir le contrepublic. Les zines féministes, une voie/x subalterne et politique ? » Recherches Féministes 27 (2), pp. 191‑215.
- Pantalitaire (Le). sans date. « le pantalitaire » [Description du projet]. En ligne : https://lepantalitaire.bigcartel.com/le-pantalitaire en date du 12 novembre 2022.
- Piepmeier, Alison. 2009. Girl Zines. Making Media, Doing Feminism. New York & London : NYU Press.
- Rannou, Maël. 2017. « L’Égozine, l’intime ultime ». Dans Pas vu, pas pris, édité par Olivier Deloignon et Guillaume Dégé, 128‑35. Paris & Strasbourg : –zeug & Laboratoire de recherche de traits et d’esprit.
- Rannou, Maël, et Julie Doucet. 2022. « « j’ai trop besoin de toucher, de manipuler la matière, de remuer » - entretien », octobre 2022. En ligne : « j’ai trop besoin de toucher, de manipuler la matière, de remuer » - entretien en date du 12 novembre 2022.
- Tinker, Emma. 2008. « From Riot Grrrl to Fine Artist : Transformation in the Work of Julie Doucet ». Dans Identity and Form in Alternative Comics, 1967 – 2007, [these de doctorat]. University College London, pp. 136‑73.
- Traps, Yevgeniya. 2022. « It’s Julie Doucet’s World ». The New York Times, 15 avril 2022, sect. Arts. Disponible en ligne : https://www.nytimes.com/2022/04/15/arts/design/julie-doucet-time-zone-j.html en date du 12 novembre 2022.
[1] Deux exemples. Un article paru à l’occasion de la publication de l’anthologie Dirty Plotte : The Complete chez Drawn & Quarterly, titrait “Montreal’s Julie Doucet revolutionized comics—then she walked away” (McGillis, 2018). À l’occasion de son grand retour au médium en 2022, cette fois, un article du New York Times sous-titrait « After a two-decade break, the comic artist returns […] » (Traps, 2022).
[2] Dirty Plotte : The Complete, publié par Drawn & Quarterly en 2018 ; Maxiplotte, publié par L’Association en 2021. Les deux anthologies contiennent des planches n’ayant jamais été publiées dans Dirty plotte, tant dans sa mouture fanzine que dans le comic book. The Complete, par exemple, reproduit l’entièreté de L’Affaire madame Paul, un feuilleton d’abord publié dans l’hebdomadaire montréalais Ici (mars à novembre 1999), avant d’être republié, en 2000, par L’Oie de Cravan et Drawn & Quarterly à Montréal, puis L’Association en France.
[3] “Of course yes I’ve done plenty of it, but I think autobiography—it’s sort of a mental illness. (Mok laughs.) Yeah, in a way ! You can do it for a while, but you have to move on to something else” (Mok & Doucet, 2016, ma traduction)
[4] “emphasis on the personal is not limited to perzines ; it is a central ethic of all zines” ; ma traduction (Duncombe, 1997 : 26)
[5] “The visual aesthetic of zines can cover a wide spectrum […] but most zines do offer evidence of the creator’s hand” ; ma traduction. (Piepmeier, 2009 : 221)
[6] On peut d’ailleurs la suivre à L’Atelier Graff entre novembre 2002 et novembre 2003 dans son Journal (2004), période pendant laquelle elle publie notamment la série de fanzines Sophie Punt, au cœur de sa production « post bande dessinée ». L’Atelier Graff, situé à Montréal, est l’un des plus vieux centres d’artistes autogérés du Canada. Doucet en devient membre peu après son retour à Montréal de Berlin, à la fin des années 1990.
[7] Voir cet exemple, souvent cité :
« Bien sûr que je suis féministe, même si ça peut vouloir dire plusieurs chose. Je dirais “oui”, par mon travail. Et ma position sur la question est de ne laisser personne m’empêcher de faire ce que je veux. Il faut être soi-même et faire ce qu’on veut, peu importe ce que c’est. Mais je ne suis pas vraiment une féministe dans le sens d’écrire sur le sujet, et d’essayer de convertir les autres, en leur disant « tu devrais penser comme ci ou comme ça, bla bla bla ». Essayer de convaincre les gens en les martelant avec ses idées, ce n’est pas bon du tout. » [[Of course I’m a feminist, even though that can mean so many things. I would say ‘yes,’ because of what I do. And my own position is to not let anybody forbid me to do what I want. You have to be yourself and do whatever you want to do. But I’m not really a feminist in the sense that I’m not going to write about it and try to convert people, saying, “You should think this way or that way, blah, blah, blah.” Trying to make people think your way by banging on their heads with a hammer is no good] (Juno & Doucet, 1997 : 73, ma traduction)
[8] Anne Elizabeth Moore (2018), note à cet effet que Doucet met en scène dans son Journal (2004) des formes de solidarités féminines qui étaient absentes de Dirty plotte. Le raffinement de ses positions ne rend pas son travail explicitement militant pour autant, et les fanzines du Pantalitaire restent sur ce point assez proches de ceux de la série Dirty plotte.
[9] On peut citer en exemple L.L. de Mars, pour qui la bande dessinée peut s’étendre bien au-delà de ses manifestations les plus attendues. On peut lire, en creux, cette définition à la fois plus large et plus sensible aux spécificités du médium dans sa critique de L’Art invisible de Scott McCloud (L.L. de Mars, 2013). Mon propos ici est surtout de mettre de l’avant le fanzinat comme garant de la continuité dans l’œuvre de Doucet. Suivant une définition de ce type cependant, une grande part du travail « post bande dessinée » de Doucet pourrait y être réintégrée, ce qui serait une approche également intéressante.
[10] Les États-Unis et le Canada font partie des rares pays à ne pas suivre le standard ISO pour les formats de papier. Le format A5 est donc ici une approximation, correspondant à l’équivalent du A4 (format « lettre »), plié en deux sur la longueur.