Éditions FLBLB - Un labo de roman-photo
Quoi ?! Une expo roman-photo à la Cité de la BD ?! Mais la BD, c’est des dessins, ça n’a rien à voir !? On pourrait le penser : on aurait tort.
Le roman-photo est un moyen d’expression méconnu. On a l’image de vieilles revues remplies d’histoires à l’eau de rose, avec des rouges à lèvres trop rouges et des mecs sûrs d’eux en costard d’un autre temps. C’est la forme la plus connue du roman-photo, celle qui a rencontré le grand public dans les années 1960 et qui possède encore un magazine dédié.
Extrait de Un petit doute en septembre, Ype Driessen, Éditions FLBLB
Mais au fil du temps, des pionnières aventureuses et de courageux francs-tireurs ont tenté de faire autre chose avec ce formidable moyen d’expression, à la croisée du cinéma, du théâtre, de la photo et de la bande dessinée. Ah vous voyez : « de la bande dessinée » ! Donc rien de surprenant à trouver ici cette exposition ! C’est vrai qu’elle ne détonnerait pas non plus à la Cinémathèque, ni au Palais des Papes, encore moins aux Rencontres de la photographie. Elle ira, un de ces quatre, c’est certain. Le roman-photo est un art qui prend le temps.
Aujourd’hui, la Cité de la bande dessinée est fière de vous présenter les romans-photos d’une maison au nom imprononçable, les éditions FLBLB, (« fle-be-leb », le bruit que ça fait quand on tire la langue !). Depuis 20 ans, elles emmènent ce moyen d’expression dans des endroits où la main de l’homme n’a jamais mis le pied : anticipation, autobiographie, conte onirique, documentaire, récit historique et même comédie familiale !
Pourquoi Labo de roman-photo ? Parce que le roman-photo est le lieu par excellence où l’on bricole, où l’on tâtonne, où l’on chatouille et où l’on grattouille. Suivez Nicole Augereau, Julie Chapallaz, Xavier Courteix, Grégory Jarry, Amélie Laval, Benoit Vidal, Lisa Lugrin et Clément Xavier depuis le scénario jusqu’à la publication du livre, en passant par les décors, le choix des acteurs, la mise en scène, l’écriture des dialogues et la mise en page. Il y aura même des dispositifs inventés pour l’occasion, où vous serez amené·e à prendre vous-même les photos. Et on espère bien que vous ressortirez galvanisé, avec la ferme intention de faire vos propres romans-photos, chez vous, dans votre garage.
Ou dans votre cuisine, si vous n’avez pas de garage.
Les dispositifs
L’exposition proposera au public d’entrer en scène à son tour, à plusieurs reprises, dans des dispositifs participatifs lui permettant d’accomplir les prémisses d’un roman-photo : se mettre en scène, jouer la comédie, photographier et se faire photographier dans divers décors issus des œuvres présentées.
- L’avion
Une reproduction grand format de l’avion en papier qui permet à Ype Driessen dans Un petit doute en septembre de matérialiser sa phobie de ce moyen de transport – et de toute aventure en général. Par les hublots, on voit la tête d’Ype Driessen passant par toutes les émotions. Trois hublot vides permettent au spectateur de prendre la pose avec lui.
- C’est plat mais c’est joli
Dans C’est plat mais quand même c’est joli, Xavier Courteix suit l’alpiniste et artiste Aster Verrier dans son expérimentation de l’escalade à plat. Des prises d’escalade incrustées sur un photo de falaise permettront au public de faire une ascension verticale spectaculaire alors qu’il a juste les pieds bêtement posés au sol.
- La cabane de l’ours
Le public est amené à jeter un œil dans la cabane de l’ours dendrochronologue, personnage imaginé par Julie Chapallaz dans La déflagration des buissons. Et à se faire photographier avec lui en tant qu’invité dans sa modeste demeure.
- Moi à Paris
Comme Joséphine, la grand-mère de Benoit Vidal dans Pauline à Paris, posez à côté de la tour Eiffel pour nous raconter vos meilleures anecdotes.
- La bagarre
Le classique de la scène de castagne : faites face à Ky Duyen, championne de viet vodao, et à Marianne la médiatrice de la république, l’incarnation du pouvoir résiliant qui parfois pète un cable, sans risquer grand-chose mais en prenant la pose.
Commissaires
Grégory Jarry
Grégory Jarry est auteur et éditeur de bande dessinée au sein des éditions FLBLB (prononcer « flebeleb »), qu’il a co-fondé en 2002 avec Thomas Dupuis (Otto T.). Les éditions FLBLB publient bandes dessinées, romans-photos et flip-books, dans des livres en prise directe avec le monde contemporain et où l’humour et la dérision tiennent une place importante. En tant qu’auteur, il a publié une trentaine de livres, dont plus des deux tiers aux éditions FLBLB, notamment une Petite histoire des colonies françaises en 5 tomes, dessinée par Otto T. Auteur de romans-photos, il considère ce medium comme une vaste terre en friche, à la croisée du cinéma, de la littérature et de la bande dessinée, où tout reste à faire, et d’où la prochaine avant-garde pourrait bien surgir !
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Michaël Phelippeau
Partie prenante de l’aventure Flblb depuis les débuts, en 1995, Michaël Phelippeau a publié des romans photos dans les premiers numéros du fanzine puis de la revue FLBLB. Il est aujourd’hui membre du comité de lecture et accompagne certains projets au cours du processus d’édition. Diplômé de la Femis, il est aussi monteur de films de fiction et de documentaires, pour la télévision et le cinéma.
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Nicole Augereau
Nicole Augereau est actrice de romans-photo, autrice de bandes dessinées et de romans-photos. Elle a publié Quand viennent les bêtes sauvages, biographie du chanteur haïtien Manno Charlemagne (prix spécial du jury Artemisia en 2017). Elle a co-scénarisé avec Grégory Jarry les trois tomes des Voyages en Egypte et en Nubie de Giambattista Belzoni (prix Château-Cheverny de la BD historique 2020) ainsi que Vent Debout, aux éditions Delcourt, tous dessinés par Lucie Castel. Sans oublier des romans-photos dans la presse (Géo Ado, Oblik), ou aux éditions FLBLB.
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