Kouakou, Calao, Carambole

À l’occasion des Rencontres Internationales de la bande dessinée, consacrées à la francophonie, la bibliothèque patrimoniale de la Cité vous propose de découvrir ou redécouvrir des revues destinées à favoriser l’usage de la langue française en Afrique dans les années 1960 à 2000 : Kouakou, Calao et Carambole.

Publiées par la SEGEDO (Société d’Édition Générale et de Documentation) entre 1966 et 1997, les revues Kouakou, Calao et Carambole étaient fabriquées en France puis diffusées via les alliances et centres culturels français dans toute l’Afrique. Destinées à des publics jeunes, ces revues avaient pour objectif d’inciter les enfants à lire et de servir de support pédagogique dans les écoles.

© SEGEDO

Kouakou, qui parut entre 1966 et 1997 en 187 numéros s’adressait aux enfants jusqu’à 12 ans. Les aventures du héros éponyme, Kouakou, petit garçon malicieux passionnèrent des générations de gamins. Les histoires se déroulaient en récits complets et chaque numéro pouvait être lu indépendamment des précédents, palliant ainsi les difficultés de distribution de la presse en Afrique à cette époque.

Le sommaire comprenait outre les aventures de Kouakou, des nouvelles de l’Afrique, des conseils santé, des contes illustrés envoyés par les lecteurs, des jeux et des articles thématiques sur le sport, l’environnement ou la francophonie.

Le tirage de Kouakou a atteint près de 300 000 exemplaires, 6 numéros par an, diffusés dans plus d’une quarantaine de pays. La revue était lue par près de 30 millions de lecteurs, chaque exemplaire circulant en moyenne auprès de 15 lecteurs au gré des prêts ou de la location.

Calao, publiée de 1974 à 1994 (120 numéros), prenait le relais de Kouakou auprès des adolescents et des jeunes adultes. 

Tandis que Carambole était diffusée de 1977 à 1993 (77 numéros) à l’Ile Maurice et dans l’Océan Indien. Carambole, destinée aux enfants à partir de 8 ans, était à l’origine une initiative qui devait être reprise par une maison d'édition locale.

Certaines histoires publiées dans Kouakou furent reprises en albums thématiques : les sports, les contes, l’environnement.

De nombreux auteurs majoritairement d’origine européenne furent publiés dans ces revues : Morchoisne, Lob, Bernard Dufossé, Serge Saint-Michel…

Les éditions Segedo tenaient également à disposition des journaux publiés en Afrique un catalogue de planches et histoires qu’ils prêtaient volontiers à ces publications.

Ces revues entièrement éditées en France eurent pendant longtemps un impact culturel non négligeable sur les lecteurs des pays africains dans lesquels elles étaient diffusées, exerçant une influence linguistique même après la décolonisation. En quelque sorte, une forme de soft power à la française avant l'heure.

En décembre 2020, Mme Christine Rostini a fait don à la Cité de la bande dessinée d’une collection complète des publications des éditions Segedo, Kouakou, Calao et Carambole, contribuant ainsi à enrichir le patrimoine de la bande dessinée conservé à la Cité. Ce patrimoine et ces collections documentent l’histoire de la bande dessinée en Afrique, la diffusion de la bande dessinée francophone et son influence sur les auteurs africains d’aujourd’hui.