Don au Musée de la bande dessinée : le fonds Annie Goetzinger
Plus de 4000 planches originales d'une des autrices incontournables de la bande dessinée rejoignent la collection du Musée de la bande dessinée
Repérée par Jacques Lob à sa sortie de l’École des Arts Appliqués où elle a étudié le dessin sous la houlette du dessinateur Georges Pichard de 1967 à 1971, Annie Goetzinger (1951-2017) est immédiatement publiée, d’abord dans l’hebdomadaire Lisette, destiné aux filles de 7 à 15 ans, où paraissent les planches de Fleur, puis dans l’hebdomadaire Pilote pour lequel elle créera plusieurs nouvelles et histoires courtes entre 1972 et 1974. À partir de 1974, elle publiera également dans L’Écho des savanes, Circus Circus, Fluide glacial, À suivre…, Bodoï, Vaillant/Pif.
Son premier album, Casque d’Or, l’impose dans le monde de la bande dessinée et lui vaut d’être primée au Festival de la bande dessinée d’Angoulême en 1977.
Son goût pour les arts décoratifs et le dessin de mode est un trait marquant de son dessin, dans lequel la profusion des décors et l’élégance des costumes et des corps exhaussent l’intensité érotique et dramatique de ses récits. Collaborant avec des scénaristes réputés dont Jacques Lob, François Truchaud, François Parisi, Jean-Pierre Dionnet et surtout Pierre Christin, elle déroule des récits féministes, inspirés par la littérature mais aussi par l’observation de la société, qui lui permettent d’évoquer des figures d’héroïnes en proie aux difficultés de l’émancipation dans une société paternaliste.
Désireuse de préserver l’intégrité de son œuvre, Annie Goetzinger, avec l’accord de sa famille et l’aide de l’éditeur Dargaud, a légué la quasi-totalité de celle-ci à une collection publique. C’est ainsi que la Cité est entrée en possession d’un corpus impressionnant de 4000 pièces couvrant plus de 49 titres de sa création entre 1976 et 2017, dont 1411 planches originales et 1884 illustrations ainsi qu’un grand nombre de mises en couleur, crayonnés, dessins publicitaires et dessins de jeunesse, auxquels s’ajoutent des sérigraphies, découpages, carnets et quelques planches d’auteurs dont elle était proche.
Ce fonds permet de mettre en lumière le parcours d’une des grandes autrices de l’histoire de la bande dessinée, appartenant à la génération pionnière du féminisme, aux côtés de Claire Bretécher, Florence Cestac ou Chantal Montellier.